Corse : Christian Clavier entendu par la police
Le comédien a été auditionné dans le cadre de l'enquête sur l'irruption de militants nationalistes corses dans sa propriété. La polémique sur le limogeage du chef des forces de sécurité de l'île enfle.
L'enquête corse suit son cours. Entre midi et 16h, mardi, Christian Clavier et les gardiens de sa propriété ont été entendus sur instruction du parquet d'Ajaccio, dans le cadre d'une enquête sur la violation de la propriété de l'acteur. Samedi, une cinquantaine de militants nationalistes corses ont occupé pendant une heure le jardin de la villa de Christian Clavier à Porto-Vecchio, dans le lotissement privé et sécurisé «Punta d'oru». Après leur manifestation autorisée à Porto-Vecchio, les militants nationalistes entendaient ainsi protester «symboliquement et pacifiquement» contre la «spoliation foncière» des Corses sur l'île.
Pour avoir failli dans la protection de la villa de Christian Clavier, le coordinateur des forces de sécurité de l'île a perdu son poste. Dominique Rossi a été démis de ses fonctions et muté à l'IGPN, la police des polices mardi ; il sera remplacé par Gilles Leclair, sous-directeur de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière à la DCPJ.
Le ministère de l'Intérieur a reconnu que ce départ était lié à sa gestion de l'incident. Le problème, selon le ministère, c'est que Dominique Rossi avait été informé de l'intention des nationalistes dès le vendredi soir. Le coordinateur des services de sécurité intérieure (CSSI) dans l'île n'aurait «pas pris les mesures nécessaires pour protéger ce lotissement afin d'empêcher l'envahissement d'une propriété privée», y indique-t-on.
«Un clan a mis main basse sur la France»Christian Clavier étant un proche de Nicolas Sarkozy, plusieurs voix s'insurgent contre ce limogeage. François Bayrou, tout d'abord, qui dénonce «le fait du prince» : «Parce que monsieur Christian Clavier, qui est un ami de vacances du président de la République, a eu affaire à des manifestants chez lui on met à la porte le coordinateur de l'ensemble de la sécurité publique en Corse», a-t-il dénoncé sur France Inter. Le premier secrétaire du Parti socialiste
François Hollande affirme quant à lui «ne pas vouloir croire» que l'amitié connue de l'acteur avec le président de la République Nicolas Sarkozy puisse expliquer la sanction frappant Dominique Rossi. Le député PS J
ean-Louis Bianco estime que l'affaire montre qu'un «clan a mis main basse sur la France». Le dirigeant nationaliste indépendantiste corse
Jean-Guy Talamoni renchérit en dénonçant «l'arbitraire» de la sanction. Dans les rangs de la police, le secrétaire général adjoint du
syndicat des commissaires, Emmanuel Roux, a également pris la défense de Dominique Rossi : «Son choix a été excellent car il n'y a pas eu de dégâts chez Christian Clavier», a-t-il déclaré sur France-Info. Et d'ajouter : «Ce n'est pas l'affaire Clavier mais l'affaire Rossi».
Le ministère de l'Intérieur, qui se fonde sur «un enchaînement de faits avérés en matière de gestion de l'ordre public» pour expliquer sa décision, se refuse à tout commentaire devant l'évocation de l'amitié présidentielle. Le premier ministre François Fillon a martelé, mardi après-midi : «Le gouvernement ne rend pas de compte».