Emission "Stop aux découverts"

marianne2 20/01

MÉDIAS
Trop cons, les pauvres !
Avec son émission Stop aux découverts, M6 renouvelle le mépris médiatique de la France d'en-bas.


Une astuce à laquelle les coachs de M6 n'ont pas (encore) pensé : l'écran plat des pauvres…
Imaginez que vous rentrez chez vous un lundi soir, si vidé intellectuellement que, comparé à vous, Cécilia Sarkozy c'est Simone de Beauvoir. Du coup vous zappez sur M6. A l'écran, un couple de français moyens sautent de joie sur une musique violoneuse tandis qu'un commentaire explique, en substance, que c'est la fin de leurs soucis d'argent, qu'une nouvelle vie commence pour eux. Et vous vous dites : « Ils ont gagné au loto ». Eh bien pas du tout : ils viennent simplement d'apprendre que leur dossier a été accepté en commission de surendettement. Bienvenue dans le monde féerique de « Stop aux découverts », la nouvelle émission de M6 qui, en plein débat sur le pouvoir d'achat, explique aux téléspectateurs que le problème des pauvres, ce n'est pas qu'ils manquent d'argent, c'est qu'ils refusent de se satisfaire de leur condition.

« Je ne veux plus rien voir dans la poubelle »
A l'appui de sa démonstration, la chaîne se penche sur le cas de trois familles « au bord du gouffre », nous dit-on avec une dramatisation toute M6ienne, qui se sont laissées « entraîner dans la spirale de l'endettement », où « le moindre faux pas se paie comptant ». Pour les aider, les producteurs de l'émission leur dépêchent donc un couple de coachs « spécialistes de la gestion des finances personnelles », Gilles et Marie-Paule. Pendant deux fois 52 minutes - M6 a diffusé deux épisodes à la suite -, ces deux-là vont tenter d'inculquer à leurs disciples les bases de la bonne gestion du panier de la ménagère. Entre deux coupures de pubs vantant les mérites de la nouvelle voiture familiale à payer en 12114 mensualités ou du dernier écran plat qu'il faut absolument posséder si on veut être quelqu'un, Gilles et Marie-Paule expliquent, en gros, que les épluchures de légumes c'est très bon. Les fruits blets aussi. « Je ne veux plus rien voir dans la poubelle », prévient Marie-Paule. Bien entendu, cela ne suffit pas. D'où l'idée de faire participer ces ménages surendettés à des brocantes, où ils vendent pour trois fois rien une bonne partie de tout ce qu'ils ont accumulé au prix des multiples crédits à la consommation qui les ont collés dans la mouise.

Plus que de la résignation
A ce stade, l'émission pourrait devenir intéressante. Les « familles au bord du gouffre » pourraient renâcler, dire à leurs coachs qu'il est hors de question de revendre 10 euros ce qu'elles n'ont même pas encore fini de payer 150 par la magie conjuguée de Cofinoga et de Cetelem. Elles pourraient se révolter contre cette logique injuste qui veut que, en fin de compte, les pauvres paient tout plus cher.
Au lieu de cela, à la fin du vide-grenier, c'est bien de joie que pleure tel couple parce qu'il a réussi à vendre sa voiture - « C'est tout ce qu'il nous reste », protestait encore le mari le matin même - tandis que tel autre exulte parce qu'il a récupéré cent quinze euros. A ce niveau-là, c'est plus que de la résignation. Avant, on disait « Salauds de pauvres ! ». M6 vient d'inventer les « crétins de pauvres ».


Lundi 21 Janvier 2008 - 00:03
Bénédicte Charles

Fil rebaptisé ArnaudH
Titre original: "Trop cons les pauvres!"

j'ai vu un épisode qui m'a mise mal à l'aise :

1 - j'ai été sidérée par l'incapacité des familles (au revenu moyen) à regarder en face leur situation.
les vrais pauvres savent à 1 € près où ils en sont.
2 - leur façon de se poser en victimes alors qu'ils avaient fait l'autruche
3 - la démagogie des coachs.
4 - c'est de la télé-réalité ; je ne regarderai plus cette émission, pas plus que je ne regarde star ac, kho lanta et autres.

Bienvenue dans le monde du vide sidéral mais bien réel de la télé-poubelle ! Quand je pense que c'est la source d'infos de beaucoup de mes élèves, je suis vraiment inquiète pour leur esprit critique, et par conséquent pour leur avenir ...

Je n'ai jamais vu l'émission. Mais pour cotoyer parfois des personnes en grande difficultés et qui peuvent faire appel à des oragnismes caritatifs, c'est vrai que les réactions sont parfois surprenantes. Il faut, parfois, réexpliquer ce qu'est le superflu et le nécessaire. Ou réapprendre à éplucher des patates qui coûtent quand même moins cher que des frites surgelées...C'est vrai que gérer le budget d'une famille, ce n'est pas toujours simple, et heureusement que des associations caritatives aident les familles en difficultés à se fixer des objectifs de recettes et dépenses...
Mais je m'éloigne du sujet. Entiérement d'accord pour dire que ce genre d'émission est souvent répugnante, ne serait-ce que par leur manque de pudeur...

s'agirait il de cette émission sur M6 dont j'ai vu la bande annonce il y a quelques semaines ?

On y voyait un couple dont le mari faisait son budget sur son ordinateur portable ... bon admettons que ce soit celui que sa boite met à sa disposition pour son travail...
Mais juste derrière, il y avait un énorme écran plat à plus de 1000€ !!
Faut peut être arrêter de déconner il me semble !


... juste un truc : moi j'aime bien Kho Lonta :-)

nitou86 a écrit:

Bienvenue dans le monde du vide sidéral mais bien réel de la télé-poubelle ! Quand je pense que c'est la source d'infos de beaucoup de mes élèves, je suis vraiment inquiète pour leur esprit critique, et par conséquent pour leur avenir ...

