Nord net info :Le gouvernement prévoit des "états généraux de la sécurité à l'école"
PARIS (AFP) - 15/02/2010 14:51 Le gymnase municipal de Thiais le 15 février 2010 jouxtant le lycée Guillaume-Apollinaire où un lycéen a été blessé à coups de cutter par six personnes.. (AFP - Pierre Verdy)Le gouvernement a décidé d'organiser début avril des "Etats généraux de la sécurité à l'école", après avoir multiplié les annonces sur la sécurisation des établissements, sans pour autant empêcher les incidents ni désamorcer la colère des professeurs sur la question des moyens.
"Je réunirai, au début du mois d'avril rue de Grenelle au ministère, des états généraux de la sécurité à l'école", a annoncé mardi le ministre de l'Education nationale Luc Chatel, au lendemain d'un nouvel incident, l'agression au cutter d'un élève d'un lycée de Thiais (Val-de-Marne).
"Il faut qu'à un moment les représentants des collectivités locales, les sociologues, l'Observatoire de la délinquance, l'Observatoire de la violence à l'école, puissent plancher avec un peu de recul sur la question", a-t-il ajouté, évoquant "des phénomènes nouveaux" et citant le "racket à l'école, les jeux dangereux dans les cours de récréation, les sanctions à l'école".
A trois semaines des élections régionales, cette annonce intervient alors que Luc Chatel a multiplié ces derniers mois avec le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux les annonces sur la sécurité en milieu scolaire.
Dernière en date, en janvier, après la mort d'un lycéen poignardé par un camarade dans leur lycée du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), le gouvernement avait décidé d'accélérer le "plan de sanctuarisation" des établissements: mise en place des équipes mobiles de sécurité d'ici fin mars, et achèvement des diagnostics de sécurité de tous les collèges et lycées d'ici fin juin.
Mais l'agression d'un élève au lycée Adolphe-Chérioux de Vitry (Val-de-Marne) début février, celle de Thiais lundi, doublées de l'exaspération croissante d'enseignants et de parents de la banlieue est de Paris quant aux moyens humains, ont de nouveau pris de court le gouvernement.
Si Luc Chatel insiste sur l'installation de clôtures et de vidéoprotection là où les diagnostics de sécurité en ont ou en auront établi la nécessité, des professeurs, soumis régulièrement à des situations d'agressions et d'incivilités, déplorent eux des pénuries de personnels.
Le ministre met en avant l'embauche de médiateurs et la création des équipes mobiles, mais les enseignants comme ceux du lycée Adolphe-Chérioux veulent plus de surveillants à plein temps, ce que ne sont pas les médiateurs.
A Chérioux, les professeurs qui ont exercé leur droit de retrait durant deux semaines réclament onze surveillants de plus, le ministère leur en a promis quatre. En annonçant qu'ils allaient reprendre le travail mercredi mais "poursuivre l'action sous d'autres formes avec les élèves et les parents", ces professeurs ont estimé que "le ministre se rend donc responsable des incidents qui pourraient survenir à nouveau".
Et au-delà des cas médiatisés de Vitry et Thiais, le mécontentement a gagné un grand nombre d'établissements du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis, deux départements connaissant à la fois un grand nombre d'élèves défavorisés et un fort militantisme enseignant.
A Bobigny, le collège Jean-Pierre Timbaud est fermé depuis une semaine après plusieurs incidents violents, les professeurs réclamant trois postes de surveillants supplémentaires.
La mobilisation en cours, qui prévoit des manifestations mardi et jeudi à Paris, a même démarré dans certains collèges et lycées de Seine-Saint-Denis (à Aubervilliers et Montreuil) avant l'agression de Vitry, sur fond d'insécurité, de difficultés de remplacements et d'inquiétudes sur les postes.
Les établissements reçoivent actuellement leurs "dotations horaires globales", qui traduisent en terme d'emplois les 16.000 suppressions de postes prévues au niveau national à la rentrée 2010.