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| L'économie britannique en difficulté | |
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Auteur | Message |
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ArnaudH
Nombre de messages : 3660 Date d'inscription : 14/05/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Lun 14 Jan 2008 - 23:24 | |
| Mais pour en revenir au début de ton analyse, est-ce sain (économiquement) de réguler un déficit commercial par une politique de revalorisation de sa monnaie? (certes elle est à priori sous évaluée mais cela répond à d'autres aléas aussi dont l'endettement extérieur massif de l'Etat américain) | |
| | | democ-soc
Nombre de messages : 2419 Age : 49 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 6:01 | |
| Ecofrictions La revanche en trompe-l'oeil d'Albion LE MONDE | 14.01.08 | 16h33 • Mis à jour le 14.01.08 | 16h33
Personne n'a vécu la grandeur et la décadence économique de l'Empire britannique face aux Etats-Unis plus intensément que Winston Churchill, mort en 1965 à l'âge de 90 ans. Erigée à Parliament square, la statue de bronze du "Vieux Lion" va pouvoir retrouver son allure fière et dominatrice : pour la première fois depuis la fin du XIXe siècle, l'ancienne puissance impériale détrônerait son ex-colonie au hit-parade économique. A lire une étude du consultant Oxford Economics, le produit intérieur brut (PIB) par tête du Royaume-Uni a dépassé celui constaté outre-Atlantique : 23 500 livres sterling par an, comparé à 23 250 livres (31 127 euros, contre 30 796 euros). L'écart est certes faible, mais suffisant pour autoriser le Sunday Times à clamer victoire sur la superpuissance : "Nous vivons mieux que les Américains." "Héritage des profondes réformes des années 1980-1990, le Royaume-Uni est le champion des grands pays industrialisés", assure l'auteur du rapport et directeur d'Oxford Economics, Adrian Cooper. A l'actif d'Albion : une monnaie stable, une inflation maîtrisée et un marché du travail libéralisé. La nouvelle prééminence de la City sur Wall Street atteste de cette formidable réussite. A titre de comparaison, la France et l'Allemagne sont respectivement à 21 700 et 21 665 livres sterling. Ce constat est toutefois loin de faire l'unanimité. "Depuis le milieu des années 1990, la croissance britannique a été artificiellement gonflée par une politique fiscale laxiste, l'essor de l'immobilier et la pompe du crédit à la consommation", réplique Michael Saunders, économiste en chef de la banque Citigroup. En 2008, celui que l'on surnomme la "pythie de la place boursière londonienne" prévoit un taux de croissance pour le Royaume-Uni de 1,7 %, contre 2 % pour les Etats-Unis. Un pessimisme partagé par la majorité des économistes récemment interrogés par le Financial Times, qui prédisent la pire année économique depuis l'éclatement de la bulle Internet en 2001. Par ailleurs, en raison d'un coût de la vie moindre, les Américains disposent d'un pouvoir d'achat largement supérieur aux sujets de Sa Majesté. La productivité de la main-d'oeuvre britannique est également plus faible. Ecouté tout aussi religieusement par les investisseurs, Martin Weale, du National Institute of Economics and Social Research, appelle à la prudence dans l'interprétation des données brutes. "Le taux de change fausse les comparaisons nationales, dit-il. Les différences de pouvoir d'achat restent difficiles à évaluer. Si le dollar devait continuer à monter face à la livre, comme c'est le cas depuis deux mois, le Royaume-Uni risque de retrouver derrière les Etats-Unis au printemps." M. Weale a calculé qu'en terme de taille du PIB, en ce début 2008, la France est désormais repassée devant le Royaume-Uni ! La faiblesse de la livre sterling par rapport à l'euro, plutôt que l'activité dans l'Hexagone, est à l'origine de ce recul d'Albion à la sixième place derrière les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la Chine et la France. Churchill qui rit, Churchill qui pleure. | |
| | | Alain BERTIER
Nombre de messages : 2692 Age : 85 Localisation : DREUX Date d'inscription : 07/12/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 6:32 | |
| Tout d’abord, il faut rappeler que lier la valeur d’une monnaie à une autre monnaie est une politique classique, visant à permettre à une nation dont la monnaie s’est effondrée, ou va le faire, de continuer son commerce international ; jusqu’alors, seules des nations à la puissance économique modeste adoptaient un tel régime ; par exemple, sauf erreur de ma part, le Franc CFA a été pendant longtemps un des cas récents et prolongés de monnaie liée à une autre, le Franc Français en l’occurrence. Quoiqu’il en soit, les plaintes des États-unis sur ce point, qui ont été très sérieusement étudiées par l’OMC et le FMI, n’ont jamais abouti à condamner la politique monétaire de Chine, tout au plus à recommander de l’abandonner progressivement quand elle présenterait des inconvénients pour la Chine, ce que cette dernière avait de toute façon bien l’intention de faire. C’est ainsi que depuis un an le yuan s’apprécie progressivement, et que cela résulte uniquement d’un choix de la Chine et non des pressions des USA.
