un film à conseiller

Pour lancer le topic, je conseille à tous d'aller jeter un oeil à "La Vie des Autres" si vous ne l'avez pas encore vu. C'est un film allemand sur la Stasi, la police politique est-allemande qui est tout en retenu et en émotion. c'est assez magistral.

écoutez votre admin... et allez-y!

"Le cauchemar de Darwin", il donne bien à réfléchir aussi celui là

Juan59 a écrit:

"Le cauchemar de Darwin", il donne bien à réfléchir aussi celui là

j'ai été paradoxalement déçu par le cauchemar de darwin: bcp d'émotion et de sentiments mais pas beaucoup de démonstration, d'argument, de raison. c'etait bien mais je m'attendais à mieux.

dans le genre qui fait bien réfléchir : une Vérité qui dérange


et j'aimerai beaucoup voir "we feed the world"

Sur le Darfour, ces reportages par George Clooney et son père (journaliste) ont terrifié l'Amérique (ce qui a justifié que les Etats-Unis soit parmi les premiers pays à déclarer la catastrophe un génocide - pour une fois!)

http://www.clooneystudio.com/video/darfur.html (vidéo en anglais)

Chercher: George Clooney and Nick Clooney's video in Darfur, April 2006 en trois parties.

Ca fait un an déjà

Admin a écrit:

Juan59 a écrit:

"Le cauchemar de Darwin", il donne bien à réfléchir aussi celui là

j'ai été paradoxalement déçu par le cauchemar de darwin: bcp d'émotion et de sentiments mais pas beaucoup de démonstration, d'argument, de raison. c'etait bien mais je m'attendais à mieux.

Cauchemar de Darwin : un assemblage subjectifs d'images qui n'a qu'un but : démontrer la thèse de l'auteur malgré des erreurs incroyables (notamment la vision qu'il donne de Mwanza, le fait que la production de perche soit uniquement destinée à l'exportation ce qui est faux (36% pour l'export) alors que c'est sur quoi il fonde son film etc.), des parties entières non-traitées afin que ça corresponde bien avec les cichés occidentaux, des informaitons non étayées et non-argumentées. On est malheureusement bien loin du documentaire et plus proche du roman de fiction. Dommage, c'est un sujet qui méritait mieux...

Sinon
+1 pour Das Leben Den Anderen (oui je fais cuistre) dont je me demandais s'il allait finalement sortir dans les salles françaises (il aura fallu près d'un an!).
+1 pour les vidéos de Clooney (et d'ailleurs +1 pour lui et les autres acteurs d'Ocean Thirteen qui ont décroché plus de 9 milliards pour le Darfour).

Pour une Vérité qui dérange c'est un film que j'aimerais bien voir... Faudrais que je trouve le temps :o

Sinon je conseille à tous ceux qui l'ont pas vu Hotel Rwanda (malgré les polémiques qui l'entoure) : on n'en sort pas indemne.

Ah oui du très grand film Hotel Rwanda (pas pour les excessivement sensibles et idéalistes; pour ceux-là, il faut revoir Cry Freedom sur l'apartheid)

Et cet hallucinant "Jésus Camp", documentaire tourné de l'intérieur sur l'endoctrinement des tous jeunes (entre 6 et 12 ans!) par des cadres des églises évangélistes aux U.S :
TERRIFIANT !

vous ne parlez que de films très sérieux, je me propose donc d'ajouter un soupçon de légèreté dans ce topic. car après tout, le cinéma c'est aussi fait pour se divertir.

je vais donc vous parler du Festin Chinois.

c'est un film de Tsui Hark, maître du cinéma d'action de Hong kong.

Avec: Leslie Chung (Adieu ma concubine, Histoire de fantômes chinois), Chiu Man Cheuk (the Blade, il était une fois en Chine...).

Au départ de l'histoire, Sun, une petite frappe, décide de rompre avec la tradition familiale qui le destine à devenir un caïd de la pègre. il tente de se faire passer pour un grand cuisinier, dans le but de pouvoir émigrer au Canada. Il intègre à la suite d'un quiproquo, l'équipe d'un des restos les plus en vue de la ville et devient le larbin du patron et le chouchou de sa fille excentrique. Mais le restaurant attire la convoitise d'un grand groupe agro alimentaire représenté par un chef qui met au défi le patron de Sun, de réaliser le Festin Impérial, summum de la gastronomie de l'Empire du Milieu...

