24.12.2007Dans la société sarkozyste, sous le haut patronage de Brice Hortefeux, les rois mages ne feraient pas fait chier longtemps. Ben quoi : ce n'est pas chrétien ?Euh...
Il m'est arrivé un drôle de truc, hier soir.
Tellement étrange que j'hésitais à vous le raconter.
Ne voulant pas être pris pour un illuminé quelconque.
Ni pour une grenouille de bénitier sur le retour.
Et puis...
Je me suis dit que je n'avais rien à vous cacher.
Et que la chose pourrait même vous intéresser.
Bref : j'ai décidé de tout vous dire.
Hier soir, donc, j'errais de magasin en magasin.
Cherchant désespérement des cadeaux à offrir.
Et maudissant cette facheuse habitude de m'occupper à la dernière minute de ce que je déposerais sous le sapin.
Certain de ne pas trouver ce que je cherchais.
Et convaincu de ne pas aimer ce que je pourrais trouver.
En un mot : j'étais dans la merde.
Marchant d'un pas vif.
Scrutant d'un rapide coup d'oeil les vitrines pleines à ras-bord.
Et tentant péniblement de me frayer un chemin rapide parmi l'affolante masse de gens partageant le même problème que moi.
J'ai failli ne pas les voir.
Et me taper trois gugusses de plein fouet, trois abrutis qui bloquaient toute la largeur du trottoir.
Bougonnant et maugréant, j'ai essayé de les contourner par la gauche.
Pas moyen.
De passer discrètement par la droite.
Nada.
Forcé de cesser ma course en avant, j'ai alors levé les yeux sur le trio de gêneurs.
Et...
Disons-le clairement : je n'ai pas été déçu du voyage.
Tant cela faisait longtemps que je n'avais pas croisé de pareils envâpés dans les rues de la ville.
Trois hommes qui ressemblaient à des échappés d'un asile quelconque.
Ou à des voyageurs d'un temps passé.
Ils portaient de longues robes.
Avaient les bras chargés de paquets.
Etaient (très) visiblement étrangers.
Et formaient un si étrange spectacle que j'en suis resté un moment bouche-bée.
Après quelques secondes de silence.
Moi restant interloqué face à eux.
L'un des enturlubannés a pris la parole :
"
Bonjour, m'a t-il dit avec un fort accent étranger,
je suis Balthazar. Je viens de fort loin, des terres d'Afrique, pour apporter la myrrhe à celui qui est né pour le salut du monde."
Tel quel...
Oui : sur le coup, ça surprend...
Mais je suis un homme entraîné aux vicissitudes de la vie urbaine.
Et j'ai immédiatement adopté l'attitude conseillée face aux quémandeurs, quêteurs et autres allumés que l'on croise en nombre croissant dans nos rues.
Soit un sourire crispé et un visage fermé.
(On ne me la fait pas, à moi...)
Le deuxième allumé en a profité pour prendre la parole à son tour :
"
Bonjour, m'a t-il dit avec un évident accent d'ailleurs
, je suis Gaspard. Je viens de fort loin, des terres d'Asie, pour apporter l'encens à celui qui est né pour le salut du monde."
Tel quel...
Oui : sur le coup, ça surprend aussi...
(Mais un peu moins : je commençais à m'habituer.)
Moi, tout pareil : sourire crispé et visage fermé.
Le troisième larron a enchaîné :
"
Bonjour, m'a t-il dit avec une grosse intonation pas-française-pour-un-sou
, je suis Melchior. Je viens de fort loin, des terres d'Orient, pour apporter l'or à celui qui est né pour le salut du monde."
Tel quel...
Oui : ça ne surprend plus beaucoup, pour le coup.
(Je m'y étais fait.)
Tout en cherchant des yeux la caméra cachée ou l'éventuelle signe d'une opération promotionnelle initiée par le grand magasin voisin, j'ai pris mon courage à deux mains.
Et j'ai réussi à articuler quelques mots vaillants.
"
Eeuuuhhh... ?"Le trio a vu mon étonnement.
Et s'est fendu de quelques mots supplémentaires d'explication :
"
Nous sommes les rois mages. Nous avons entendu l'appel et pris la route, ont-ils asséné d'une même voix fleurant bon l'exotisme.
Nous marchons depuis longtemps, suivant l'étoile. Sans prendre de repos, nous avons traversé une bonne partie du monde et nous sommes très proches de notre but. Mais nous nous sommes égarés : auriez-vous l'amabilité de nous indiquer notre route ?"Moi : "
Eeeuuuhhh."Pour être franc, je commençais à en avoir ras la casquette.
Et je cherchais un moyen de me tirer des pattes de ces
enmerdeurs importuns, fouillant mes poches à la recherche de quelques piécettes.
Quand une voix grave s'est faite entendre dans mon dos :
"
Police nationale, a fait le mec en uniforme avec une voix bien française. C
ontrôle d'identité : tout le monde sort ses papiers."
"Et que ça saute !", a ajouté un deuxième policier.
Pour le coup, ce sont mes trois empêcheurs-d'acheter-des-cadeaux-en-paix qui semblaient surpris.
D'ailleurs, ils en sont restés sans voix.
"
Alors ?", a insisté le képi, sur un ton plus menaçant.
Silence dans les rangs...
Je ne disais rien non plus, fouillant mon sac à la recherche de ma carte d'identité, quand le flic a précisé : "
Non, non, pas vous... Juste eux, ça m'étonnerait qu'ils soient en règle."
Pensant arranger le coup, Balthazar a tenté de relancer sa petite présentation.
"
Bonjour, a t-il dit avec un fort accent étranger,
je suis Gaspar. Je viens de fort loin, des terres d'Asie, pour...""
Toi, l'a stoppé l'uniforme
, tu parleras quand on te le demandera. Pas de papiers ? Ok, on vous embarque."
"
Je sens que vous n'allez pas faire long feu en France, a poursuivi son collègue.
Il y a un charter en partance qui n'attend que vous. Allez : venez !"Voilà tout : les deux flics ont embarqué les trois ahuris, les emmenant à leur fourgon.
J'ai encore entendu Melchior tenter une dernière justification : "
Nous sommes les rois mages. Nous avons entendu l'appel et pris la route...""
C'est ça, c'est ça... tu raconteras ça à tes voisins de charter", a fait le flic en le faisant monter dans la camionnette.
Et ?
C'est tout.
Ils sont partis ainsi.
Et j'ai repris mes achats de Noël.
Mais tandis que je poursuivais ma quête débile de cadeaux, je n'ai cessé de penser à eux.
Et si ?
Ps : quoi ? Si je verse dans la bondieuserie ? Non. Mais c'est Noël (quand même...).
Façon de rappeler que même pendant la trêve des confiseurs, les sbires de Brice Hortefeux continuent leur basse besogne.//
Je dirais même plus, m'étonnerais qu'un couple d'immigrés du moyen-orient se trainant sur un âne, la femme étant prête à accoucher, trouve même une tente chez les Don quichotte, à mon avis,la crêche ressemblerait plus à un dépot de transit avant expulsion en charter, et ce avant l'accouchement pour éviter d'avoir un immigré de plus qui réclame la nationalité Française...
Joyeux Noêl quand même et une petite pensée aux sans-abris,pauvres et exclus d'ici et d'ailleurs....