Il me semble qu'être Européen aujourd’hui c’est forcément être révolutionnaire. Ceci, parce que ce que nous appelons, à tort aujourd’hui, l’ « Europe » n’est pas vraiment l’Europe. Ceci, parce que l’Europe politique, l’État européen dans l’histoire, n’existe pas, comme le démontre le poids ridicule de l’Union Européenne dans la vie politique internationale . Comme « Breizh » face à "Bretagne" l’Europe n’est, en fait, encore qu’un potentiel face à ses États-nations qui la divisent. Elle n'est qu'un continent physique, un territoire. C'est un territoire occupé, hybride, occidentalo américain sans idéal transcendant, métaphysique, sans État. Sa vocation est donc uniquement économique, immanente, matérialiste et non pas encore historique. L’Europe reste à créer, et toute création dans l’histoire est l’œuvre d’artistes, de révolutionnaires, de bâtisseurs.
Il n’existe donc qu’une Europe géographique, anthropologique, historique, passive. Elle n’est pas active. L’Europe n’est pas dans l’histoire actuelle, active, de l’humanité parce qu’elle n’a pas d’État...
Pour avoir une idée de quel État l’Europe a besoin, il nous faut redéfinir, redécouvrir, ce qu’est l’Europe, dès sa naissance. Le mot « Europe » vient du grec ancien. Il désignait la déesse « Gour-opt », devenue « Eur-opt ». Ce qui veut dire la déesse aux grands yeux. Nous retrouvons aujourd’hui « opt » dans le mot « optique » en français. « Europe » est l’archétype de la supervision, de la clairvoyance, de l’intuition, du « buddhi » en sanscrit. C’est donc surtout un concept philosophique, spirituel, et non pas seulement économique ou anthropologique.
Selon la tradition indo-européenne de l’Europe, et non pas judéo-chrétienne de l’Occident, le stade « buddhi » de l’humanité est le stade du sixième développement de ladite humanité, à l’intérieur de sa cinquième évolution. C’est le développement de son intuition après le développement de son intelligence (manas), de sa raison (kama-manas), de son émotion (linga), de son énergie (prana), de son physique (stula) depuis des dizaines de millions d’années et ceci avant le septième et dernier développement, celui de la volonté (atma).
Le "révolutionnaire" européen est donc un philosophe, un combattant philosophe traditionnel. C’est donc un « chevalier » moderne. Son esprit, son Être éveillé, doit dominer son corps, sa personnalité, la partie animale de lui même, son « cheval ». La finalité de sa vie est spirituelle et non pas matérielle. C’est un artiste historien, un créateur dans l’histoire. Il cherche à créer dans l’histoire de l’humanité un État philosophique, une renaissance. C’est-à-dire un État à finalité spirituelle et non pas uniquement matérielle comme le sont aujourd’hui les États nations occidentaux décadents de l’union « euroricaine ».
Le révolutionnaire européen est donc, je pense, un philosophe, un « chevalier ». C’est l'individu qui cherche naturellement la sagesse, au sens de la connaissance juste. C’est un politique qui, étant philosophe, se consacre, à certaines étapes de sa vie, à aider ses semblables qui sont moins favorisés, à les éveiller. Il veut que tous puissent devenir un jour des philosophes, des chevaliers à leur tour, donc des « Révolutionnaires européens ».
LES IDÉES NE SONT PAS FAITES POUR ÊTRE PENSÉES MAIS VÉCUES.
(André MALRAUX)