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Le Sénat, très très hot assemblée !
Par Jean-François Probst. Ca chauffe au Sénat ! Emoustillés par la course à la présidence de la haute assemblée, sénateurs et observateurs se lancent avec fièvre dans les pronostics, ambitions de pouvoir et minaudages de couloirs. Pendant ce temps là, rien ne bouge pour l'antique institution...
Non pas qu'elle soit très chaude, la deuxième chambre que la Vème République a donné en 1958 à nos institutions, en passe d'être réformées par Sarko-Fillon, si le parlement le veut bien. Mais chaud ou pas pour la réforme institutionnelle, le Sénat va de toutes les façons être renouvelé par tiers à la fin du mois de septembre. Tout le monde, et notamment les journalistes, semble bien malheureusement s'en moquer, et pourtant le nouveau Sénat jouera un rôle déterminant dans les trois ans et demi de la fin du mandat présidentiel de Monsieur Nicolas Sarkozy. Le nom du prochain Président du Sénat, c'est à dire de l'homme ou de la femme qui pourrait devenir Président de la République par intérim est aussi bien sûr d'une importance loin d'être négligeable. Le Président Alain Poher, en 1969, au départ du Général de Gaulle et en 1974 à la mort du Président Pompidou, s'était acquitté de sa tâche avec beaucoup de bon sens, de tact et de hauteur de vue. Il n'est pas certain qu'en cas de vacance sarkozienne, l'actuel président Poncelet et, pourquoi pas l'éventuel futur Président Poncelet, pourrait remplir cette haute mission intérimaire avec maestria.
Qui décrochera la timbale? Et d'abord, qui peut l'espérer?
Qui d'autre d'ailleurs sera candidat au plateau et au Petit Luxembourg, résidence des présidents du Sénat, comme le furent dans le passé Gaston Monerville, Alain Poher, René Monory, et l'imprévisible Christian Poncelet.
Jean-Claude Gaudin renouvelé à la tête de la mairie de Marseille, mi-César, mi-Escartefigue, bien qu'il ambitionne fortement d'occuper ce prestigieux fauteuil, ne paraît pas, pour le moment, être en position de devenir, élu par ses pairs sénateurs, deuxième personnage de l'Etat.
Jean-Pierre Raffarin semble encore très amoché par ses bourdes répétées lorsqu'il était Premier ministre et par ses bourdes et calembours que les observateurs internationaux ont baptisés «raffarinades». Les terribles effets de la canicule, la suppression du lundi de Pentecôte, la rocambolesque affaire Ambiel et surtout la bérézina que l'ancien locataire de Matignon a subie aux élections en Poitou-Charentes et dans les cantons et régions de France en 2004, constitue un bilan peu propice à convaincre ses amis sénateurs d'élire Raffarin, maire de Chasseneuil-du-Poitou, à la tête de la Haute-Assemblée. Il est clair que Raffarin a probablement gâché ses talents.
Gérard Larcher, ancien ministre mais surtout Sénateur-Maire de Rambouillet est entré depuis plus de vingt ans au 15 rue de Vaugirard, Palais du Luxembourg , au sein du groupe RPR du Sénat où l'accueillit alors le Président Charles Pasqua, à la grande satisfaction du président du RPR Jacques Chirac. Intelligent, rusé, jovial, ce vétérinaire, gastronome et ouvert sur «les problèmes du monde», ne manque pas, dit on de soutiens personnels dans les travées de droite, du centre et même de gauche de notre deuxième chambre.
Dans la salle des séances du Sénat pourraient aussi accéder au fauteuil présidentiel le très estimable Jean Arthuis, Président de la commission des finances, ou peut-être même Adrien Gouteyron, parlementaire expérimenté, ancien Secrétaire Général du mouvement gaulliste et actuel Vice-Président du Sénat.
Une réforme devient urgente
On prête aussi dans les couloirs au Duc de Rohan et au Comte de Raincourt, respectivement président de la Commission des Affaires étrangères et président du groupe UMP, l 'ambition de se porter à la tête de leurs troupes UMP. Mais le Sénat n'a pas forcément pour vocation, comme le soulignait l'exquis sénateur François Gerbaud, d'être «un accélérateur de particules».
Le sénateur de l'Orne, Alain Lambert serait, murmure-t'on à l'Elysée, le candidat idéal du point de vue du président de la République; cela le prédispose, par conséquent, malheureusement et probablement, à être battu par ses collègues , sourcilleux et exigeants quant à la séparation des pouvoirs.
Si tous ces candidats, dont la liste n'est pas exhaustive, ne pouvaient pas être départagés, il faudrait accepter avec courtoisie et sourire que la présidence du Sénat soit occupée par la doyenne Paulette
Brisepierre...
Il devient urgent que le Président Poncelet propose au gouvernement Fillon une réforme du Sénat, tout en supprimant l'existence du Conseil Économique et Social, dont quelques membres utiles seraient intégrés dans la nouvelle Haute Assemblée.
Pour cela, il faudrait profondément changer le mode d'élection des sénateurs afin qu'ils représentent le pays réel.
Jeudi 22 Mai 2008 - 13:35
Jean-François Probst