Tsui Hark se joue des codes des films d'arts martiaux dont il est un des maîtres et du film de mafieux, et présente le premier film de Kung food dans lequel on retrouve pêle mêle: des scènes de cuisines ébourifantes (vous ne verrez plus jamais des nouilles sautées au boeuf ou un porc aigre douce du même oeil), les relations entre maître et élève, l'apprentissage de la cuisine comme un art martial, des histoires d'amour contrariées, des situations burlesques...

on peut reprocher au film une construction qui paraît un poil décousue, un flashback en chanson au milieu du film dans la version director's cut (inutile), mais l'ensemble vaut le coup d'oeil. une bonne comédie made in Hong Kong, sans grande prétention mais plutôt drôle (pour peu que vous soyez sensibles à l'humour chinois...)

moi je sors de "les chansons d'amour" qui est un peu long pour un clip musical. c'est un joli film sur rien, avec une jolie musique, des acteurs jolis, un paris joli, et pas grand chose d'autre.... on peut aussi se moquer des bobos parisiens du 15e, ou en tout cas s'émerveiller de l'étroitesse du public visé (même s'il contient visiblement tous les journalistes de cannes). Un film sur le 15e qui va faire 80% de son audience à Paris intra-muros....
sympathique mais sans intérêt...

Transpotting et Requiem for a Dream, 2 grands films sur les drogues qui devraient selon moi être montrés dans les collèges. Las Vegas Parano est génial, mais il demande plus de maturité pour être visionné.


Pour les films plus léger :
On m'a prété Plaga Zombie Zona Mutante.
Je me suis bien
marré, très bon film de zombies complétement fendard. Réalisation
clipesque par moment avec de grands moments de franche rigolade. Si
vous avez l'occasion de le trouver (attention, il est dur à trouver),
foncez dessus.

http://www.devildead.com/critique.php3?FilmID=1023

Âmes sensibles s'abstenir.

Citation :

Nouveau phénomène du cinéma underground, Snuff 102, de l’argentin Mariano Peralta, a fait sensation lors de sa première au festival international de «Cine de Mar del Plata» (festival en Argentine) où il a fait s’évanouir une partie des spectateurs présents, doutant de la véracité des images. Vous reprendrez bien un peu d’horreur ?

On a trouvé plus malsain que les August Underground avec ce film qui s’annonce radical et extrême dans sa représentation de la violence. Dans une pièce vide, trois femmes sont cruellement torturées. A un autre endroit, à un autre moment, une femme questionne un critique de cinéma sur la violence des images et leur signification. En entremêlant ces deux histoires, le réalisateur amène à douter sur ce que nous voyons et les rassemble de manière très étrange. L’idée a germé dans l’esprit du réalisateur alors qu’il patientait sagement dans la salle d’attente d’un hôpital en réalisant que tous les gens autour de lui étaient considérés comme du bétail à attendre qu’on vienne s’occuper d’eux.


Le film qui cherche à retranscrire un climat d’extrême violence à partir d’éléments simples et un budget rikiki, semble désireux de se faire connaître via internet à travers une bande-annonce énigmatique, un site officiel, une page Myspace provocante et le blog officiel du réalisateur. Feu de paille fomenté par un jeune immature ou vrai film d’horreur toxique sang-pour-sang malsain ? Impossible de savoir. Mais, vu le buzz naissant (on murmure déjà les pires atrocités visibles dans l’objet), il y a de fortes chances pour qu’on se rende compte du phénomène par soi-même assez vite.

http://www.dvdrama.com/news.php?19947

Attention ce film promet une violence insoutenable.

J'étais personnellement contre l'interdiction au moins de 18 ans de Saw 3 (une interdiction aux moins de 16 ans suivis d'une sensibilisation à la violence des images auraient suffi) ; par contre, pour le film annoncé dans ce post, une interdiction aux moins de 18 ans est plus que nécessaire, mais pas une interdiction d'exploitation en salles. J'espère qu'il aura les honneurs d'une sortie en salles, mais je ne sais pas si je tiendrai pendant les 85 min du métrage (déjà que j'ai eu du mal à tenir jusqu'à la fin d'Ilsa La Louve des SS).

Même pas une petite allusion à Orange Mécanique SangJun ?!

J'ai beaucoup aimé "la vie des autres" le film allemand qui ne devrait pas tarder à sortir en DVD ?!

parcdesprinces a écrit:

Même pas une petite allusion à Orange Mécanique SangJun ?!

J'ai beaucoup aimé "la vie des autres" le film allemand qui ne devrait pas tarder à sortir en DVD ?!

