Info MARIANNE : Martine Aubry, cent jours à la tête du PS04/03/2009 17:53
Première femme à accéder à la tête du PS, Martine Aubry a réussi en cent jours à "asseoir son pouvoir" et à restaurer l'unité, assurent ses partisans qui s'exclament "heureusement qu'elle est là!", alors que d'autres déplorent un PS "sans ligne directrice".
Le 25 novembre, après un Congrès délétère et une élection controversée, la maire de Lille avait pris la direction du premier parti d'opposition, grâce à une poignée de voix d'avance sur sa rivale Ségolène Royal.
Il a fallu trois mois pour que le rassemblement, au moins de façade, soit opéré avec les "royalistes", désormais dans la direction. Vincent Peillon, proche de l'ex-candidate à l'Elysée, commente auprès de l'AFP: "Vu la brutalité, le rassemblement est allé plus vite que prévu. C'est un bon point".
"Pendant 100 jours", tempère un fin connaisseur du PS, "elle a payé la faute initiale de ne pas avoir fait la synthèse avec les royalistes dès le jour de son accession". Elle aurait dû faire un "Yalta" avec Ségolène (49,98%). "Ses 100 jours, qui auraient dû être dédiés à l'opposition et la contre-proposition, ont été parasités par les débats récurrents: les royalistes vont venir, pas venir?".
Sur les Européennes, "Martine a voulu des listes à la proportionnelle stricte", "un choix politique majeur", selon l'eurodéputé Peillon pour qui "elle a réussi ce rassemblement", avec le vote massif sur le texte d'orientation et sur les listes.
"Elle a résolu la plus grande difficulté qui est la division du parti, dit-il. "Quand vous voyez d'où on part fin novembre !", lance-t-il.
Mme Aubry a certes affiché cette "unité" retrouvée, mais selon un membre de la direction, la constitution des listes a fait "exploser tous les courants, y compris le C (Hamon) et le D (Aubry)". Des "grincements" de candidats évincés ou inéligibles se font entendre mais les militants devraient valider la plupart des listes le 12 mars.
La patronne du PS a "bénéficié" également du mouvement social avec la grève du 29 janvier. Le parti "a été porté comme force d'opposition et le contre-plan de relance a été son affirmation", relève un cadre.
Mais, accusent certains, "il n'y a pas de ligne politique du PS. De Benoît Hamon (son porte-parole, à gauche du Parti, 18,5% au Congrès) aux amis de François Hollande, de Laurent Fabius à Ségolène, elle est prisonnière de toutes ses alliances de courants".
M. Peillon modère ce propos: jusqu'à fin 2008, certaines prises de parole s'écartaient certes du "centre de gravité du parti", mais après janvier, "les choses se sont corrigées".
Certains socialistes pointent également une direction "pléthorique" - quelque 80 membres. Il faut que "Martine arrive à ne pas être simplement une agrégation de sensibilités", préconise une voix critique.
Pour Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national, qui avoue une "lune de miel" avec Martine Aubry, "elle se débrouille très bien, asseoit son pouvoir".
Le fabiusien Claude Bartolone, membre de la direction, égrène ses réussites: vote à l'unanimité moins une voix d'un texte sur le Proche-orient, "inédit au PS", position unique sur la réforme Balladur, mise au travail de "tout le PS et ses experts" pour le plan anti-crise.
"Franchement, en trois mois, remettre le parti au travail comme elle l'a fait ! Heureusement qu'elle est là !", lance-t-il, jugeant que les sondages d'opinion marquent un retour d'affection pour le PS.
François Hollande était omniprésent médiatiquement. Elle a choisi de se faire rare. Stratégie payante: Mme Aubry arrive deuxième du palmarès politique Opinionway derrière François Bayrou.