Voici un texte d'un philosophe anglais qui souligne un des sens de la participation la plus large possible à la vie démocratique. C'est un grand historien de la Grèce antique, Moses I. Finley, qui cite John Stuart Mill où il est question de ce qu'Athènes peut encore nous enseigner. « On ne considère pas suffisamment combien il y a peu de chose dans la vie ordinaire de la plupart des hommes, qui puisse donner quelque grandeur soit à leurs conceptions, soit à leurs sentiments. La plupart du temps l'individu n'a aucun accès auprès de personnes d'une culture bien supérieure à la sienne. Lui donner quelque chose à faire pour le public supplée jusqu'à un certain point à toutes ces lacunes. Si les circonstances permettent que la somme de devoir public qui lui est confiée soit considérable, il en résulte pour lui une éducation. Malgré les défauts du système social et des idées morales de l'antiquité, la pratique des dicastéria (jurys) et de l'Ecclésia (assemblée) élevait le niveau intellectuel d'un simple citoyen d'Athènes bien au-dessus de ce qu'on a jamais atteint dans aucune autre agglomération d'hommes, antique ou moderne. Il est appelé, dans ce type d'engagements, à peser des intérêts qui ne sont pas les siens, à consulter en face de prétentions contradictoires une autre règle que ses penchants particuliers, à mettre incessamment en pratique des principes et des maximes dont la raison d'être est le bien public. Et il trouve en général à côté de lui dans cette besogne, des esprits plus familiarisés avec ces idées et ces opérations dont l'étude fournira des raisons à son intelligence et des excitants à son sentiments du bien public. »