Euh ... j'ai la flemme

Réalisé par: [url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Joe Dante]Joe Dante[/url]

Genre: epouvante

Pays: USA

Durée: 60 min

Sortie France: 05 Décembre 2006

Scénario: [url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Sam Hamm]Sam Hamm, [/url][url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Dale Bailey]Dale Bailey[/url]

Interprètes: [url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Emy Aneke]Emy Aneke[/url], [url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Dexter Bell]Dexter Bell[/url], [url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Beverley Breuer]Beverley Breuer[/url], [url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Sean Carey]Sean Carey[/url], [url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Robert Picardo]Robert Picardo[/url]

Musique: [url=http://www.horreur.net/fiche.php?nom=Hummie Mann]Hummie Mann[/url]

Cet épisode de Masters of Horror ne fait pas peur. Il part d'un principe très simple : les GIs morts en Irak reviennent à la vie ... pour voter.
Joe Dante (Gremlins 1 et 2, Piranhas, L'Aventure intérieure, Small Soldiers, Loney Tunes, ...) en profite pour régler ses comptes avec l'administration Bush.

passpoil a écrit:

Et cet hallucinant "Jésus Camp", documentaire tourné de l'intérieur sur l'endoctrinement des tous jeunes (entre 6 et 12 ans!) par des cadres des églises évangélistes aux U.S :
TERRIFIANT !

aaaaahh ouiiii celui là aussi . J'ai eu une très très intéressante discussion sur ce film avec un instit , il m'a bien donné envie de le voir.


pour les films, je suis toujours en décalage, pour cause de difficulté à organiser un babysitting (et pour le budget aussi) ...je profite souvent des sorties DVD plutôt qu'en salle. .... donc en film "divertissement" j'en suis encore à Casino Royal moi

Je vous conseille vivement de voir "La Vie des Autres", un film très profond et émouvant pdt la RDA.
Comme film documentaire allez-voir "we feed the world", et "jesus camp" ce sont des films très impressionnant à voir sur le monde d'aujourd'hui.
Autres très bon films récent "Irina Palm", le docu sur Vergès "l'avocat de la terreur"
voili qqs info

Le niveau zéro de la critique : http://monique.pantel.free.fr/Critiques.htm (pire que Télérama)

je sors de "Persépolis", bande dessinée transformée en film d'animation N&B très réussi. Ca donne pas un espoir dingue mais c'est très bien fait et ça fait réflechir sur la notion de progrès de l'homme...

Citation :

Darcos à 2 doigts de censurer "4 mois, 3 semaines..." à l'école


Par Pascal Riché (Rue89) 20H14 07/07/2007
Quel
pataquès! Après avoir bloqué l'édition, pour les collèges et lycées,
d'un DVD portant sur "4 mois, 3 semaines, 2 jours" (Palme d'or à
Cannes), le gouvernement semble faire machine arrière, par crainte du
ridicule.
La raison de cet embrouillamini? Officiellement, la "dureté" du
film. Officieusement, la pression des organisations anti-avortement.
Lors du festival de Cannes, à la veille de la remise de la Palme
d'or, le "jury de l'Education nationale", présidé par la comédienne
Bernadette Lafont, décerna son prix à ce film, qui évoque les
avortements clandestins dans la Roumanie de Ceausescu.
Selon les textes officiels, le ministère doit signaler le film ainsi
primé "aux enseignants et aux élèves" et il doit l'accompagner
"d'outils pédagogiques, dont un DVD".
Ce fut le cas, les années précédentes, de "Elephant", "La Vie est un
miracle", "Cinéma, aspirines et vautours" et "Marie-Antoinette". Mais
cette année, le ministère a coincé. En témoigne cette lettre du 2 juillet
signée par le directeur de cabinet de Xavier Darcos, Philippe Court:
<blockquote> "Cependant, après avoir constaté en personne la dureté délibérée de '4 mois, 3 semaines et 2 jours'sur
un sujet touchant à l'intime et en vertu du principe de précaution, il
n'apparaît pas souhaitable que ce film fasse l'objet d'un DVD produit
et diffusé dans les classes." </blockquote>
Patrice Roturier, prof à l'université de Rennes 2 et membre du jury, s'est offusqué contre
cet "acte de censure télécommandé par les plus hauts responsables de
l'Etat en général et madame la ministre Boutin en particulier."
Pourquoi accuse-t-il Boutin, la très chrétienne ministre du Logement
et de la Ville? Parce qu'il a trouvé trace, sous la plume de Ghislain
Gomart, un proche de celle-ci, d'arguments visant le film qui vont bien
au-delà de la "dureté". Bizarrement, le texte de Gomart a disparu, mais
on en trouve trace grâce à Google.
Gomart se dit "préoccupé d'apprendre que le film a reçu "la
reconnaissance de l’Education nationale pour son caractère
pédagogique":
<blockquote>"En quoi un film qui met en scène une femme désespérée
et prête à tout pour supprimer l’enfant qu’elle porte peut-il être un
film pédagogique? (...) Comment l'Education nationale compte-t-elle
gérer les traumatismes psychologiques qu'un tel film ne manquera pas de
générer chez certains élèves? Comment peut-elle justifier de faire d'un
tel film un 'instrument pédagogique'?".
</blockquote>
A noter que Gomart n'a pas vu le film de Christian Mungiu quand il
écrit ces lignes, et qu'il explique qu'il "n'a pas en tête d'aller le
voir"...
Vendredi, la Société des réalisateurs de films (SRF) a dénoncé des
"pressions d'associations anti-avortement". Face à la fronde naissante,
le ministre de l'Education, Xavier Darcos, a décidé samedi de
"suspendre" sa décision de ne pas faire éditer les DVD.
ll doit rencontrer "dès le début de la semaine" la SRF ainsi que des
membres du jury du Prix de l'Education. Il compte enfin demander l'avis
de la Commission nationale de classification et il prendra sa décision
à l'issue de ces consultations.

