2009 : Un palmarès exceptionnel pour le chef suprême
"Quand il se couche le soir (étant donné qu’on sait ce qu’il se dit en se rasant le matin), Bayrou doit se dire avec une pointe d’autosatisfaction : Putain, je les ai bien niqués ces cons ! Evidemment, vous aurez compris que les cons en question, ce sont ses adeptes, des simples adhérents aux cadres les plus proches, vous et moi pour faire simple. Oui, il doit se dire un truc comme ça, c’est pas possible autrement, tant ce qu’il nous fait avaler n’est plus de domaine de la couleuvre mais de l’anaconda.
Alors en hommage à ce grand expert de la manipulation des masses fanatisées, créateur d’un courant très personnel, le MSRD-JBLC (Moi les Status, le Règlement et la Démocratie, Je m’en Bats les Couilles), voici un retour sur une année exceptionnelle, une année qui aura marqué à la fois les annales de la démocratie française et la partie anale de supporters du MoDem.
- Janvier : Alors que la jeune fille s’est faite niquer (au sens figuré du terme) pour les législatives, les municipales et les élections internes, Bayrou propose à Quitterie Delmas une tête de liste dans la région centre pour les prochaines européennes, prenant ainsi la nièce de De Villepin un peu plus pour une truffe. Elle claquera la porte quelques jours plus tard.
- Février : Alors qu’il a fait bosser Christophe Ginisty et des équipes de bénévoles sur une nouvelle plateforme Internet et que tous ces gens là avaient accepté de travailler gracieusement, c’est-à-dire sans que cela ne coûte le moindre centime au MoDem, Bayrou mandate la web agency de Nicolas Voisin pour faire la même chose en lui filant un chèque d’une dizaine de milliers d’euros. Ginisty l’apprend pendant qu’il est en vacances au ski, au moment où Bayrou a prévu d’organiser une conférence de presse dans le dos de ce dernier.
- Mars : Bayrou refuse d’organiser une convention pour les régionales de 2010 malgré le rappel de certains de ses conseillers. Alors que les statuts le prévoient et l’exigent, Bayrou se met en colère et refuse d’organiser la moindre manifestation interne pour préparer les régionales de 2010. “On s’en fout, on le fera le plus tard possible”. Il ne veut parler que d’Europe et organise le 29 mars une grande convention pour lancer la campagne européenne. Les têtes de liste sont dévoilées, y compris pour elles-mêmes car tout s’est décidé en secret, entre Bayrou et de Sarnez. Même le bureau exécutif n’a pas été consulté, contrairement à ce qu’affirmera le communiqué de presse.
- Avril : Son éditeur, Plon, lui avait pourtant recommandé de le sortir à la rentrée de septembre. Il n’en est pas question, Bayrou exige de faire de ce nouvel opus une arme médiatique et électorale et c’est ce mois qu’il choisit pour sortir Abus de Pouvoir. En quelques jours, le livre est en tête des ventes et Bayrou à nouveau la star des médias. Il jubile et en redemande. Le même mois, il annonce les listes pour les régionales. Des surprises à tous les niveaux et notamment des gens qui n’avaient jamais fait acte de candidature pour l’investiture se retrouvent retenus. Parce que le chef l’a décidé et qu’on s’en fout de la procédure de sélection à la Vanlerenberghe. Le Conseil National est prié de valider à la hâte. Lors d’une réunion de ce dernier, alors que Sylvie Goulard fait une réflexion que le chef suprême n’apprécie pas, il claque la porte du Conseil National et va se réfugier dans son bureau du 2ème étage. Il faudra toute la finesse diplomatique de Gargamel, alias Lehideux pour le faire revenir 15 minutes plus tard.
- Mai : la campagne est morne et triste. Partout en France les “cafés démocrates” sont déserts, seuls les membres actifs des sections se mobilisent encore. On ne voit plus de sympathisants qui sont restés chez eux, gênés de servir la soupe à la formation d’un homme qui n’a pour unique ambition de devenir président en 2012 et qui n’incarne qu’une posture d’opposition systématique et critique. Bayrou et De Sarnez font leur numéro de duettistes dans les médias mais se ringardisent chaque jour un peu plus.
