Les crevards sont à l’ouvrage
En période de crise toutes les idées, pour faire de l’argent,
sont bonnes. Il y ceux qui jouent
davantage à la bourse pour racheter les entreprises, au bord du dépôt de bilan,
à bas prix. Il y a ceux qui achètent et revendent dans la journée profitant du
jeu de yoyo de la bourse. Ceux qui bien placés au sein du système bancaire
savent déjà ce qu’il faut acheter ou vendre chaque matin. Vous avez ceux qui,
forts de leur trésor, leur richesse en cash, peuvent investir dans l’immobilier
qui est en pleine crise. Certains promoteurs offrent la voiture neuve à l’achat
d’un appartement. Un promoteur espagnol propose même deux appartements pour le prix d’un seul. Les gens
aisées ou riches et avisées profitent à fond de cette crise pour s’enrichir
davantage. Les banques ne prêtent plus au pékin moyen, mais seulement au riche.
On pourra dire de ces acheteurs que ce sont des opportunistes, des aigrefins.
Il est connu que le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Mais depuis deux mois, on voit refleurir une autre race d‘aigrefins,
les crevards. Il y a une forte augmentation des offres de reprises des crédits,
de regroupement des crédits à des taux d’usurier. La publicité sur les cartes
de crédit revolving s’intensifie. Des millions sont dépensés dans les journaux
pour essayer de soutirer au pauvre pékin, déjà atteint par la crise, les derniers
sous qui lui restent ou tout simplement pour le ferrer pour plusieurs années.
Il faut s’assurer de l’avenir.
Ainsi les particuliers sont assaillis par la presse, l’audiovisuel
et le téléphone. Il ne se passe pas une journée sans qu’une bonne âme ne vous
appelle pour vous proposer des conseils afin de payer mois d’impôts, même si
vous n’en payez déjà pas. Ces bonnes âmes dénichent, on ne sait trop comment,
vos numéros de téléphone portable ou de
ligne fixe, même en liste rouge (que fait France Télécom ?), et se
présentent, sur un ton très professionnel, comme étant chargés de vous faire
connaitre les dernières décisions du gouvernement en faveur de la baisse des
impôts. A la question : combien cela va-t-il me coûter ?, la réponse
est imparable. Rien, puisqu’il s’agit simplement de conseils. Le gogo qui a la
foi se voit donc proposer un rendez-vous sur le champ. Vous vous rendez compte,
il y a tout de même des braves gens en ce pays, des bonnes gens qui s’écument à
trouver vos numéros, juste pour vous éviter de payer davantage d’impôts ou
mieux d’avoir un crédit d’impôt si vous n’êtes pas imposable. Le dernier
service de communication de l’Elysée n’est vraiment pas performant pour ne pas
avoir averti la population de ces démarches qui vont dans le sens de l’augmentation
du pouvoir d’achat. Attention, gogos, ce ne sont que des crevards.
Semaine dernière j’ai failli gagner au jackpot sur un appel
similaire. Une brave dame, au langage bien pendu, m’offrait gratuitement une
belle imprimante jet d’encre de mon choix, à condition que j’achète juste un
jeu de cartouches d’encre. Formidable, non ? Afin de voir jusqu’où elle
irait cette brave dame, je lui répondis que je n’utilisais que des imprimantes
laser couleur, équipées de fax, photocopie et répondeur intégrés. Pas de
problème, elle ne se démonte pas et me dit de choisir la marque et le modèle.
Même avec une machine à plus de 1000€ sa proposition tenait encore. Ok, comment
fait-on sur le plan pratique ? Pas de soucis, