Déficits: les pays de l'UE irrités par les projets français

mercredi 12 septembre 2007, mis à jour à 17:33

Déficits: les pays de l'UE irrités par les projets français
Reuters
La France risque d'être clouée au pilori vendredi par des partenaires européens irrités de voir que l'engagement de Nicolas Sarkozy de "tout faire" pour revenir à l'équilibre budgétaire en 2010 paraît chimérique.

Les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent vendredi à Porto pour évaluer les projets français avant d'être rejoints samedi par leurs autres homologues de l'UE pour débattre des récentes turbulences sur les marchés financiers.

Le président français avait pris les choses en main le 9 juillet dernier en venant en personne à la réunion de l'Eurogroupe expliquer sa stratégie économique, qui revient à provoquer un choc fiscal pour doper la croissance.

Mais cela supposait de reporter de 2010 à 2012 le retour à l'équilibre budgétaire, en violation du programme de stabilité français et d'un engagement pris à l'unanimité par les 13 pays membres de la zone euro pas plus tard qu'en avril dernier.

Vivement critiqué pour ce report lors de cette réunion par la plupart des pays, dont l'Allemagne et l'Italie, Sarkozy avait offert un os à ronger aux ministre des Finances de l'Eurogroupe.

Si le choc de croissance qu'il attend de ses mesures, comme la déduction fiscale des emprunts immobiliers, la suppression des droits de succession et l'exonération des charges sociales pour les heures supplémentaires, se produit bel et bien, "alors nous pourrons être au rendez-vous de 2010", avait-il dit.

"Si nous n'y arrivons pas, alors je demanderai d'être au rendez-vous de 2012", avait-il ajouté.

"CONTE DE NOËL"

Les partenaires européens de la France avaient fait preuve de patience en demandant à Paris de présenter en septembre un programme de stabilité actualisé qui explique de manière chiffrée comment il compte arriver à l'objectif 2010.

Mais le document transmis mardi soir aux autres pays de la zone euro et à la Commission européenne ne constitue pas une actualisation du programme de stabilité et a de quoi décevoir.

La France prévoit un retour à l'équilibre des comptes publics en 2012 en partant de l'hypothèse d'une croissance de 2,5% l'an à compter de 2009 et un déficit ramené à 0,3% du PIB en 2010 si la croissance atteint 3% à compter de 2009.

Didier Migaud, le président socialiste de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, a résumé le sentiment dominant dans l'Union européenne en parlant de "conte de Noël".

Le gouvernement dit que "les engagements pris par la France seront tenus s'il y a un rythme de croissance de 3% (...) que personne ne voit", a-t-il ajouté.

La France n'a plus atteint cette performance sur plusieurs années depuis la période 1997-2001 et les dernières prévisions de la Commission prévoient un chiffre de 1,9% pour la croissance en 2007, ce qui n'augure pas d'une accélération.

Pire: le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, a estimé mardi que l'on avait peut-être atteint un pic de croissance en 2007.

La ministre française de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, risque d'être froidement accueillie à Porto.

LA FRANCE "DANS LA MÉLASSE"

"Les Français sont dans la mélasse, ils ne savent pas quoi faire", souligne un expert de la Commission. "Sarkozy croyait qu'en faisant du volontarisme, cela se traduirait par plus de croissance. L'Eurogroupe lui a dit qu'il se plantait."

En fait de programme de stabilité actualisé, le gouvernement français a envoyé à ses partenaires européens une liste de mesures dont on peut se demander comment elles pourront doper la croissance ou réduire les déficits de manière significative, comme l'ouverture des magasins le dimanche ou des "tables rondes" sur la concurrence dans les services bancaires.

"Ils sont en train de se demander quoi faire", ajoute l'expert de la Commission. "Mais on ne va pas les lâcher, la France est sous surveillance."

L'Allemagne, qui devrait atteindre un déficit proche de zéro dès cette année, se montre elle aussi irritée.

"Cela sera le sujet des discussions à Porto (...), où l'on demandera à nos amis français de montrer comment ils peuvent respecter leurs engagements pour 2010", a déclaré mercredi le porte-parole du ministère allemand des Finances, Torsten Albig.

"S'ils ne le font pas, ils devront certainement expliquer pourquoi", a-t-il ajouté.

Enfin, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, devrait avoir à coeur de corriger le satisfecit qu'il avait accordé un peu vite en juillet à Sarkozy en expliquant que la France s'engageait "dans un effort sans précédent".

Le Premier ministre luxembourgeois a depuis multiplié les mises en garde à la France en rappelant que l'objectif 2010 pour l'assainissement des finances publiques était un engagement.

Mais si de l'irritation devrait s'exprimer à Porto, les partenaires de la France sont privés d'instrument contraignant tant que la France ne dépasse pas le seuil fatidique de 3% du PIB pour le déficit, ce qui ne devrait pas être le cas.

Ouais !! Encore !!

C'est vraiment du foutage de gueule ce budget, j'espère qu'ils vont se payer la tête de N. Sarkozy sur un plateau.

Et l'autre mule qui braie encore "mais siii, vous allez voir, 2.25% de croissance en 2007, c'est possible !".
Faire des budgets sur des prévisions optimistes de croissance, ça devrait être interdit.
Quand on fait de la prospective, on fait trois évaluations : haute, moyenne, basse, et quand on est normalement constitué on se base sur la moyenne pour faire ses prévisions, tout en préparant des scénarios d'ajustement en cas de dérive vers le haut ou vers le bas. Gouverner c'est prévoir, pas inventer.

C'est qui, la mule?

Madame Lagarde?

trop de méchanceté nuit à la crédibilité du discours.

Elle est très bien Madame Lagarde. Elle a peut être pas mal de contraintes de communication, mais elle est très bien.

Aptien a écrit:

Elle est très bien Madame Lagarde. Elle a peut être pas mal de contraintes de communication, mais elle est très bien.

Mmmh bon, je ne la connais pas assez pour porter un jugement définitif.
Néanmoins, déclarer bouche en coeur que l'objectif de 2.25% de croissance sera atteint, alors que tout semble prouver le contraire, est pour moi un acte imbécile. Quil s'agisse d'une imbécilité temproraire, ou permanente, cela je n'en sais rien encore.

Par ailleurs, N. Sarkozy lui-même a déclaré en privé "qu'il s'était trompé sur elle, et qu'elle était nulle" (Canard Enchaîné). Bon, c'est sûr que si N.S. l'a trouve nulle, alors c'est peut-être un contre-argument à ce que j'ai dit. A voir...