Ce que pensent les adhérents du MoDemOn reproche souvent au Mouvement Démocrate, nouvelle formation politique construite sur les bases de l’UDF, de ne pas avoir un positionnement politique clair et surtout de ne faire que reprendre les idées des autres partis. C’est la conséquence d’une communication simpliste sur le « ni-ni », à savoir ni de droite ni de gauche mais s’inspirant de ces deux courants idéologiques voire faisant alliance avec l’un et l’autre comme lors des municipales 2008. Alors le MoDem est-il juste un « machin » politicien, comme disait De Gaulle, qui ne sert à rien d’autre qu’à bricoler des alliances pour obtenir un maximum de sièges ici ou là ? Ça n’est pas en tout cas ce qui a motivé jusqu’ici des dizaines de milliers de français à adhérer au Mouvement Démocrate et des millions d’électeurs à lui faire confiance. Mais alors le MoDem, qu’est-ce que c’est ? Et surtout qu’est-ce qu’il propose ? Depuis plusieurs mois des adhérents ont participé à de nombreux débats sur le site
Démocratie Directe, bien sûr ce n’est qu’un échantillon de 350 adhérents parmi les 80% d’adhérents internautes du MoDem. Voici les résultats à fin mars 2008.
Pour commencer nous allons nous intéresser à ces adhérents. Ils ont
principalement entre 18 et 65 ans avec une répartition égale sur toutes les tranches d’âge, restent 5% entre 66 et 75 ans et quelques jeunes pousses démocrates (1% de moins de 18 ans). Sans surprise
un quart habitent en Ile de France, ensuite en Rhône-Alpes (12%) puis PACA, Midi-Pyrénées, Bretagne, etc... Ils ont un
niveau d’études élevé puisque la moitié ont plus de BAC 3 et les deux tiers ont plus de BAC 2. Ils occupent d’ailleurs en grande majorité des
professions dites « intellectuelles », quant aux retraités et étudiants ils représentent 30%. La moitié se déclarent d’un
milieu d’origine moyen, les autres se répartissant entre milieu aisé et milieu favorisé (1% très défavorisé). Enfin
les hommes sont surreprésentés puisque les femmes ne représentent qu’un tiers des adhérents. Pour l’anecdote, la moitié n’a jamais fumé de cannabis de sa vie…
Concernant le fonctionnement interne du Mouvement Démocrate, 74% des adhérents
ne veulent plus du positionnement au centre mais un positionnement « démocrate ». En cas d’absence d’un candidat MoDem dans une élection, 73% souhaitent qu’il y ait un
appel à voter quand même, 46% préférant toutefois que le candidat MoDem recalé garde le
secret sur son choix personnel. Les consignes de vote ne sont d’ailleurs souhaitées que par 5% des adhérents… Et si au 1
er tour le
candidat MoDem ne leur plaît pas, 28% feraient un autre choix, 6% ne voteraient pas et 12% se décideraient au dernier moment, d’où l’importance des investitures. Un tiers pensent que
les centristes de droite et le MoDem ne sont pas compatibles, un autre tiers gardent l’espoir et le dernier tiers restent très confiants, donnée importante pour l’avenir de certains ex-UDF au sein du mouvement. Un tiers s’opposent à l’existence d’un
statut particulier des jeunes adhérents, les autres sont favorables pour diverses formules. A titre d’information, François Bayrou a toujours déclaré qu’il ne voyait pas l’intérêt d’un mouvement jeunes. Concernant ce dernier,
seuls 18% étaient favorables à sa candidature aux municipales à Pau, 25% auraient souhaité qu’il consulte les adhérents de Pau au préalable mais les deux tiers ne souhaitaient pas qu’il se lance en tant que tête de liste. Par ailleurs 44% seraient favorables à la
participation du béarnais dans une commission gouvernementale et 10% seraient indifférents. Plus de la moitié (52%) préfèrent qu’il n’y ait
aucune alliance aux scrutins de liste ni consigne de vote au 2ème tour, mais une liberté individuelle de rejoindre une liste entre les deux tours. En matière d’organisation, les deux tiers seraient favorable à la création d’une
délégation dans les quartiers sensibles appelée par exemple
« MoDem QS ». Naturellement la quasi-totalité des adhérents souhaitent être au cœur de l’organisation et participer en particulier aux investitures et nominations des représentants.