Source : http://rue89.com/2007/07/07/pataques-du-gouvernement-concernant-la-la-palme-dor

La fameuse lettre :

SangJun a écrit:

Le niveau zéro de la critique : http://monique.pantel.free.fr/Critiques.htm (pire que Télérama)

Je suis juste allé voir les "Revoltant" et contrairement à lui, je le trouve très bien La Saveur de la Pastèque ^^"

Je suis allé voir les "simpsons", franchement à aller voir pour l'humour décapant, et les tournures au 2ème degré.
J'ai préféré le film aux épisodes.
Bonne séance si vous y allez.

SICKO , de Michael MOORE
Vu en avant première ce vendredi ..
La vision sur l'état de la couverture sociale aux Etats Unis .. réaliste d'aprés une intervenante y ayant vécu , et son gendre médecin là-bas ..
" Il tranche au scalpel dans le système de santé américain"
Comparaison avec le Canada, Cuba, Grande Bretagne, la France ,..où, ma fois, on n'est pas si mal lotis!!

toujours SICKO article de Rue89

"Sicko", de Michael Moore, ou la maladie américaine
Par Romain Huret (Historien, EHESS) 15H50 04/09/2007

La finesse n’a jamais été le fort de Michael Moore. L’homme ne fait pas dans la dentelle. Et le film "Sicko" ne déroge pas à la règle. Ses détracteurs ont beau jeu de rappeler les approximations et la mauvaise foi manifeste de ses documentaires. Mais Moore s’en moque: c’est sa marque de fabrique.

Las de la tiédeur des journalistes américains, il a renoué avec le style des muckrakers, littéralement les "fouilleurs de merde", du surnom de ces journalistes qui dénoncaient à la fin du XIXe siècle le travail des enfants, la dureté de l’industrialisation et les abus des grandes entreprises. "Sicko" tranche toutefois avec cette ligne éditoriale habituelle. Car Moore ouvre par endroits une réflexion véritablement politique, et en rien caricaturale, sur le contrat social américain. Et c’est sans doute là qu’il devient le plus intéressant.

La peinture du système de santé donne un visage humain à de froides statistiques, connues des spécialistes des Etats-Unis: plus de quarante millions d’Américains ne possèdent pas d’assurance sociale. L’accession aux soins devient donc un drame quotidien pour les plus démunis. Comment le pays le plus riche du monde a-t-il pu en arriver là?, s’interroge Moore. La réponse est simple: tout au long du XXe siècle, de puissants lobbys, en particulier celui des médecins, l’American Medical Association, ont mené de virulentes campagnes contre toute proposition politique en ce sens.

Le président démocrate Harry Truman échoua en 1946, Hillary Clinton connut le même sort cinquante ans plus tard. A chaque fois, les combats ont été violents contre ce projet assimilé à un système digne de l’URSS! Le film rappelle à juste titre que l’acteur, et futur président, Ronald Reagan débuta sa carrière politique comme porte-parole de l’entreprise General Electric pour dénoncer les méfaits de cette médecine socialiste!

L’absence de système national de santé n’est pas le seul drame vécu par des millions d’Américains. Il y a pire, selon Michael Moore. Car les personnes qui possèdent une assurance ne sont pas pour autant sorties d’affaire. Le cas des retraités, bénéficiant du programme Medicare, créé pour eux en 1965, est exemplaire.

