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François Bayrou est-il victime de l'exigence de violence des peuples ?
Par blog , le 22/06/2008 (526 )
Une analyse des difficultés rencontrées par François Bayrou pour imposer son idée de centre:
"Lisant à la suite des textes de René Girard et de Thierry de Montbrial, je me suis demandé si le problème du centre, tel que rêvé par François Bayrou (en tant que lieu pacifié d'exercice du pouvoir, rassemblant les compétences), ne butait pas sur une exigence de violence des peuples.
Violence que l'alternance manichéenne droite/gauche comblerait, en servant de mécanisme cathartique, avec un ennemi remplissant la fonction girardienne de bouc émissaire.
En somme, on ne pourrait pas s'interroger sur le centre seulement d'une façon rationnelle, relativement aux bienfaits possibles pour la réforme du pays, sans prendre en compte les pulsions en jeu dans la politique.
La conclusion rejoint l'argumentaire de ceux, nombreux, expliquant pendant la présidentielle que «l'alternance droite / gauche est absolument nécessaire«, mais ici, avec René Girard et Thierry de Montbrial, ce n'est pas sous l'angle «équilibre des pouvoirs politiques«, mais sous l'angle «psychologie des peuples«. (Page2007)"
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"Thierry de Montbrial consacre deux pages à René Girard, dans l'Action et le système du monde (PUF p. 199-200).
Quelques extraits et commentaires (avec une application au concept de centre défendu par François Bayrou).
Thierry de Montbrial :
«Posons-nous à ce stade la question plus générale de savoir ce qui peut préserver une société de la décomposition violente.«
«(Pour René Girard), expulser le sacré, liquider le religieux, c'est préparer le retour de la violence.» (La fonction du sacré étant d'assurer la catharsis de la violence).
Thierry de Montbrial n'est pas d'accord, et voit dans l'alternance politique un fusible suffisant, assurant la fonction cathartique, au sein d'un système libéral émancipé du sacré:
"l'alternance politique, mécanisme cathartique s'il en est".
Relier cette fonction à l'analyse girardienne de la violence constitutive des sociétés, éclaire d'un jour nouveau les haines politiques partisanes:
bien loin d'exprimer seulement la crainte d'une politique précise, et de pouvoir se résoudre par un accord sur le programme politique, la violence politique partisane serait l'équivalent moderne du sacrifice sacré dans les sociétés primitives : une violence nécessaire, indépassable, assurant la catharsis de toutes les violences étouffées.
S'il en était ainsi, cette violence dialectique, trouvant sa résolution dans l'exigence d'alternance, expliquerait l'impasse du centre, et rendrait impossible la conception d'un centre tel que rêvé par François Bayrou : un lieu pacifié d'exercice du pouvoir, rassemblant toutes les compétences.
Ce centre ne répondrait pas aux exigences de violence des peuples. Il ne remplirait pas la fonction cathartique de l'alternance manichéenne.
Le mépris contenu dans l'expression courante : «centre mou«, renverrait à l'exigence de violence sacrée."
la suite ici( interessant)
http://www.lepost.fr/article/2008/06/22/1212371_francois-bayrou-est-il-victime-de-l-exigence-de-violence-des-peuples.html