galettes d'argiles

hier, j'ai vu un reportage impressionnant à Haiti, les gens ne peuvent plus acheter le minimum en riz ou céréales car le prix s'est envolé(cours mondiaux en hausse), donc ils mangent des galettes ... d'argile, ça leur cale l'estomac... environ 800000 personnes sont au régime "boue", mélange d'argile et d'eau croupie, on voit bien les conséquences sanitaires , d'autant que les enfants n'ont rien d'autres. Vive la Mondialisation....

Ouf...
Mais les problèmes d'Haïti ne me semblent pas liés à la mondialisation (jusqu'à preuve du contraire, suis pas expert non plus); ce pays me semble justement coupé de la mondialisation (et de tout échange économique conséquent).

C'était où le reportage?

PS merci de soulever ce point, j'étais pas du tout au courant

sur France2, c'est ce qui était dit, maintenant je sais bien que le pb haitien est d'une autre nature, mon beau-frère et ma belle soeur ont été en poste la-bas pendant 5 ans , justement l'une pour l'ONU et les pb de Nourriture, l'autre pour l'UE et les pb plus économiques... c'était pas la joie...

J'ai vu ce reportage aussi. ça m'a assez marqué

C'était sur le zapping de Canal+ à 13h, donc à revoir ce soir au "Grand Journal" et demain matin dans "La Matinale".

On n'en a vu que quelques plans, mais c'est insoutenable.

letemps.ch
Des Haïtiens en sont réduits à manger de la boue




FAIM. La cherté des denrées alimentaires, les inondations, l'instabilité politique et une coopération internationale inadéquate sont en cause.


Ram Etwareea
Vendredi 1 février 2008



Quand il n'y a rien à manger, il y a encore de la terre. Le mélange, avec un peu d'eau, du sel et de la matière grasse végétale, donne une masse boueuse lisse. Découpée en rondelle plate et séchée au soleil, elle devient une sorte de «biscuit», «pas appétissant et qui donne des maux de ventre», disent ceux qui en dégustent. Mais c'est bien le seul repas que prennent des milliers de Haïtiens trois fois par jour depuis quelques semaines. Autant dire que Haïti n'en finit pas sa descente aux enfers.

Comment en est-on arrivé là? Charles Ridoré, un Fribourgeois d'origine haïtienne et ancien secrétaire romand de l'organisation caritative Action de carême, accuse d'emblée la classe politique de son pays natal. «L'instabilité et la guerre des clans ont empêché tout progrès. Les réformes, notamment agraires, n'ont pas eu lieu, et le pays importe l'essentiel des produits alimentaires de base», explique-t-il. En effet, la totalité de la farine consommée, soit 200000 tonnes par an, est importée. Pour le riz, 75% de la consommation, soit 320000 tonnes, vient de l'étranger.

Or, les prix du riz et de la farine ont pris l'ascenseur ces derniers temps sur le marché mondial. Les raisons sont multiples: mauvais temps, récoltes insuffisantes, fortes demandes de l'Asie émergente et utilisation de blé pour les biocarburants. «Pour les 6 millions de Haïtiens qui vivent dans l'extrême pauvreté, sur une population de 9 millions, la hausse des prix des produits alimentaires est insupportable», explique Mario Rapacosta, fonctionnaire à l'Organisation mondiale de l'alimentation (FAO), basée à Rome. Il fait aussi remarquer qu'il y a de moins en moins de vivres disponibles pour l'aide humanitaire.

Autre raison de cette catastrophe: Noël et Olga, deux cyclones tropicaux qui ont dévasté le pays en novembre et en décembre. «Ils ont frappé juste avant les récoltes des bananes plantains et des légumes et ont tout détruit», poursuit Mario Rapacosta. Selon lui, ce sont précisément les paysans des hauts plateaux qui ont tout perdu et qui sont aujourd'hui réduits à l'extrême pauvreté.

