Le colonel Khadafi et Nicolas Sarkozy à l'Elysée, le 10 décembre dernier
©REUTERS/Patrick Hertzog
Khadafi : le projet d’Union pour la Méditerranée est "un affront"France Info - 18:18 Le chef d’Etat libyen qualifiant le projet d’Union pour
la Méditerranée "d’affront" : c’était aujourd’hui à Tripoli, à
l’occasion d’un mini-sommet des pays de la région. Pas vraiment un
signe amical à l’intention de Nicolas Sarkozy, très impliqué sur ce
dossier.C’est à croire que la visite en grande pompe du
colonel Khadafi à Paris, il y a tout juste six mois, n’a servi à rien :
le dirigeant libyen n’a pas vraiment pris de gants pour dénoncer
publiquement l’un des projets les plus chers à Nicolas Sarkozy. Le
président français s’est personnellement beaucoup investi, ces derniers
mois, pour faire exister ce projet d’Union pour la Méditerranée.
Il a notamment réussi, non sans mal, à convaincre ses
partenaires européens, et en premier lieu la chancelière allemande
Angela Merkel, de l’intérêt du projet.
Il espérait sans doute susciter -au moins- le même intérêt au sud de la Méditerranée : c’est raté.
Muammar Khadafi avait invité ses homologues algérien,
tunisien, syrien et mauritanien, pour mettre au point une position
commune, un mois avant le lancement officiel de l’UPM (Union Pour la
Méditerranée), prévu le 13 juillet à Paris.
Et pour lui, c’est clairement non :
"ils nous
jettent un hameçon pour nous entraîner dans de tels projets.
C’est un affront", a déclaré le dirigeant libyen.
"Ils nous prennent pour des idiots. Ils
viennent avec des offres économiques parce qu’ils nous
considèrent commes des affamés. Nous n’appartenons pas à
Bruxelles.".
http://www.france-info.com/spip.php?article146636&theme=14&sous_theme=18
Union méditerranéenne: Kadhafi poignarde Sarkozy dans le dos Rue89 | 10/06/2008 | 21H27
L'Elysée ne commente pas les dernières turbulences du couple franco-libyen. Pourtant, après avoir montré des signes encourageants, le colonel Kadhafi ne veut finalement pas de l'Union pour la Méditerranée (UPM) de Nicolas Sarkozy.
Au mois de décembre, le président français n'avait pas craint la polémique
en invitant le sulfureux libyen dans la capitale. Tente bédouine à
Matignon, réception à l'Assemblée nationale, visite de Versailles...
rien n'avait été refusé au dictateur, dont la réhabilitation sur le
plan international semblait être la seule obsession du président
français. Sur Radio J, Jean-Pierre Raffarin déclarait même:
"Pour la réalisation du grand projet de Nicolas Sarkozy
d’Union méditerranéenne, il est important que la rive sud de la
Méditerranée se développe et que la Libye fasse plus d’efforts pour
développer le Maghreb."
Le Guide avait alors dit tout le bien qu'il pensait de ce projet. De
son côté, l'Elysée avait qualifié les discussions de "travail productif
et constructif". Une vaste pantalonnade qui ne tient plus depuis la
tenue d'un mini-sommet des pays arabes à Tripoli ce mardi. Revêtant à
nouveau les habits du leader panafricain, le chef d'Etat libyen a en
effet attaqué le projet chéri du président français face à ses
homologues arabes:
"Si l'Europe veut coopérer avec nous, qu'elle le fasse
avec la Ligue arabe ou l'Union africaine, (...) nous n'acceptons pas
que l'Europe traite avec un seul groupe."
Déjà rejeté par l'Union européenne,
le grand projet civilisationnel de Nicolas Sarkozy ne convainc plus
grand monde. Ce que n'a pas manqué de rappeler le "partenaire" libyen
de la France:
"L'UE veille sur son unité et refuse sa division et
l'initiative de notre cher ami Sarkozy a été rejetée fermement par
l'Europe. La Ligue arabe n'accepte pas également de disperser ses rangs
et de détruire son unité."
En mars dernier, à l'issue de rencontres et de désaccords avec son
partenaire allemand, Nicolas Sarkozy avait dû renoncer à son idée
d'Union qui n'incluait alors que les pays riverains de la Méditerranée.
Le 6 mars, le Président déclarait dans le Figaro:
"Angela voulait que tous les pays européens puissent participer à l'Union dans le cadre du processus de Barcelone.
Et moi je considérais que ce processus, créé en 1995, était enlisé et
qu'il fallait créer un vrai partenariat avec les pays du Sud. Nous nous
sommes mis d'accord pour créer l'Union pour la Méditerranée. Tous les
pays membres de l'Union européenne et tous les pays riverains de la
Méditerranée pourront y participer. (...) Le 13 juillet, à Paris, il y
aura un sommet des pays européens et des pays de la Méditerranée."
Pas sûr. Beaucoup risquent d'être absents le 13 juillet. Abdelaziz
Bouteflika, Mohamed VI et Mouamar Kadhafi ont d'ores et déja, plus ou moins diplomatiquement,
annoncé leur absence. Pourtant, à Bruxelles, le 13 mars dernier,
Nicolas Sarkozy n'avait pas l'air de douter le moins du monde du
soutien des chefs d'Etat maghrébins:
" Un homme comme le roi du Maroc est totalement
mobilisé autour de cet objectif. M. Kadhafi est totalement mobilisé
autour de cet objectif. Je crois même pouvoir dire que le président
Bouteflika n'est plus opposé à cet objectif."
A l'issue du mini-sommet de ce mardi, les dirigeants présents n'ont
pas fait part d'une position commune quant à leur adhésion ou non à
l'UPM. Mais cette sortie fracassante de Mouamar Kadhafi ébranle un peu
plus une entreprise déjà fragile et fait figure de camouflet pour
Nicolas Sarkozy. Le tapis rouge déroulé à Paris pour le dictateur
n'aura servi à rien.
http://www.rue89.com/2008/06/10/union-mediterraneenne-kadhafi-poignarde-sarkozy-dans-le-dos