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Cinq questions à... Serge Moati 01/09/09 18h20
Aux manettes d'une nouvelle émission sobrement baptisée
Cinémas, Serge Moati tentera de décrypter le 7e Art pendant 57 minutes tous les samedis à 17h55 sur France 5. L'animateur multicartes nous parle de ce nouveau défi, de ses projets et revient sur l'arrêt de
Ripostes, son émission de débats politiques stoppée net après 10 ans de bons et loyaux services.
Alors que les émissions de cinéma sont rares et peinent à trouver leur public, la direction de France 5 voudrait atteindre au moins les 700 000 téléspectateurs avec Cinémas. Ressentez-vous une quelconque pression ?Aucune, j'ai passé l'âge, même si je vais faire de mon mieux, évidemment. Moi, mon but, c'est de redonner de la passion et de l'intérêt pour le cinéma. Jamais le 7e art ne s'est aussi bien porté en France : les entrées de juillet, notamment, ont atteint des records, plus de 20 millions de tickets vendus. Alors que l'engouement est fort, bizarrement, il n'y a pas d'émission de cinéma, ou peu. Donc, la direction et nous-mêmes, nous sommes partis de cette réflexion pour redonner un peu de passion et de corps à ce type de programme. De la passion, c'est-à-dire en parler avec passion, et du corps, donner des choses à voir, à entendre, à découvrir.
Comment éviter le jeu de la promotion, devenu la norme à la télévision ?Si je le savais, je vous le dirais. Je vais essayer mais c'est vrai que c'est très compliqué. Les artistes viennent défendre un film et n'ont pas envie de se faire étriller : c'est parfaitement compréhensible. Comment dépasser la promotion ? Comment ne pas tomber dans le pensum ? Il faut naviguer à vue et donner aux gens le goût du cinéma en train de se faire. On a une séquence dans l'émission intitulée "Instant de création" où l'on découvre vraiment le film en phase de construction. Ce n'est pas un simple making of car on y voit le metteur en scène s'acharner, refaire des prises (samedi, cette séquence sera consacrée au tournage de
la Rafle de
Roselyne Bosch, NDRL). C'est quasiment du "no comment". Un autre moment de l'émission est dédié à un artiste et à sa filmographie. On le suit pendant quatre semaines, comme un feuilleton. On commence avec
Gérard Jugnot : on s'embarque avec lui pour une traversée de 30 ans de cinéma.
Outre des rencontres en plateau, des reportages, vous débattrez d'un fait de société en lien avec le 7e art. Samedi, pour la première, ce sera "l'homosexualité et le cinéma". On retrouvera donc un peu de Ripostes dans votre émission...Je n'ai pas changé, comme dirait
Julio Iglesias... Lors de la première, une de mes invitées, la journaliste
Caroline Fourest, que j'adore, déclare qu'elle a découvert son homosexualité grâce à un film. Je veux montrer l'importance du cinéma dans nos vies. En ce moment, on parle beaucoup du
Prophète. C'est un film qui me fascine et même si le réalisateur
Jacques Audiard réfute cet aspect, c'est également un grand documentaire sur l'univers carcéral. Donc là, les liens entre cinéma et vie réelle sont évidents.
Après 10 ans de succès, Ripostes a été déprogrammée brutalement. Vous sentiez le vent tourner puisque vous aviez proposé une émission culturelle sur France 2 pour remplacer celle de Daniel Picouly le vendredi soir... J'ai été contacté, comme trois autres producteurs dont
Franz-Olivier Giesbert. C'est mon métier de répondre à ces appels mais je leur avais dit : "ma priorité, c'est
Ripostes". J'étais abasourdi quand on m'a annoncé l'arrêt de l'émission car elle marchait encore très fort. En dix ans d'existence,
Ripostes était regardée en moyenne par 1,3 million de téléspectateurs. Certes, les derniers chiffres étaient moins bons mais en fait, c'est l'audience générale de la chaîne qui baissait. Vous avez remarqué, plus personne ne parle de cela : j'ai tous les chiffres donc la polémique s'arrête là. Qu'on change d'émission, c'est leur affaire, ils auraient pu simplement me prévenir avant...
Je souhaite évidemment bon vent à
Nicolas Demorand, qui est un type très bien (il le remplace avec
C politique, une nouvelle émission... politique, NDLR). Je l'ai dit à l'antenne, je ne peux pas faire plus. Il hérite d'un truc qui marche bien et je lui souhaite le meilleur. De mon côté, je continue à parler de politique à la radio, le vendredi sur
Europe 1 (
Vendredi c'est Moati, trois minutes d'édito à 8h13, NDLR) et j'ai une chronique dans
le Journal du Dimanche. J'ai jeté l'amertume avec l'eau du bain.
Vous êtes très actif en tant que producteur et votre docu-fiction sur le général de Gaulle sera bientôt diffusé sur France 2. Vous pouvez nous en dire plus ?J'ai tourné ce film cet été. C'est
de Gaulle en Algérie, de sa prise de pouvoir en 1958 jusqu'à la fin de la guerre d'Algérie en 1962. Ce sera un mélange d'archives et de scènes avec des acteurs, comme je l'avais fait avec
Mitterrand à Vichy.
Patrick Chesnais, en général de Gaulle, est vraiment extra. Je doutais au départ car il ne ressemblait pas physiquement au général. Mais finalement, j'ai préféré choisir le grand acteur plutôt que la ressemblance. Côté projet, je travaille sur un docu sur les SDF, la production d'une nouvelle saison de
Mafiosa pour Canal + et de deux séries policières pour France 2,
Un Flic et
Ortéguy ... Et je suis en train de réaliser une enquête sur...
Orange. Vous allez apprendre plein de choses sur votre propre maison !
Propos recueillis par Magali Hamard (Plurimedia) pour le compte d'Orange.
commentaire perso :Je n'ai pas pu m'emêcher de mettre cet article en ligne ...Ceux qui, comme moi, aiment serge moati apprécieront.Que les grognons passent leur chemin.