et si elle venait par là
Les députés UMP entrent en dissidence ...Non seulement ils sont obligés d'assumer des mesures impopulaires sur le terrain, mais en plus on considère leur Assemblée comme une vulgaire chambre d'enregistrement. La révolte gronde! [/url] L'Assemblée. (Photo david reverchon, flickr, cc)
«Peu de voix se sont élevées sur l'Afghanistan parce que la plupart des députés UMP n'ont pas de couilles au cul !» Le diagnostic est signé Jacques Myard, député UMP des Yvelines et un des grognards en chef de l'Assemblée nationale. Depuis quelques semaines, les 312 soldats du bataillon présidentiel commencent à trouver la campagne des réformes trop boueuse, trop brutale, voire carrément contre-productive dans la reconquête de l'opinion. Le rythme des réformes, Blitzkrieg engagée par le nouvel exécutif contre
«l'inertie» politique que Sarkozy a dénoncée pendant toute sa campagne, met aujourd'hui les députés en porte-à-faux vis-à-vis de leur électorat.
Assumer au niveau local la précipitation présidentielle «La réforme des hôpitaux est nécessaire et je milite pour sa mise en place depuis des années, insiste Jacques Domergue, député de l'Hérault.
Mais si on ne fait pas un effort de pédagogie, on risque de provoquer une réaction négative de tous les acteurs.» De Pierre Méhaignerie à Jean-Pierre Raffarin en passant par Jean-François Copé, la pédagogie a fait florès.
Hervé de Charette. (DR)
Hôpitaux, casernes, allocations familiales, réduction SNCF... Les dernières réformes touchant directement les Français, les parlementaires se retrouvent coincés entre un calendrier parlementaire accéléré et des électeurs qui se sentent floués.
De l'ouverture dans la contestation Si le noyau dur des villepinistes continue de mener la critique la plus frontale de la politique de réforme, toutes les sensibilités du parti présidentiel prennent désormais part à la critique, par petites touches ou au mortier. Hervé de Charette, président du club centriste Convention démocrate, a ainsi écrit à Nadine Morano pour la mettre en garde contre la
«colère légitime» que pourrait soulever son projet de supprimer une des majorations des allocations familiales.
Sur le même sujet, Jacques Myard, gaulliste conservateur, convoque sa verve critique :
«Les allocations familiales sont un vrai élément de la politique industrielle du pays et il n'y a que ces imbéciles de technocrates pour dire que cela ne sert à rien.» Nouvelle performance de Sarkozy : de la droite au centre en passant par les libéraux, il a amené de l'ouverture dans la contestation.
Jacques Myard.(DR/Assemblée nationale)
Tétanie institutionnelle Pour le gaulliste indépendant Nicolas Dupont-Aignan, rien d'étonnant à cette grogne :
«Quand on traite mal les députés, qu'on les humilie, qu'on les méprise, il ne faut pas s'attendre à autre chose.» Car les élus, qui ont trimé pour soutenir le candidat, espéraient en retour un peu de considération. Au lieu de cela, la majorité présidentielle est réduite au rôle de chambre d'enregistrement.
Et le renforcement de l'Assemblée nationale promis par le candidat Sarkozy ? Pas le temps : entre le dernier retour de vacances et le 14 juillet, les députés auront à débattre, amender et voter une dizaine de
«réformes majeures» (statut des fonctionnaires, ports autonomes, prisons…) rappelait Roger Karoutchi le 24 mars dernier. Un délai
«très court» reconnaissait le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement.
Les députés de la majorité ont l'impression qu'on les a oubliés. D'un mois sur l'autre, Copé est le défenseur de leur cause ou le grand absent. Quant à Karoutchi,
«sa priorité a toujours été à ses magouilles personnelles», peste un élu qui remarque que le secrétaire d'Etat se préoccupe plus du Grand Paris que du grand parti.
Une dissolution, comme Chirac? (Photo Jim Moran, flickr, cc)
Un temps à dissoudre la Chambre ? Du côté de l'opposition, on minimise l'ampleur de cette grogne :
«Il y a bien quelques contestataires comme Myard pour défendre les avancées de de Gaulle, concède Jean-Claude Sandrier, président du groupe Gauche démocrate et républicaine,
mais ils sont surtout d'accord pour hurler sur ceux qui, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, soutiennent des mesures de gauche.» Au sein de l'UMP, Dominique Paillé, conseiller de l'Elysée et ancien député lui-même est encore plus sévère :
«J'ai été 20 ans parlementaire et durant tout ce temps j'ai entendu des élus avoir des états d'âme : les députés disposent de tous les outils pour s'exprimer et infléchir les textes mais ils ne les utilisent pas !» En fait, beaucoup se sentent abandonnés au milieu du gué : plus de chef, plus de ligne, plus vraiment de parti.
«Certains députés conservateurs ne savent plus où ils habitent, raconte Nicolas Dupont-Aignan.
Ils ont fait campagne pour la Ligue du Nord et on leur sort un seau de gauche caviar!» Les mesures d'économies brisent ainsi certains fondement d'égalité sociale partagés par tout le spectre de l'UMP : politique nataliste, protection sociale, etc.
«S'il faut trouver des économies, moi je vais vous en trouver des économies, dans les structures de l'Etat par exemple : mais ne coupez pas l'aide aux familles !», supplie un député. Preuve de cette désorientation, le silence des députés de la majorité lorsque l'exécutif les a tout bonnement zappés en décidant seul d'envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan.
«Si on continue, Sarkozy n'aura plus d'autre choix que dissoudre l'Assemblée», tonnait le villepiniste Jean-Pierre Grand. De fait, pour beaucoup, la situation rappelle les début du premier mandat de Jacques Chirac quand, en 1997, Juppé n'écoutait plus les parlementaires pour appliquer le programme. Une situation qui avait justement mené le président de la République à une solution radicale. Sarkozy suivra-t-il l'exemple de Chirac face à la révolte de ses troupes ?
Lundi 21 Avril 2008 - 00:53 - source marianne
Sylvain Lapoix
je n ai pas voulu ouvrir un post dissolution mais qui sait....