En 2003, le président George W. Bush Jr. réforme la loi sous couvert de "modernisation", selon l’intitulé officiel. La loi module le taux de remboursement en fonction du niveau de dépenses des ménages: l’assuré paiera désormais 75% du coût des médicaments jusqu’à 2250 dollars. Au-delà de cette somme, les assurés seront responsables de tous leurs frais pharmaceutiques pour une dépense annuelle totale d’un montant de 3600 dollars. Au-delà encore, 95% du coût des médicaments leur sera à nouveau remboursé. Avec humour, les Américains appellent cet entre-deux de non-remboursement le "trou du donut" ("donut hole") du nom de la célèbre pâtisserie nationale. Comme Michael Moore le déplore, ce "trou" est un formidable cadeau pour les compagnies d’assurance.

L’industrie pharmaceutique y trouve aussi son compte: la loi interdit l’importation de médicaments depuis le Canada, où ils sont meilleur marché. Si, pour les personnes âgées, les choses se compliquent donc, il en va de même pour ces Américains pauvres ou issus de la petite classe moyenne. Les compagnies d’assurance rechignent sans cesse à couvrir le coût du système de soins. Le film fourmille d’anecdotes effroyables qui racontent le déclassement de ces familles, dont les revenus ne leur permettent pas de faire face aux coûts faramineux des soins.

Rien de nouveau sous le soleil: depuis leur création, ces compagnies ont créé des tables de mortalité discriminantes pour repérer les mauvais clients. Pendant longtemps, elles ont ainsi fait payer davantage les Afro-Américains car leur espérance de vie était considérée comme plus faible en raison de critères biologiques tout à fait discutables. Sans intervention de l’Etat, les citoyens n’ont d’autre recours que le procès : la judiciarisation est la seule réponse à un système de santé dont la rentabilité à outrance est devenue la fonction même.

Cette dénonciation est aisée pour Michael Moore: il est en terrain connu tant sur le fond que sur le forme. Mais le documentaire atteint une dimension plus intéressante lorsque Moore s’interroge sur le sens même du contrat social américain. "Qui sommes-nous?", se demande-t-il. Comment expliquer l’effondrement des valeurs de solidarité et de fraternité dans le pays?

Accuser Moore d’être un pessimiste né serait réducteur. Tous les indicateurs sociaux vont dans le même sens: le pays n’a jamais été aussi inégalitaire. Depuis vingt ans, l’éducation américaine ne joue plus son rôle d’ascenseur social et renforce le capital culturel et social des élites. Si Bill Gates a raison de rappeler la corrélation entre la détention d’un diplôme d’études supérieures (master’s degree) et le niveau de réussite sociale, il est un fait que la scolarisation des étudiants pauvres est plus difficile aujourd’hui que dans les années 1960!

Sans surprise donc, les enfants issus des milieux défavorisés réduisent leur temps de scolarisation souvent à deux années. Pour financer leurs études, ils doivent travailler dans la restauration rapide et la grande distribution : l’entreprise Wal-Mart en emploie plusieurs milliers.

La méritocratie américaine est incontestablement en crise. Dans les 146 meilleurs universités du pays, qui représentent 10 % de l’ensemble des étudiants, 74% viennent des portions les plus riches de la société, alors que seulement 3% seulement viennent de mileux défavorisés. Dans les 253 universités de rang inférieur, les pourcentages sont respectivement de 46% et 7%. Seules les petites universités (community colleges) accueillent de façon significative les étudiants pauvres. Plus que jamais, le réseau familial joue un rôle décisif tout au long de la vie.

Lors de la rentrée universitaire à Yale en 2001, le président George W. Bush n’a pas hésité à faire l’éloge des étudiants d’un niveau moyen (C students), estimant qu’ils pouvaient tout à fait devenir président des Etats-Unis! C’est sans doute oublier un peu vite le rôle du capital social et économique qui a conduit le cadet des fils Bush à la Maison-Blanche pour succéder, avec quelques années d’écart, à son père.

Ce cynisme des élites et l’apathie de la classe moyenne, endettée jusqu’au cou, effraient Michael Moore. Au cours de l’une des scènes les plus émouvantes du film, il s’entretient avec un chef travailliste britannique, Tony Benn, aujourd’hui à la retraite. Avec enthousiasme, le vieil homme raconte la naissance du système de santé national au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en Grande-Bretagne. A l’origine de cet Etat-Providence, des idées simples: la solidarité entre les générations, la nécessaire redistribution entre les riches et les pauvres, l’Etat comme arbitre social. Sur une commode de Benn, une vieille tasse à café traine avec l’inscription: "Je suis un vieux travailliste (old Labour) et j’en suis fier"!

C’est la leçon du film pour Moore: l’Amérique, fière de sa modernité, ferait sans doute bien de s’inspirer des idées de la vieille Europe. Une leçon à méditer de part et d’autre de l’Atlantique.