Je ne crois pas qu'il y ait une véritable volonté politique dans l’existence des ghettos, du moins à notre époque.
Il faut vraiment, et ce n'est pas facile, se remettre dans le contexte de l'époque pour comprendre le sens entier du ghettos de Venise. Il y a des notions qui nous échappent totalement aujourd'hui, et j'aurai tendance à résumer de la sorte: ce ghetto était une espèce de "quarantaine", usage très courrant jusqu'au 19ème siècle.
Quarantaine d'abord sanitaire, puis culturelle et économique. Bien plus qu'aujourd'hui, il était absolument vital de préserver une culture et une économie locale. Il fallait s'assurer d'abord de la bienveillance des migrants, et puis que leur culture économique et sociale n'ait pas d'effet dévastateur.
Quand on s'interresse à l'écologie, on voit que la mondialisation perturbe les écosystèmes. Des espèces végétales et animales prolifèrent à tels ou tels endroits, détruisant l'écosystème, temporairement, mais à l'échelle de plusieurs dizaines ou centaines d'année.
Ce qui vaut à la faune et la flore vaut à l'Homme. Le mélange des ethnies et des cultures dans la dimension ou nous la vivons, provoque des phénomènes similaires. Non pas que cela se passe mal globalement, je trouve que ça se passe plutôt bien relativement à l’ampleur et la brutalité des migrations. Cela grâce à l’interconnexion économique des pays ou continents, qui heureusement mets en avant le fait que la paix est plus propice à l'opulence que la guerre.
Mais observons que dans la nature, la guerre a lieu: les frelons asiatiques, les ragondins, les moules tranchantes dans les lacs Suisses, les écrevisses américaines dans les marais de l'Ouest, le phylloxéra (ça c'est réglé), l'oxalis (espèce de trèfle qui multiplie sa racine bulbeuse à une vitesse affolante)... on pourrait en citer...
Ce qui est donc vrai pour la nature reste vrai pour l'Homme, puisqu'il en fait parti intégrante en tant que faune.
Dans la notion du ghetto, il n'y a pas que l'hôte qui cherche à se protéger d'une invasion. Le migrant est aussi dans un stress de l’inconnu, et je pense que la nécessité de séparation se fait ressentir par les 2 parties, au moins temporairement. Le ghetto est donc aussi du fait propre du migrant. C'est d'autant plus vrai que les migrants de diverses origines ne se mélangent pas non plus entre eux, ou peu.
Tout cela est donc assez naturel, et ne mérite pas de fouetter un chat. Toute accélération de l'évolution provoque des crises, et ça nous occupe, puisqu'on en parle.
Les voyous développant une économie parallèle et prohibée sont des créateurs de ghettos, effectivement. Est ce eux qui refusent la société, ou la société qui les refuse? Les deux mon général. Une société trop normative multiplie les possibilités d'échec d'insertion. Et des systèmes moins normatifs voient le jour, c'est extrêmement logique. Le travail au noir n'est rien d'autre qu'un refus viscéral des normes, la vente de drogue en est un. Vendre un médicament contre le mal de vivre, sans taxes, addictif, mais pas remboursé par la sécu. Terrible comme business! Clientèle inépuisable, en migraine chronique normative!
Par ailleurs, je me répète, nous avons, collectivement, la fichue manie de donner beaucoup trop d'importance à notre classe dirigeante, et de la responsabiliser de tout. Perso, j'ai toujours en mémoire que la Belgique est restée sans gouvernement pendant presque 1 ans, et qu'elle ne s'en est pas portée plus mal. Un orchestre philharmonique digne de ce nom, est capable de jouer de la musique sans la baguette en queue de pie qui gesticule sur une estrade, et qui content de tout se bruit, fait des courbettes à la foule pour montrer que le son vient de lui.
C'est donc la société civile qui est responsable de tout, devant elle même, ou devant le créateur, selon la confession. Il faut cesser d'avoir des idoles et des icônes: nous en sommes toujours à prier les saint François, qu'il soit Mitterrand Hollande Bayrou ou le Pape, ou les saint Jacques et saint Nicolas... et les accuser de tous les maux quand ils n’exaucent pas nos rêves.
Nous sommes quand même incroyables: on veut du pétrole mais pas de fumée, on veut internet mais pas d'immigration, du nucléaire mais pas de déchets... oui vraiment, on pète et on se plaint que ça pue! Ce film aurait un titre excellent: "la métamorphose des cloportes".