La Marseillaise du futur Premier ministre choque en Belgique 22.07.07 | 13h59
RUXELLES (Reuters) - Le futur Premier ministre belge, le Flamand Yves Leterme, a provoqué l'émoi dans le pays en entonnant la Marseillaise lorsqu'on lui a demandé de chanter les premières mesures de l'hymne national, la Brabançonne.
Nommé formateur du gouvernement par le roi Albert II après les élections du 10 juin, ce démocrate-chrétien a assisté samedi au Te Deum donné à la cathédrale de Bruxelles à l'occasion de la fête nationale du 21 juillet.
Alors qu'il en escaladait les marches de la cathédrale, un journaliste de la télévision francophone RTBF lui a demandé s'il connaissait les paroles de la Brabançonne, chose rare en Belgique où la fibre nationale est quasiment inexistante.
"Un peu", a répondu Yves Leterme, qui a joint la chanson à la parole pour appuyer sa démonstration: "Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé", a-t-il lancé.
"C'est vraiment la Brabançonne, ça?", lui a alors demandé le journaliste. "Oh, je ne sais pas", a répondu Leterme.
C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy entonnait le "God save the Queen" lorsqu'on lui demande de chanter la Marseillaise.
Leterme a également été incapable de répondre correctement à la question de savoir quel événement on célébrait le 21 juillet.
Il a répondu qu'il s'agissait de la proclamation de la Constitution alors qu'il s'agit du jour où le roi Léopold Ier a prêté serment, en 1831, après l'indépendance de la Belgique.
Leterme a aussi choqué les téléspectateurs en téléphonant pendant le Te Deum, un comble pour un catholique pratiquant venant d'un parti marqué par la religion.
L'affaire n'aurait sans doute pas provoqué autant d'émoi si Leterme n'était pas devenu la bête noire de nombreux francophones, qui lui reprochent son militantisme flamand.
Il dit souvent que Flamands et Wallons n'ont en commun que la monarchie, la bière et l'équipe nationale de football. Pour lui, la Belgique, en tant que telle, ne doit exister que si elle apporte une "plus-value" aux Flamands.
Le 10 juin, il a célébré sa victoire entouré de militants brandissant des drapeaux flamands - le lion noir sur fond jaune - et le drapeau belge noir-jaune-rouge était invisible.
L'an dernier, dans une interview à Libération, il fustigeait ces Wallons qui "ne sont apparemment pas en état intellectuel d'apprendre le néerlandais", provoquant un tollé dans le pays.
Leterme, qui s'est allié électoralement à un parti indépendantiste, veut constituer une coalition de gouvernement qui approfondirait la "fédéralisation" du pays, à savoir une autonomie toujours plus grande pour les régions, notamment pour la sécurité sociale, ce dont les Wallons ne veulent pas.