Marco Gilli, responsable de l'aide humanitaire suisse à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, n'est pas surpris que les gens démunis finissent par manger de la boue. «Nous voyons de plus en plus d'enfants à la campagne, ayant une teinte rouquine. C'est un indicateur fiable de l'extrême malnutrition», dit-il. La coopération suisse consacre environ 5 millions de francs par année à Haïti. L'essentiel est versé au Programme alimentaire mondial (PAM) qui achète et distribue les vivres.

Mario Rapacosta ne cache pas sa frustration face à cette situation. Il estime que le fonctionnement de la FAO, mais aussi de l'ensemble des organisations onusiennes et non gouvernementales, est en cause. «Nous agissons en cas d'urgence et négligeons les problèmes structurels, dit-il. Le travail de prévention des catastrophes - construction des infrastructures, éducation des paysans - passe à la trappe.»

Pour Charles Ridoré, il y a un autre coupable: les exportations subventionnées du riz, de la farine et d'autres denrées par les Etats-Unis et l'Europe. «Petit à petit, nos paysans ont abandonné les champs parce qu'ils ne pouvaient pas faire face aux importations à bas prix, explique-t-il. Aujourd'hui nous sommes dépendants des importations et payons le prix fort lorsque le marché international est à la hausse.»

je me souviens d'un autre reportage qui m'avait impressioné sur l'Afrique ou une femme faisait semblant de cuisiner avec des pierres pour que ses enfants s'endorment. J'en ai parlé à un Cubain qui a baroudé en Amérique et m'a dit en avoir fait autant pour "se caler l'estomac".

Comme je trouve dommage que ce sujet qui se trouvait en fin de liste passe aux oubliettes j'y insère un post.

A moins que qqun ait ouvert ailleurs un fil sur la faim dans le monde ? (où?)

oui moi...

ici et il y très longtemps!nos grandes idées
https://bayrou-modem.exprimetoi.net/socio-economie-f48/la-faim-et-les-droits-de-lhomme-t2811.htm

dans un registre approchant, NESTLE s'était fait épingler pour avoir continué à distribuer du lait en poudre dans des pays africains dépourvus d'eau potable : les mères de famille, pour alimenter leurs enfants, ajoutaient de l'eau croupie à ce lait en poudre ce qui engendrait des maladies de croissance effrayantes et parfois la mort.

L'UNICEF s'en était quelque peu émue, et NESTLE avait promis d'arrêter. Un reportage télé avait cependant démontré que la chose continuait. C'était il y a bien 5 ou 6 ans et je ne sais pas où ça en est.

Plus récemment, un exemple parmi tant d'autres, le réchauffement climatique (quelle qu'en soit la cause, je ne suis pas vraiment un fana du CO2 et des flatulences bovines comme explication des malheurs du monde mais c'est un autre sujet) a provoqué en Inde, sur les contreforts de l'Hymalaya, une pénurie d'eau potable qui a contraint les populations locales à creuser des puits. Manque de chance, la boue est souvent impreignée de cyanure, même en quantité infime, ce dont les enfants surtout pâtissent dès leur plus jeune âge.

Résultat : de très nombreuses infirmités et autres troubles de croissance (qui se comptent en dizaines, peut-être bientôt en centaines de milliers). Sans doute quelques décès. L'histoire est narrée dans ce livre http://www.editions-calmann-levy.com/livre/ecrivain-5178801-auteur-fred-pearce-livre-quand-meurent-les-grands-fleuves-roman.html
dont je vous recommande chaudement (c'est le cas de le dire) la lecture et que je ne peux que qualifier d'absolument remarquable tant il est convaincant et subtil.

Il faut sans doute aussi citer le développement des agro-carburants comme cause de l'augmentation du prix des matières agricoles, en plus des subventions des agricultures des pays riches.

La politique du FMI doit également être rappelée, qui a par exemple réussi à ruiner en moins de trois ans au début des années 1990 l'agriculture céréalière ukrainienne en la rendant même incapable d'alimenter le marché local, et donc d'importer depuis les USA alors qu'elle était depuis des décennies archi-excédentaire et qualifiée de grenier à blé de l'Europe. Toutes nos félicitations.