Ralliements à la droite et dissidences: désordre au PS aux élections locales
PARIS (AFP) - 04/03/2008 11h30
Les candidats socialistes aux municipales ou cantonales ont parfois pour adversaires... d'anciens camarades ralliés à la droite, sans compter des candidatures dissidentes : "la valse des égos" n'épargne pas l'échelon local.
De Calais à Nice, de Belfort à Pau, des élus socialistes bravent sans complexe les investitures votées par les militants, se moquant de leur exclusion du parti, prononcée dans la plupart des cas.
"L'autorité du parti n'est plus aussi forte qu'avant", déplore sous couvert d'anonymat un expert de la "société des élus" au PS. Surtout, ajoute-t-il, "depuis le référendum de 2005 sur l'Europe", lorsque Jean-Luc Mélenchon, Henri Emmanuelli puis Laurent Fabius avaient impunément fait campagne pour le "non".
A comparer avec 2001, "il y a plus de cas d'indiscipline que d'habitude", selon cette source. Ce que conteste le secrétaire national aux élections, Bruno Le Roux.
Pau est l'exemple caricatural de la confusion qui s'est installée ici ou là: on trouve des socialistes sur les trois listes principales. Martine Lignières-Cassou, désignée par la section paloise, affrontera le maire sortant Yves Uriéta (ex-PS) soutenu par l'UMP pour faire barrage à François Bayrou, qui compte lui-même en deuxième position sur sa liste... la première adjointe de la municipalité sortante, Josy Poueyto. Le PS palois se remet mal de la disparition d'André Labarrère, explique Pierre Cheret, secrétaire départemental, rappelant "le charisme" de celui qui fut maire pendant 36 ans.
A Calais, le socialiste Philippe Blet a rallié la liste UMP, contre celle du maire PCF sortant Jacky Hénin où figurent pourtant ses "amis" du PS. Motif: il voulait une liste autonome du PS au 1er tour, position très minoritaire parmi les militants. Peut-être est-ce "l'effet du tam-tam de Nicolas Sarkozy sur l'ouverture", avance Christophe Borgel, secrétaire national aux élus. M. Le Roux préfère parler de "stratégie de la voiture-balai", l'UMP tendant la main aux laissés-pour-compte de la sélection des candidats au PS.
On assiste surtout, selon M. Borgel, à "une resucée locale de la valse des égos" qui a prévalu au sommet du parti depuis quelques années. "Dans des villes de droite, notamment, on a des gens qui se battent depuis des années pour s'imposer, perdent une bataille interne et se disent: +je joue ma dernière carte+".
Jacques Bertinotti, 55 ans, serait à ranger dans cette catégorie. Il a rallié la liste du maire (DVD) sortant Jean-Marie Rausch à Metz et défie également dans le canton de Metz-4 un candidat PS. A l'en croire, le challenger socialiste de M. Rausch, Dominique Gros, "n'a pas la carrure pour être maire". A Toul (Meurthe-et-Moselle), le strauss-kahnien David Melloni, ex-cadre départemental du parti comme M. Bertinotti, figure sur la liste d'"ouverture" conduite par la porte-parole de l'UMP, Nadine Morano. Motif: le PS est devenu une "coquille vide".
"Le Parti socialiste, à Angers en tout cas, est devenu un champ clos où on s'affronte pour la lutte des places", renchérit Hervé Carré, conseiller général, 5e de la liste du candidat UMP, Christophe Béchu, dans cette ville. Et c'est sans compter tous ceux qui, tout en restant à gauche, défient les candidats investis par le parti à Aix-en-Provence, Digne, Evreux, Niort, Nice, Argenteuil et Orly...
"Si au moins cela correspondait à des clivages idéologiques... En réalité, on finit par perdre le sens d'un collectif qui dépasse le destin de chacun", observe M. Borgel.