Au passage, il faut noter que le déficit du commerce extérieur américain ne serait que très modestement, on peut même dire marginalement, réduit par la réévaluation du yuan, et que les amélioration qu’elle connaît actuellement doivent moins à la hausse du yuan qu’à la baisse du dollar.
Alors, ta question « est-il sain de réguler un déficit commercial par une politique de revalorisation de sa monnaie ? » ne reflète pas la situation, ni présente ni passée : les nations participant au commerce international n’ont pas la responsabilité de réguler les déficits de leurs partenaires, et la politique chinoise de lier sa monnaie au dollar pouvait aussi être considérée comme très favorable aux consommateurs américains en stabilisant le prix des produits importés quelque soient les variations du dollar. Avec n’importe quelle autre monnaie, cette situation aurait conduit à une autorégulation par la nécessité de financer le déficit. Le statut particulier du dollar, qui permet au États-unis d’emprunter presque sans limite, est la seule cause externe du creusement du déficit commercial au niveau actuel. Je disais « presque » sans limite car la conversion de la Chine à une politique de placement de leurs réserves remplaçant progressivement les bons du Trésor US, par d’autres monnaies fortes, et par des actifs réels, principalement des actions, pourrait connaître aussi des limites en raison de la susceptibilité des États-unis sur certains de ces actifs.
On peut donc dire aujourd’hui que la Chine est sur une voie qui la conduit à rejoindre un jour, à son rythme, le marché mondial des devises avec sa propre monnaie, et non sous le masque du dollar. Par contre on ne sait pas encore ce que les États-unis comptent faire lorsqu’ils auront à choisir entre le financement de leur déficit et le passage d’actifs stratégiques sous contrôle étranger. | |
| | | ArnaudH
Nombre de messages : 3660 Age : 51 Localisation : Rome, Italie Date d'inscription : 14/05/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 9:16 | |
| Nous sommes d'accord sur la question du lien entre balance commerciale et les fluctuations monétaires et sur le besoin pour un pays développé d'avoir sa propre politique monétaire.
Par contre je ne suis pas sur que, malgré la diversification des réserves monétaires chinoises, cela élimine la question de fond; à savoir, les Etats qui ont une balance commerciale importante avec les Etats-Unis se retrouvent dans une situation où ils sont obligés de soutenir l'économie américaine afin que celle-ci continuer à consommer. Ce débat a été partiellement temporisé par la possibilité croissante de ces pays de réinvestir les gains de leurs croissance en investissements sur le sol américain, créant ainsi un cercle vertueux (autant pour les Etats-Unis que pour les pays investisseurs). Cependant, le niveau atteint par les déficits américains n'est pas soutenable sur le long terme (la Grande Bretagne je ne sais pas), même avec une politique monétaire de sous-évaluation qui crée de nombreuses tensions économiques à l'échelle planétaire. | |
| | | Alain BERTIER
Nombre de messages : 2692 Age : 85 Localisation : DREUX Date d'inscription : 07/12/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 10:42 | |
| Je suis bien d’accord que cela n’élimine pas la question de fond. Elle ne le sera que quand les pays qui tirent une satisfaction indéniable d’avoir une balance commerciale excédentaire avec les États-unis seront amenés constater que des incidents comme la crise dite du « subprime » amènent enfin les américains à reconstituer l’épargne des ménages, c'est-à-dire à diminuer leur consommation et donc à réduire leurs importations et par là les excédents en recherche d’emploi.
Les conséquences en seraient un ralentissement de la croissance du stock de dette des américains, et la nécessité pour les pays créditeurs, soit de trouver d’autres clients solvables, soit d’inciter leur population à consommer davantage. Toutes choses qui ne sont pas des catastrophes. | |
| | | ArnaudH
Nombre de messages : 3660 Age : 51 Localisation : Rome, Italie Date d'inscription : 14/05/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 11:14 | |
| +1 Seul véritable risque (et pas des moindres), que la diminution de la consommation & investissements (selon des critères insuffisament sécuritaires comme les subprime) américains ne plongent pas l'économie mondiale en stagnation / récession. C'est le véritable test de "robustesse" économique qu'auront à affronter prochainement ensemble la zone Euro, le Japon, le Canada, la Corée, Taiwan, le BRIC et l'ASEAN... le résultat sera sans nul doute intéressant et permettra de confirmer si nous sommes aujourd'hui dans un monde économiquement multipolaire (bon qui penche tout de même fortement vers l'Amérique du Nord...) ou si la dépendance à l'égard des Etats-Unis continue à leur conférer la possibilité de créer un risque systémique et donc la possibilité de faire financer leurs déséquilibres par le reste du monde... | |
| | | Alain BERTIER
Nombre de messages : 2692 Age : 85 Localisation : DREUX Date d'inscription : 07/12/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 14:09 | |
| Si l'épargne des ménages est financée, comme on peut le penser, par une diminution de la consommation, elle réduira les importations asiatiques qui devront trouver un débouché dans leur marché intérieur. Mais la réduction de la consommation de produits locaux ne trouvera que très partiellement des débouchés extérieurs. La stagnation américaine, qui pourrait n'être qu'une simple réduction de la croissance, au mieux, ou une stagnation, au pire, sera donc vraisemblablement accompagnée des mêmes évolutions dans le reste du monde. Mais, comme disait mon Maître : le pire n'est jamais sûr, ... ça peut devenir franchement catastrophique.
