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Problèmes de transport, fermeture d’hôpitaux, de tribunaux, de casernes : le gouvernement malmène la décentralisation.
Envoyée spéciale à Clermont-Ferrand SIBYLLE VINCENDON
libération QUOTIDIEN : vendredi 27 juin 2008
Les fermetures de bureaux de poste et les suppressions de dessertes de la SNCF ne datent pas de l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat. Pas plus que les menaces sur les petits hôpitaux peu compatibles avec la sécurité sanitaire ou les redimensionnements militaires longuement négociés avec les collectivités locales . Mais le gouvernement actuel a emballé la machine.
Ce ne sont plus seulement les territoires ruraux qui sont frappés par le repli des services publics, ce sont des villes petites ou moyennes. La refonte de la carte judiciaire a ajouté les tribunaux à la liste des équipements amenés à disparaître. Une nouvelle série de casernes à fermer a été annoncée la semaine dernière. Tout en promettant des compensations pour les endroits «les plus fragiles», le président de la République n’a pas pris de gants : «L’armée, cela assure la sécurité nationale, pas l’aménagement du territoire», a-t-il posé dans son discours du 17 juin sur la défense et la sécurité nationale.
Mort lente. L’aménagement du territoire : cette notion est-elle encore d’actualité ? Beaucoup d’élus en doutent. René Souchon, président PS de la région Auvergne, fait partie de ceux-là. Au moment où le chef de l’Etat supprimait des régiments, l’élu accueillait à Clermont-Ferrand la 2e Université européenne de l’accueil des nouvelles populations. Pour lui, l’affaire est claire : «Il n’y a plus d’aménagement du territoire dans ce pays. On ne choisit d’aider que les plus grands et les plus forts.» Le plan campus promettait le mois dernier des aides pour les universités de six grandes villes, pas plus. Les transferts de charges de l’Etat vers les régions, dont les fameux personnels techniciens, ouvriers et de services (TOS) des lycées, se sont révélés mal compensés. Le désengagement est une constante.
Jean-Michel Guerre, président de l’Agence de développement de la région Auvergne, prend l’exemple du ferroviaire. «Il n’y a plus de train nulle part, mais des voies partout.» Souvent abandonnées ou dégradées. «On nous fait payer des TER qui ne peuvent pas rouler faute de régénération des voies», résume-t-il. Mais Georges Labazée, vice-président de la région Aquitaine, souligne que Réseau ferré de France sollicite les collectivités pour «participer au financement de la régénération». Problématique en temps normal, la mort lente du chemin de fer est choquante quand le pétrole s’envole. Les communes qui ont voulu attirer des entreprises dans des zones d’activités «basées sur du tout routier risquent d’avoir des difficultés sérieuses» pour les remplir, admet Jean-Michel Guerre. Mais le train de marchandises n’est pas forcément de retour dans les autres.
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