De l'utilité du cinéma pour l'histoire, à propos d'un film sorti en 2004, "Mémoire d'un saccage".
« Mémoire d'un saccage » présente un montage de plans documentaires réalisés en vidéo numérique par Fernando Solanas à propos de l'actualité politique de son pays, l'Argentine, depuis la chute du général Videla en 1983, jusqu'à septembre 2001 qui voit le renversement par la population révoltée du gouvernement de De la Rùa, élu en 1999.
À la fois cinéaste et député, Solanas bénéficie pour ce film de l'amplitude particulièrement large que son point de vue lui permet d'avoir sur la situation historique et sociale dont il veut rendre compte. Les conséquences des lois ultra-libérales votées sous ses yeux par l'Assemblée nationale, majoritairement à droite pendant la période considérée, lui apparaissent telles qu'il réalise avec ce montage critique de documents au moins deux choses : un soulèvement et un dévoilement.
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"L'opération du dévoilement orchestrée par le film reste douloureuse. Pas uniquement du fait de la participation qu'il entraîne pour le spectateur au malheur de millions d'Argentins, mais aussi en conséquence d'un écœurement qu'il provoque devant le processus raisonné et répété de la trahison du peuple par ses représentants élus. Cette proximité de la question politique dépasse l'éloignement de la souffrance et laisse penser que Mémoire d'un saccage pourrait s'appeler aussi bien : "les infortunes de la démocratie". Cependant il faut voir que ça n'est pas la démocratie tout entière qui souffre en Argentine pendant la période relatée. Schizophrénie de la langue face au réel, seul souffre le "démos", le peuple, tandis que "kratien", le commandement qui lui est associé, celui que d'élections en trahisons les votes vont reconduire trois fois de suite, organise la souffrance des plus pauvres dans le confort et l'abondance que lui procure la vente des entreprises publiques à des investisseurs privés.
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"Quant à l'utilité du cinéma que démontre Mémoire d'un saccage elle est celle, ni plus ni moins, de la contre information face à la désinformation généralisée.Le cinéaste rappelle que, pendant la période considérée, aucune opposition n'a pu être entendue à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières du pays. Or, qu'en serait-il de l'histoire si elle se contentait d'être l'expression de la loi du plus fort ?"
Un Président "bling-bling", qui épouse une reine de beauté, et qui dilapide le bien de l'Etat, les acquis sociaux, au nom de principes libéraux, cela ne vous dit rien?
Nous ne sommes pas dans la situation des Argentins en 2001. Sarkozy n'est pas Menem. Mais nous pouvons retirer les leçons de l'histoire.
Et il existe encore et toujours des personnes qui s'opposent aux manoeuvres, même si on essaye de les faire taire (silence des médias pour François Bayrou, dénigrement systématique de Ségolène Royal).