La démocratie, c’est une belle idée. Mais pour qu’elle fonctionne, elle doit s’appuyer sur un appareillage administratif considérable et des citoyens motivés.
C’est ce que découvrent les nouveaux militants qui se lancent dans l’élection municipale (c’est vrai pour toutes les élections, mais primordial pour les élections par listes) sans la moindre expérience.
Dans notre petite ville de 16000 électeurs, six listes de 39 candidats se sont constituées, soit 234 personnes représentant 1.5 % du corps électoral et environ 3% des votants. Nous pensions que la difficulté porterait sur le recrutement des femmes, et il a été plutôt moins long que celui des hommes. Il a fallu faire la proposition à 4 ou 5 électeurs pour en convaincre un.
Administrations participant à la constitution des listes :
La direction des impôts du département
Le service de l’État Civil de la commune, et d’autres communes si nécessaire
La sous-préfecture
La préfecture
Le casier judiciaire national
Ceci pour ce qui nous est apparent ; peut-être d’autres administrations, les R.G. par exemple, participent-t-elles à l’opération.
Alors que nous avons souvent l’impression que le fonctionnaire applique une règle rigide au détriment du service qu’il doit aussi rendre, nous avons découvert, au cours de toutes les formalités nécessitées par la constitution d’une liste de candidats, des citoyens qui ont le devoir d’être stricts pour préserver la validité de l’élection, mais qui en outre font tous preuve d’une disponibilité étonnante pour préserver l’égalité et la diversité de l’élection.
La signature du récépissé 9 minutes avant l’heure limite par le sous-préfet restera un grand souvenir.
Cette expérience permet de mieux comprendre que notre démocratie fonctionne avec des instruments patiemment mis en place au cours des deux siècles précédents, et que ces instruments sont nécessaires pour garantir la vie démocratique.
On peut en retirer aussi deux enseignements : nous sommes souvent très critiques sur la manière dont la démocratie est vécue en France ; nous devrions prendre garde de ne pas imputer aux institutions qui lui permettent d’exister les fautes commises par les hommes quand ils sont incapables ou tricheurs ; nous devrions aussi expliquer cela gentiment à nos amis américains dont le système électoral n’est pourtant pas terrible, ce qui ne les empêche pas de prétendre apporter la démocratie à des nations qui n’en ont pas.