Je la ramène, juste pour confirmation de mes craintes : en classe avant-hier, j'ai eu l'occasion de parler (dans le cadre des artistes qui s'impliquent politiquement, comme U2 ou Coldplay) d'Amnesty International ; deux élèves m'ont dit :

1. "Ca M'dame, c'est pas du tout connu !"
   
2. "Et ils chantent quoi, du rock ou de la pop ?"
   

Dois-je me tirer une balle tout de suite ???

Si je n'avais pas peur d'apparaitre vieux jeu, je dirai que ce n'est pas vraiment étonnant quand on pratique le mélange des genres. Quand des musiciens ou des chanteurs veulent s'impliquer, pourquoi n'abandonnent-ils pas leur label pour reprendre leur identité de citoyen? On me dira que c'est pour faire bénéficier la bonne cause de leur célébrité, bien sûr, mais une vraiment bonne cause a-t-elle besoin de cela? Ou ces célébrités ne profitent-elle de l'aura de la bonne cause pour leur promotion? Toujours est-il que les enfants mélangent.

Vous en avez mis du temps pour comprendre
que M6 ne vaut pas mieux que TF1 !!!
Au moins, on peut réagir en zappant.

Mais quand michelounet druckerounet
ou mamie dumas, coiffure pétard et sourire alien,
continuent à lustrer les bottes du pseudo gotha,
ne rigolez pas :
Que vous regardiez ou pas,
VOUS payez la brosse, le cirage ET le cireur...

[quote="Alain BERTIER"]Quand des musiciens ou des chanteurs veulent s'impliquer, pourquoi n'abandonnent-ils pas leur label pour reprendre leur identité de citoyen?

OK Alain, mais tout de même, de là à penser que Amnesty International est un groupe de rock !!!

A 14 ans, dans un pays libre, on n'a aucune raison de s'intéresser à Amnesty. C'est ça l'enfance. Le premier militantisme vient à 16 ou 17 ans, c'est bien assez tôt.

Alain BERTIER a écrit:

A 14 ans, dans un pays libre, on n'a aucune raison de s'intéresser à Amnesty. C'est ça l'enfance. Le premier militantisme vient à 16 ou 17 ans, c'est bien assez tôt.

Séance Rétro:
Moi j'avais 14 ans, presque 15, lorsque j'ai été marqué (dans le bon sens) politiquement par un concert; c'était celui pour fêter les 70 ans de Mandela à Wembley (11 juin 1988) alors qu'il était encore emprisonné... Un grand moment!

http://en.wikipedia.org/wiki/Nelson_Mandela_70th_Birthday_Tribute

moi , j'avais 14,5 ans en 68,et je n'ai pas du tout compris les enjeux, j'ai bien rigolé, mais je n'étais pas informée, du moins j'avais d'autres priorités plus terre à terre...les copains,etc...bref, on ne peut pas demander à des ados de s'impliquer, ils doivent d'abord se construire, ensuite ils peuvent rêver "refaire le monde", quoique maintenant ça ne doit pas être facile...

Alain BERTIER a écrit:

A 14 ans, dans un pays libre, on n'a aucune raison de s'intéresser à Amnesty. C'est ça l'enfance. Le premier militantisme vient à 16 ou 17 ans, c'est bien assez tôt.

J'avais 13 ans que je connaissais Amnesty international !

marco11 a écrit:

Alain BERTIER a écrit:

A 14 ans, dans un pays libre, on n'a aucune raison de s'intéresser à Amnesty. C'est ça l'enfance. Le premier militantisme vient à 16 ou 17 ans, c'est bien assez tôt.

J'avais 13 ans que je connaissais Amnesty international !

Oui, mais les Bretons, c'est pas pareil!

C'est vrai toujours un peu rebelle !

Nelson Mandela utilise le même après-rasage que moi, le copieur ! (je 'ai vu dans un reportage sur lui)

Citation :

J'avais 13 ans que je connaissais Amnesty international !

idem pour moi et je crois que c'étais en cours d'éducation civique que j'en avait entendu parlé pour la première fois.

Ca existe encore les cours d'éducation civique ?

l'instruction civique est de la responsabilité de chaque enseignant je trouve: apprentissage à la vie commune, élection de délégués et guidage, remarques d'ordre général incontournables...

Mon éducation politique a en grande partie été assurée par ma professeur de sciences économiques (maintes anecdotes à raconter: elle n'avait pas froid aux yeux).

Et oui, il y a actuellement un cours d'instruction civique mais je manque de précisions.

gpart a écrit:

Citation :

J'avais 13 ans que je connaissais Amnesty international !

idem pour moi et je crois que c'étais en cours d'éducation civique que j'en avait entendu parlé pour la première fois.

Ca existe encore les cours d'éducation civique ?

Au collège, le professeur d'histoire-géo assure aussi le cours d'éducation civique (1h). Au lycée, il y a un cours appelé ECJS (enseignement civique juridique et social). En primaire, je ne sais pas.

Et à la maternelle ?

Marco, je te trouve très ambitieux : l'ECJS à la maternelle ? Y a-t-il des épisodes des Teletubbies sur le sujet ? (je sais, je deviens ironique avec l'âge, et fatiguée en fin de soirée ...)

Bouarf, l'ECJS...
Je trouve qu'il ne devrait pas y avoir de cours formel pour apprendre à être un citoyen. Ce n'est pas à l'école de nous apprendre ça. A la limite, qu'on donne un thème et que le prof permette le débat pendant une heure, c'est très bien. Si les programmes sont trop précis, ça fait trop formatage.