Les Echos 3 avril Le gouvernement va transférer des cotisations chômage vers les retraites
Le principe de ce transfert est évoqué dans l'exposé des motifs de la réforme des retraites de 2003, dite loi Fillon. Il est justifié notamment par la baisse du taux de chômage.
Le gouvernement va "baisser les cotisations chômage et augmenter à due concurrence les cotisations retraite", annonce le ministre du Travail Xavier Bertrand dans un entretien à paraître vendredi dans le quotidien La Croix.
"Nous constatons que les comptes de l'assurance-chômage reviennent à l'équilibre plus rapidement que prévu (...) Nous allons baisser les cotisations chômage et augmenter à due concurrence les cotisations retraite de façon à ne pas créer de prélèvement nouveau", indique Xavier Bertrand, interrogé sur de nouvelles sources de financement envisagées pour le système de retraites.
Le principe de ce transfert est évoqué dans l'exposé des motifs de la réforme des retraites de 2003, dite loi Fillon, et justifié notamment par la baisse du taux de chômage.
Le régime d'assurance chômage, auquel sont affiliés près de 17 millions de salariés, a terminé l'année 2007 avec un excédent de 3,519 milliards d'euros. Pour 2008, un nouvel excédent est prévu, à 4,602 milliards d'euros. Quant à la dette accumulée par le régime, elle pourrait être épongée en 2009. Les partenaires sociaux, qui doivent prochainement négocier sur la future convention d'assurance chômage, sont divisés sur ce principe du transfert de cotisation.
Alors que la CFDT y est favorable, d'autres syndicats comme la CGT et FO y sont hostiles, jugeant que la priorité est d'utiliser ces excédents pour améliorer l'indemnisation et le suivi des chômeurs. Le Medef n'y est pas favorable non plus.
Xavier Bertrand, évoquant les faibles résultats obtenus en matière d'emploi des seniors, affiche par ailleurs son intention de mettre en place des "mesures énergiques, pénalisantes financièrement pour les entreprises récalcitrantes". Il a aussi réaffirmé que le pays avait "besoin des 41 ans de cotisation" pour une retraite à taux plein "à l'échéance de 2020", un allongement auquel s'oppose actuellement l'ensemble des syndicats.
Interrogé sur un éventuel projet de supprimer le Fonds de réserve des retraites (FRR), mis en place en 1999 pour faire face à partir de 2020 aux besoins de financement des retraites de base du privé, le ministre n'a pas indiqué clairement son intention.
"Ce fonds n'a jamais été abondé suffisamment car dès l'origine on a détourné une partie de ses excédents pour financer les 35 heures", a-t-il estimé. "Le fonds de réserve est prévu pour l'après 2020 mais comment fait-on avant ?", s'est-il interrogé. M. Bertrand a par ailleurs assuré qu'il n'était "pas pensable de faire disparaître" le dispositif de départ en retraite anticipée pour les salariés ayant eu des carrières longues.
http://www.lesechos.fr/info/france/300254688.htm