Quand l'UMP fait
bon ménage avec le MoDem
Sophie Huet
le figaro 25/01/2008 | Mise à jour : 20:46 |
S'il n'y a pas d'accord national, le parti sarkozyste soutient une quinzaine de maires sortants ou candidats bayrouistes.
L'UMP pratique l'ouverture aux élections municipales… jusqu'au MoDem. Dans une quinzaine de villes, le parti majoritaire a décidé soit de soutenir des maires sortants, de toute façon difficiles à supplanter, soit de ne pas concurrencer des candidats bayrouistes bien placés. «Il n'y a pas d'accord national entre l'UMP et le MoDem», s'empresse de préciser Alain Marleix, le secrétaire national aux élections à l'UMP. «Mais cela prouve bien que la nébuleuse centriste est avec nous », affirme un conseiller de l'Élysée. L'UMP a choisi cette stratégie dans les villes où les maires sortants MoDem ont conquis de haute lutte d'anciens fiefs de gauche, et où l'union des droites est impérative.
C'est le cas de Bruno Joncour, qui a conquis en 2001 Saint-Brieuc (Morbihan), après trente-neuf ans de règne sans partage du PS. À Épinay-sur-Seine, l'une des villes les plus à gauche de Seine-Saint-Denis, le maire MoDem, Hervé Chevreau, a bien besoin du soutien de l'UMP pour conserver cette ville où il avait battu en 2001 le maire sortant Bruno Le Roux, député et secrétaire national aux élections au PS, dans le cadre d'une triangulaire avec les Verts. Le maire MoDem de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), Nicole Rivoire, a quant à elle été élue dans le cadre d'une partielle, battant le maire sortant communiste Jean-Louis Mons, ancien président du conseil général, après l'annulation du scrutin de 2001 par le Conseil d'État. Nicole Rivoire se représente avec le soutien de l'UMP, mais Éric Raoult, le député maire UMP du Raincy, lui reproche de «jouer les apprentis sorciers en présentant des jeunes issus de l'immigration estampillés MoDem contre des candidats UMP» dans d'autres villes du département.
Le maire centriste de Massy (Essonne), Vincent Delahaye, élu grâce aux divisions de la gauche, et aujourd'hui en difficulté, essuie le même reproche. «Il demande le soutien de l'UMP, mais il envoie Jean-François Vigier, son directeur de cabinet, et Francisque Vigouroux, chargé de mission à la mairie, contre nos candidats UMP à Palaiseau et à Bur-sur-Yvette», s'insurge Georges Tron, député maire de Draveil.
Monnaie d'échange
L'UMP soutient aussi des candidats MoDem en terre de mission, comme Geneviève Darrieussecq, conseiller régional d'Aquitaine, à Mont-de-Marsan (Landes), où Philippe Labeyrie, sénateur maire PS, règne en maître. Même cas de figure à Lorient (Morbihan) où Fabrice Loher sera le porte-drapeau de la droite, à Aurillac (Cantal), autre fief socialiste où Jean-François Collin part dans l'union à la bataille, ou à Auch (Gers), où le divers droite Henri Santisteva est en position de challenger.
Quelques maires sortants MoDem peuvent aussi se prévaloir du label UMP, comme Jean-Marie Vanlerenberghe à Arras (Pas-de-Calais), Didier Borotra, sénateur maire de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), Robert Villenave qui a succédé en 2000 à Alain Lamassoure à la mairie d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques), ou Michel Laugier à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines). Le cas d'Alain Cazabonne, maire sortant de Talence (Gironde) est un peu différent. François Bayrou, qui soutient Alain Juppé à Bordeaux, a demandé en monnaie d'échange à Juppé que Cazabonne bénéficie de l'étiquette UMP aux municipales.
Tout naturellement, l'UMP soutient aussi une quinzaine de maires ou de candidats du Nouveau Centre, formation ralliée à Nicolas Sarkozy. Parmi eux, le secrétaire d'État à la Fonction publique André Santini à Issy-les-Moulineaux, Hervé Marseille à Meudon, Jean-Loup Netton à Montrouge, trois villes des Hauts-de-Seine. Les députés NC Nicolas Perruchot, maire de Blois (Loir-et-Cher), Jean-Pierre Abelin à Châtellerault (Vienne), Jean Dionis du Séjour à Agen (Lot-et-Garonne) ont aussi le label UMP. Tout comme Jean-Marie Vilain, fonctionnaire à l'Assemblée, qui part favori à la conquête de Viry-Chatillon (Essonne), ville perdue en 1995 à cause des divisions de la droite.