Certains sont étonnés que j'ai pu côtoyer des gens d'extrême gauche et d'extrême droite... Conformément à la tradition je pense que ce qui est vivant est dialectique. C'est je pense indéniable. Même si l'origine de la vie ne vient pas de la dialectique, le vivant est devenu dialectique pour évoluer parce que la vie est paradoxale, polarisée. Elle est paradoxale, c'est à dire non dualiste et non moniste. Le dualisme suscite le fanatisme et la guerre. Le monisme élimine toute opposition, donc tout paradoxe. Il risque ainsi d’éliminer la vie et les sentiments.
Le “non-dualisme” du druidisme évite ces deux extrêmes. Il envisage les oppositions conflictuelles simultanément, dans l’unité d’un principe commun. Ils se retrouvent donc contenus, non plus comme opposés, mais comme complémentaires, par une sorte de polarisation nécessaire qui n’affecte en rien l’unité essentielle du principe commun.
Ce sont ces situations existentielles, paradoxales, comme la simultanéité du « jour et de la nuit », du « visible et invisible », « bien et mal », « extrême gauche et extrême droite », « chaud et froid », « vie et mort », "hommes et femmes", État et société", "autorité et liberté" etc... que la logique française du rationalisme moderne a du mal à vivre. Elle a donc préféré les considérer comme des oppositions irréductibles.
Il est clair que s’est imposé le choix français de la raison comme unique voie de connaissance. Cela nous a éloigné du paradoxe de la tradition celtique. L’incapacité de vivre des situations existentielles paradoxales a été engendrée par la perte de la vision celtique traditionnelle. Elle nous a fait accepter des idéologies politiques françaises rassurantes, des dogmes intolérants gauchistes ou droitistes pour nous neutraliser. Nous y sommes assistés et protégés au détriment de notre combativité individuelle, et de notre capacité à résister.
L'excès de raison rassure. Mais il rend fragile. Il a fait fleurir partout ces idéologies politiques françaises de « gauche » ou de « droite » qui tranquillisent... La Recherche du Centre permet d'avancer dialectiquement, en transcendant les polarités, en s’installant au coeur des couples de contraires. Elle implique de ne pas séparer l'un de l'autre, ni de choisir définitivement l'un OU l'autre. La conscience est alors libre de se placer dans un “tiers inclus”, au sein de l’ « unité totalité paradoxale » de la « coincidentia oppositorum » de nos ancêtres. Il s’agit donc, de voir la vie toujours de l’intérieur, du centre. Je l'ai compris personnellement en fréquentant des gens intolérants, violents, très différents et opposés, de l'extrême gauche à l'extrême droite. C’est beaucoup moins confortable mais beaucoup plus enrichissant !...
En effet, pour la vision druidique traditionnelle, la conscience ne se situe pas au-dehors, mais au-dedans des Choses. Nos égarements ne font que signaler notre « excentricité » de « désaxé », c’est-à-dire la perte de notre centre, de l'axe de notre roue, de notre croix druidique... Cette quête du centre est généralement appelée “voie du dedans”, ou "voie du coeur" par la Tradition en général et celtique en particulier. Là est notre différence, notre particularité. N'est-ce pas l' identité historique du centrisme ?...