Echec des négociations sur la pénibilité
Le monstrueux cynisme patronal
vendredi 18 juillet 2008, par Olivier Bonnet
"Il n’y a pas de corrélation directe entre l’espérance de vie et la pénibilité", déclarait le 23 janvier 2008 François-Xavier Clédat, PDG de Spie Batignolles et chef de file de la délégation patronale pour les négociations entre les "partenaires sociaux" sur la pénibilité du travail. Même Xavier Bertrand, le ministre en charge de cette question, s’est offusqué : "Je dois vous dire que j’ai été choqué par ce qui s’est passé la semaine dernière et les déclarations lors d’une réunion entre patronat et syndicats, où visiblement du côté d’un responsable patronal, on remettait en cause le lien entre la pénibilité et l’espérance de vie". Si bien que Clédat faisait timidement machine arrière lors de la réunion suivante : "Nous reconnaissons que la pénibilité a un impact sur certains salariés et nous avons proposé un dispositif pour en tenir compte". Mais le dispositif en question est si restrictif qu’il tient de la pure provocation : "un passage à mi-temps ou l’exercice d’une mission de tutorat au sein de son entreprise", complété par "une allocation spécifique à la charge de la solidarité nationale" et réservé aux "ouvriers et employés d’exécution" de 58 ans. Il faudrait aussi qu’ils aient travaillé 40 ans, dont la majeure partie soumis à un facteur de pénibilité, et même à trois facteurs pendant au moins dix ans. Pour mémoire, ceux-ci sont le travail de nuit, répétitif, exposé au bruit intense ou aux vibrations, le port de charges lourdes et la manipulation de produits toxiques. Et comme si cela ne suffisait pas à exclure assez de salariés, le dispositif sera limité à 10 000 salariés par an - de mieux en mieux, des quotas maintenant, c’est une manie en Sarkozie ! - et ne sera accordé qu’après un examen médical personnalisé et l’avis d’une commission qui devront décider s’ "il faut alléger la charge de travail" de ces salariés. "Ils considèrent qu’il faut qu’un médecin examine la personne et lui dise : "ben, vous avez 57 ans, mais votre corps, il a 65 ou 70 ans, et mon pauvre, vous avez peu d’espérance de vie..." Or, les cancers générés par la pénibilité, les problèmes cardiovasculaires ne sont pas liés à l’état de santé de la personne à un instant T", s’est insurgé Jean-Louis Malys (CFDT). "Est-ce qu’ils nous proposent de mourir à temps partiel dans les entreprises ?", a surenchéri Michèle Biaggi (FO).
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