Dernière édition par le Mar 15 Jan 2008 - 14:13, édité 1 fois | |
| | | ArnaudH
Nombre de messages : 3660 Age : 51 Localisation : Rome, Italie Date d'inscription : 14/05/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 14:11 | |
| Le mien disait: A long terme, nous serons tous morts | |
| | | ArnaudH
Nombre de messages : 3660 Age : 51 Localisation : Rome, Italie Date d'inscription : 14/05/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 14:32 | |
| Illustration sur les investissements étrangers qui font grincer des dents... --------------------------------------------
Edito du Monde L'Occident piégé
LE MONDE | 15.01.08 | 13h19 • Mis à jour le 15.01.08 | 13h19
Sans être une science exacte, l'économie obéit à quelques principes assez simples. Le premier est qu'entre une entreprise à la recherche d'argent et une institution disposée à lui en apporter les relations ne sont pas équilibrées. Le deuxième est qu'une entreprise cotée en Bourse ne choisit pas ses actionnaires.
Les Etats-Unis sont en train d'en faire la douloureuse expérience. Eux qui avaient refusé, en 2005, de céder leurs ports à un fonds de l'émirat de Dubaï ou qui s'étaient élevés contre le rachat du groupe pétrolier Unocal par l'entreprise publique chinoise Cnooc n'ont d'autre choix, aujourd'hui, que d'accepter que des fonds créés par des Etats étrangers prennent des participations importantes dans les fleurons de Wall Street.
En France, ces fonds se sont invités depuis plusieurs années dans la plupart des grands groupes cotés en Bourse. L'attitude du gouvernement à leur égard est ambiguë. Lors de sa conférence de presse du 8 janvier, Nicolas Sarkozy s'était placé dans le droit-fil du patriotisme économique de Dominique de Villepin. "Face à la montée en puissance de fonds spéculatifs extrêmement agressifs et des fonds souverains, qui n'obéissent à aucune logique économique, il n'est pas question que la France reste sans réagir (...). La France assume le choix politique, stratégique, de protéger ses entreprises." Selon le chef de l'Etat, la Caisse des dépôts doit être l'"instrument" de cette politique.
En déplacement en Arabie saoudite, lundi 14 janvier, Nicolas Sarkozy a changé de ton : "La France sera toujours ouverte aux fonds souverains dont les intentions sont sans ambiguïté, dont la gouvernance est transparente et dont le pays d'origine pratique la même ouverture à l'égard des capitaux étrangers", a-t-il expliqué. Ce n'est pas un hasard si Nicolas Sarkozy a tenu ces propos à Riyad et non à Moscou ou Pékin. Quoiqu'ils s'en défendent, les Occidentaux accueillent aujourd'hui plus volontiers les capitaux arabes car, dans le passé, leurs détenteurs n'ont jamais cherché à prendre le contrôle des entreprises dans lesquelles ils investissaient. En revanche, ils se méfient des capitaux russes et chinois, nouveaux venus sur la scène mondiale et détenus par des Etats pour lesquels l'économie est une arme diplomatique.
Face à ces fonds, les Occidentaux ont peu de prise. Etablir des règles explicites est une gageure : les déboires du décret de Thierry Breton sur le patriotisme économique l'ont prouvé. La présence de la Caisse des dépôts dans le capital d'une entreprise ne peut être que symbolique, et les critiques émises lors de son entrée dans le capital d'EADS montrent que sa stratégie est loin de faire l'unanimité. Pour l'heure, la France, comme les autres pays occidentaux, est donc piégée. On n'impose pas sa loi à son créancier.
Article paru dans l'édition du 16.01.08 | |
| | | Alain BERTIER
Nombre de messages : 2692 Age : 85 Localisation : DREUX Date d'inscription : 07/12/2007
| Sujet: Re: L'économie britannique en difficulté Mar 15 Jan 2008 - 14:59 | |
| Ils n'ont d'autre choix que d'accepter, et en plus il faut dire merci, pour qu'ils reviennent si nécessaire! On peut être libéral, ça n'empèche pas d'être poli. | |
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