- Jean-Luc a écrit:
- Ce Yann Algan, il n'a pas un frère prénommé Épher ?
Il intervient après, pour les maux de tête.
Moi, j'aime bien son analyse, peut-être pas facile à faire passer. J'y vois la retranscription de maux de la société française. De mon point de vue, nous ne nous faisons pas confiance entre nous, nous nous défions de nos voisins (Europe) et des étrangers, et nous n'avons pas confiance en nos propres capacités (nous nous dénigrons). Alors nous cumulons des handicaps. Par exemple en entreprise, où il faut faire ses preuves ou être dans un réseau relationnel (références), alors que dans d'autres pays, la confiance est accordée a-priori.
Je retranscrits ce que j'ai compris
- Pour arriver au sommet, il est nécessaire d'être corrompu: confiance dans les valeurs démocratiques et de la reconnaissance des mérites individuels. "Défiance sur les capacités à réussir tout en respectant les règles du jeu" => en France, pour réussir, il faut jouer aux Tapie et cie.
-Aucune confiance en la justice: idem entreprises, partenaires sociaux, institutions (politiques).
- En règle générale, il est possible de faire confiance aux autres: on se défie de quelqu'un que l'on ne connaît pas.
Ce manque de confiance a un impact au niveau économique. Il cite Kenneth Arrow (1992): «
Tout échange, toute activité économique nécessite une relation de confiance, de telle sorte que l’ensemble du retard économique d’un pays peut s’expliquer par les relations de défiance »
(j'ai retrouvé un cours ici: http://www.supportscoursenligne.sciences-po.fr/2007_2008/y_algan/cours8.pdf; Appeler Epher à l'aide si besoin
)
Il corrèle le niveau de confiance entre citoyens et la part de PIB réinvestie.
Il souligne l'impact de l'existence d'une relation de confiance et la faculté de délégation et d'adaptation au contexte, qui sont nécessaires dans les secteurs à forte intensité d'innovation technologique. L'investissement dans l'Enseignement Supérieur et la Recherche et dans l'innovation technologique est le plus umportant dans les pays où le niveau de confiance inter-individus est le plus élevé (pays nordiques).
Il effectue une corrélation entre le niveau de régulation (transcrit par le nombre d'étapes nécessaires pour créer/gérer une entreprise) et le niveau de défiance de la population (crainte d'externalités négatives impliquant réglementation).
Cela se traduit dans la difficulté à créer une véritable sécurisation des parcours professionnels, en allouant des indemnités élevées aux chômeurs. Les Français sont majoritairement persuadés que les chômeurs ne recherchent pas d'emploi, alors que les études démontrent l'inverse (Credoc)
Un autre exemple donné est celui de la réforme des universités. Un pouvoir décentralisé, ici au niveau de l'Université, est plus craint que celui de l'Etat.
Il explore le coût social de la défiance. Il établit la relation entre niveau de confiance et sentiment de bonheur, puis avec le sentiment d'anxiété, en fonction des pays. Il l'explique par le fait que nous vivons dans une société de risques (sanitaires, perte d'emploi), et que nous ne faisons confiance ni aux autorités gouvernementales, ni à nos concitoyens, pour gérer ces risques.
Comment restaurer la confiance:
Nécessité de la régulation par l'Etat des différentes activités. Le niveau de confiance évolue (crise financière, choc de la dérégulation dans les pays de l'Est qui correspond à une hausse des incivilités et la la défiance). La transparence est nécessaire, avec une "régulation efficace" (troisième voie).
- Recommandations:
1- Politiques extrêmement égalitaires et transparentes (coopérateurs conditionnels). L'égalité de l'opportunité est la clef de la restauration de la confiance. Les pays où les inégalités sont importantes sont aussi ceux où le niveau de confiance est relativement faible. Il insiste sur le poids de la fiscalité progressive pour restaurer la confiance
3- Création d'une démocratie sociale et politique. Dans l'entreprise, où le niveau de coopération dans les relations de travail est corrélé au niveau de syndication des salariés. Les deux sont très faibles en France. Or la démocratie sociale est nécessaire pour établir une coopération. D'où le besoin de syndicats forts, représentatifs dans l'entreprise et transparents.
Il insiste sur l'importance de l'éducation. Il y a corrélation entre niveau moyen d'éducation et indice de confiance. L'investissement dans l'éducation est donc important. Mais au niveau de l'éducation, il est surtout important de développer des comportements pro-sociaux. Sur ce plan, la France a un certain handicap. L'enseignement français est stigmatisant: "
si vous ne faites pas une grande école, c'est que vous avez raté votre vie". Les compétences cognitives sont favorisées par rapport aux compétences
collaboratives, lors des premières étapes de la scolarisation.