Concernant les orientations thématiques, ils sont partagés à moitié entre plus de
vidéosurveillance et l’autre moitié souhaitant qu’il y en ait autant voire moins qu’aujourd’hui. Sur un retour du
port de l’uniforme à l’école ils sont également partagés à 50/50. Un tiers s’oppose aux
urnes électroniques et les autres demandent plus de garanties. Ils sont majoritairement contre la
suppression de la publicité sur les chaînes publiques de télévision, notamment par crainte d’une trop grande dépendance à l’égard du pouvoir en place et d’une augmentation des prélèvements. 27% sont pour la dépénalisation du
cannabis et 20% pour une légalisation. 47% veulent faire évoluer la réglementation en matière d’
alcoolémie au volant, notamment en faveur d’une sanction graduelle, mais 43% de veulent rien changer. 69% sont pour une égalité de statuts entre
l’union de couples hétérosexuels et homosexuels et 69% également sont favorable à l’
adoption par des couples homosexuels, dont 44% pour l’adoption plénière. Par ailleurs 65% sont favorables à ce qu’un homme puisse porter le
nom de famille de son épouse. En matière de sanctions judiciaires ils sont favorables à la
réparation par le travail plutôt qu’à l’emprisonnement. Les adhérents sont partagés sur le caractère démocratique de notre
système politique actuel mais souhaitent quasiment tous l’améliorer. Ils auraient d’ailleurs souhaité à 80% un
référendum sur le nouveau traité européen. Plus globalement, au sujet de la
gestion de l’Etat, 64% sont pour un cloisonnement des budgets. Seuls 15% s’opposent à la création d’un organisme de contrôle du service public en remplacement de la
Cour des Comptes. En matière d’éducation, 64% sont favorables à la diffusion en classe de
films « undergrounds » pour traiter de problèmes touchant les adolescents. Ils sont 59% à ne pas souhaiter remettre en question les contrats de l’Etat avec les
écoles privées confessionnelles et aux deux tiers favorables à une extension de la
loi handicap à l’école. Ils sont pour un assouplissement de la
carte scolaire tout en souhaitant l’accès à l’école publique ou privée la plus proche du domicile de l’élève. Seulement 36% sont favorables à la
gratuité des cantines scolaires mais 51% souhaiteraient une tarification dégressive en fonction du revenu des parents. Enfin 45% veulent l’extension du
Numerus Clausus à toutes les filières universitaires alors que 29% souhaitent la suppression du Numerus Clausus. Concernant un sujet d’actualité, l’
euthanasie, 73% y sont favorables dont 29% y compris pour les souffrances psychologiques. Sur l’
IVG, 40% veulent supprimer la clause de conscience alors que 46% s’y opposent. 46% sont pour un système de
retraite par point contre 42% qui y sont opposés. 58% des sondés souhaitent que le maintien de l’inscription des rmistes sur la liste des
demandeurs d’emploi soit obligatoire, 27% ne le souhaitent pas. Au sujet des
deux emplois sans charges, proposition phare du projet présidentiel de Bayrou, 51% n’y voient que des avantages, 38% y voient quelques risques et 8% y voient même autant de risques que d’avantages. Pour l’
élection présidentielle justement, seuls 21% souhaitent conserver le mode de scrutin actuel alors que 34% souhaitent le même mode de scrutin qu’aux législatives. Enfin pour rester dans le domaine électoral, 84% sont pour une reconnaissance du
vote blanc à toutes les élections. 62% pensent qu’on peut à la fois continuer à
développer notre économie et préserver l’environnement mais 26% donnent la priorité à l’écologie. 27% trouvent l’idée d’un
compte épargne fiscal très intéressante et ils sont 65% en tout à être prêt à essayer cette mesure. 48% des sondés ne veulent rien changer à la législation en matière de
travail le dimanche mais 52% attendent une évolution, globalement pour plus de liberté. Un système original de
Revenu Minimum de Vieillesse emporte l’adhésion de 68% des sondés. Concernant la
sécurité, 56% semblent favorables à une incitation financière significative et originale auprès des jeunes pour les aider à s’insérer. Au sujet de la
création d’entreprise, 71% trouvent très intéressante l’idée d’un réseau national de MCTE (Maisons de la Création et Transmission d’Entreprise). Enfin 70% trouvent très intéressante l’idée d’un
indice social qui permettrait à chaque nouveau salarié de savoir dans quel genre d’entreprise il s’engage.
Voilà, on voit qu’il y a des points de convergence forts et des questions beaucoup plus partagées. Bien sûr il conviendrait de vérifier toutes ces tendances par une consultation beaucoup plus large, auprès d’un échantillon représentatif d’au moins 1000 adhérents par exemple, mais c’est déjà un début. Et puis il y aura probablement quelques lobbyistes ou contradicteurs compulsifs qui contesteront les résultats en considérant que les questions posées ou la conduite des débats ont pu orienter les résultats. Il n’en reste pas moins qu’au sein d’un mouvement démocratique, notamment en vue de la présidentielle et des législatives 2012 voire des européennes et régionales, les orientations programmatiques devront être débattues et consenties par au moins la majorité des adhérents. Les résultats électoraux diront ensuite si elles étaient partagées par les électeurs.