Avec 2,3 millions de personnes incarcérées, 1% de la population américaine adulte se trouve derrière les barreaux. Un taux, révélé par le Pew Research Center, qui constitue à la fois un record dans l'histoire des Etats-Unis mais également dans le monde.
Le «International Herald Tribune» souligne que ce chiffre diffère de celui du ministère américain de la Justice qui est calculé sur l'ensemble de la population et non pas celle des adultes. Ainsi, selon le taux officiel, seul un Américain sur 130 est emprisonné.
Par comparaison, la Chine, avec une population de plus d'un milliard de personnes, arrive en deuxième position avec 1,5 million de prisonniers, suivie de la Russie avec 890.000 personnes détenues.
Sur la population globale, les Etats-Unis ont un taux de 750 détenus pour 100.000 adultes et enfants. A comparer avec un taux de 93 pour l'Allemagne et de 94,73 pour la France, selon les calculs de 20minutes.fr.
Tout le monde n'est pas égal face aux barreaux
Mais derrière ce chiffre emblématique de 1% se cache de fortes disparités ethniques. Alors qu'un adulte blanc sur 106 est incarcéré, c'est un hispanique sur 36 et un noir sur 15 qui sont en prison.
Le chiffre est encore plus frappant pour les classes d'âge inférieurs. Parmi les 20-34 ans, un noir sur neuf est derrière les barreaux.
Alors que les hommes sont dix fois plus susceptibles d'être emprisonnés que les femmes, la population carcérale féminine «progresse d'une manière beaucoup plus rapide» que celle des hommes, indique également le rapport de Pew. Mais là encore, les chiffres varient en fonction de la couleur de la peau. Ainsi, une femme noire sur 100 et une hispanique sur 297 sont en prison, contre une sur 355 femmes blanches.
Utile ou pas?
Malgré l'augmentation de la population carcérale, le taux de récidivistes reste relativement stable avec environ la moitié des détenus libérés retournant en prison dans les trois ans suivant leur libération.
«En dépit de tout l'argent déversé dans le système pénitentiaire aujourd'hui, il n'y a pas eu de résultats clairs et convaincants concernant la sécurité publique», indique Adam Gelb du Pew Center. Un point de vue que ne partage pas Paul Cassell, professeur de droit à l'université de l'Utah, qui indique dans le «Herald Tribune», que «le centre de recherches ne prend en compte que la moitié de l'équation et ne considère pas les bénéfices angibles: des taux de crimes plus faibles».
Il y a une vingtaine d'années, les 50 Etats américains dépensaient 10,6 milliards de dollars de leur budget pour le système pénitentiaire. Aujourd'hui, ce chiffre est de 44 milliards de dollars, soit 315% de plus.
La pression économique a conduit certains Etats à changer leur politique et à trouver d'autres moyens d'empêcher les délinquants peu dangereux de récidiver, comme des travaux d'intérêt général ou des systèmes de surveillance électronique, ajoute le rapport. C'est le cas du Kansas, précise le «Wall Street Journal», qui indique que cet Etat a ainsi pu différer la construction d'une rison de 190 millions de dollars à 2016.
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