Des maires UMP refusent toute "nationalisation" des municipales
LE MONDE | 12.01.08 | 11h51 • Mis à jour le 12.01.08 | 14h16
nicolas Sarkozy devait confirmer, samedi 12 janvier, lors du conseil national de l'UMP, son intention de "nationaliser" l'enjeu des municipales. Ce que redoutent plusieurs maires de grandes villes, qui ont reçu l'investiture UMP mais ne sont pas pressés de voir le président de la République faire campagne chez eux.
Lors de sa conférence de presse du 8 janvier, M. Sarkozy avait justifié sa position : "Je m'engagerai, parce que le concept même d'élection dépolitisée est absurde." Le premier ministre, François Fillon, avait tenu le même discours quelques jours plus tôt, le 4 janvier, en marge d'un déplacement aux Antilles. Et Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, a déclaré que son parti ne voulait pas faire de ce scrutin "une affaire purement locale".
A l'inverse, Jean-Pierre Raffarin, dans un entretien au Parisien du 11 janvier, met en garde contre une "nationalisation des enjeux". "Il est important de veiller à ce que la politique locale ne soit pas systématiquement un enjeu national, sinon on mobilise surtout le camp adverse", prévient l'ancien premier ministre. Un certain nombre de maires de droite font le même constat.
Le cas le plus flagrant est celui d'Alain Juppé, à Bordeaux (Gironde). L'ancien président de l'UMP, qui évite soigneusement de participer à des débats sur des thèmes nationaux, ne mettra pas le logo de son propre parti sur son matériel électoral, ni sur sa permanence de campagne.
Exit donc l'arbre sur fond bleu et rouge, avec ses feuilles et ses fruits. M. Juppé a créé son propre logo : son nom, décoré de deux feuilles, ou de deux pétales, qui rappellent l'emblème d'une célèbre marque de yaourt. Les couleurs, vert et brun, donnent une petite touche écologiste. Le tout est accompagné d'un slogan : "Continuons le changement".
Son adversaire, Alain Rousset, a renoncé lui aussi à faire figurer le symbole socialiste de la rose et du poing sur son matériel de campagne. Le logo du candidat PS évoque les quais de la Garonne dans des tons verts.
A Toulouse (Haute-Garonne), le maire sortant, Jean-Luc Moudenc, va encore plus loin puisqu'il affirme s'être mis "en congé de l'UMP". Dans une ville plutôt centriste, réputée voter à gauche aux scrutins nationaux et à droite aux scrutins locaux, l'intérêt de M. Moudenc est de se présenter comme le candidat du rassemblement. Aux législatives de juin 2007, son adversaire socialiste, Catherine Lemorton, n'avait cessé, au cours de leurs débats publics, de le renvoyer dans la majorité présidentielle. Tirant les leçons de son échec, M. Moudenc, même s'il a effectivement reçu l'investiture UMP, ne veut surtout plus apparaître comme le candidat de Nicolas Sarkozy.
Le schéma est comparable à Rouen (Seine-Maritime). Le maire sortant, Pierre Albertini (ex-UDF), avait appelé à voter pour M. Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle, après avoir soutenu François Bayrou au premier tour. Ségolène Royal a recueilli 54 % des suffrages dans sa ville.
Aujourd'hui, M. Albertini doit affronter la socialiste Valérie Fourneyron, élue députée en juin. Tandis que celle-ci va mettre en avant son appartenance politique, dans une agglomération largement tenue par les fabiusiens, le maire veut apparaître comme le candidat du rassemblement. "J'ai rejoint le peuple des Français sans parti !", aime-t-il désormais répéter dans ses discours publics. M. Albertini, qui a obtenu l'investiture de l'UMP au niveau national, ne souhaite pas recevoir un appui visible de l'exécutif.
A Amiens (Somme), ville où Ségolène Royal a obtenu 54,5 % des suffrages, Gilles de Robien a intérêt, lui aussi, à ne pas nationaliser les enjeux. L'ancien ministre de l'éducation nationale fait valoir qu'il a conservé son seul mandat de maire, et qu'il veut travailler exclusivement pour sa ville. A l'inverse, à Strasbourg (Bas-Rhin), la maire (UMP) Fabienne Keller aura bien besoin du soutien actif de l'exécutif. A droite, elle doit affronter deux listes centristes, ainsi que la liste régionaliste "Alsace d'abord".