Juin : Jeudi 4, la France entière découvre le chef suprême de la secte démocrate perde les pédales face à Cohn-Bendit. Un coup de poker prémédité la veille avec son conseiller politique spécial, Philippe Lapousterle, grâce à l’intervention d’une adhérente d’Ile de France, Marianne Kraft. Vendredi 5, Bayrou rencontre la presse dans la cour du siège du MoDem, s’enfonce un peu plus en se livrant à une stratégie de défense misérable. Dimanche 7, le MoDem se prend une raclée historique dans les urnes. Semblant ne tirer aucun enseignement de cette séquence, Bayrou s’enferme dans un mutisme qui va chatouiller ses adhérents. Le 18 juin, Ginisty lance ses Promoteurs et ose défier publiquement Bayrou dans une lettre ouverte qu’il rendra exagérément publique.
Juillet : Un conseil national se tient le 4. Bayrou s’en prend plein la gueule et les conseillers nationaux se lâchent enfin pour critiquer leur chef suprême. Profil bas pendant près de 5 heures et encaissage de mandales avant de s’en sortir par une série de décisions qui emboitent les pas de Ginisty mais qui vont au-delà en promettant notamment des primaires pour la désignation des têtes de liste pour les régionales.
Août : Alors que les adeptes attendent toujours une note d’orientation stratégique promise par Bayrou, on découvre dans les médias que Mémé De Sarnez est allée claquer la bise à Peillon et s’est faite photographier en chemise blanche aux côtés de Cohn Bendit et de Robert Hue. “Plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous divisent”, la messe est dite, le cap à gauche est acté à la une de toutes les gazettes. Bayrou qui avait promis de consulter s’essuie le popotin avec cette promesse en envoyant son “double” faire la photo.
Septembre : Université de rentrée. Bayrou justifie comme il peut la barre à gauche. Il tient un nouveau conseil national qu’il expédie par manque de temps (il arrive avec 45 minutes de retard et doit conclure pour aller prononcer son beau discours). Plus de primaires pour les investitures aux régionales. Enterrées les décisions du 4 juillet, circulez, y’ a rien à voir. Pour donner le change, il autorise, magnanime, un groupe de travail sur la création d’un fond de solidarité pour certains cadres de province. Bien oui, ça fait deux ans qu’ils casquent pour la secte, il serait temps de les aider. Dans un discours de clôture chiant comme la mort, plat et creux, un genre de discours qu’on a déjà entendu 100 fois, il lance son offre public de dialogue à toutes les formations d’opposition. Il est content, la petite phrase est reprise par les médias.
Octobre : Bayrou a repris ses esprits et la secte se remet en marche. Finie l’attitude compatissante du lendemain des européennes, finies les bonnes intentions, le gourou est reparti comme en 14. Il est d’une humeur exécrable et multiplie les attaques contre ses opposants en interne. Il s’agace notamment de cette vague d’adeptes qui lui réclament des primaires pour les régionales. “C’est moi qui décide, je suis le Président”. C’est le leitmotiv qu’il choisira d’adopter lors d’un conseil national de 24 octobre, conseil houleux au cours duquel il fera fermer sa gueule à chacun des orateurs. Quelques jours auparavant, Ginisty a démissionné. Le seul type qui s’était publiquement élevé contre lui est dehors. Bon débarras !
Novembre : Do-Do est arrivé ! Alain Dollium est investi à la hussarde par le chef suprême. Un militant qui n’a jamais milité, un chef d’entreprise qui n’a jamais réussi, un type dont la profondeur de vision politique est du domaine de la flaque d’eau, mais un type qui est choisi pour sa gueule (une vague ressemblance à Obama/Roselmack) et pour son pognon puisqu’il accepte de s’endetter personnellement pour mener campagne en promettant des outils technologiques du 21ème siècle.
Décembre : Congrès d’Arras et vote des militants pour valider les investitures imposées par le chef suprême. On ne connaîtra jamais les taux de participation et on n’aura jamais la moindre garantie quant à la fiabilité d’un scrutin organisé par un ancien fidèle et dans la plus stricte opacité. Mais Bayrou se fout de ce genre de détails. La Chine communiste avait son petit livre rouge, la secte a désormais son petit livre orange. La belle affaire ! Un recueil de jolies pensées sur le thème “les méchants, c’est pas bien”
Voilà une année 2009 telle qu’on pouvait la résumer. C’est époustouflant de réaliser que ce type a encore des adeptes à ce point fanatisés. Il peut faire toutes les conneries du monde, des gens le suivent encore avec un aveuglement suspect. Moi, ça me laisse sur le cul.
Allez, que cela ne nous empêche pas de nous claquer une bise virtuelle et de nous la faire bien belle pour 2010. Je vous envoie des poutous partout. A l’année prochaine !"
Chevalier orange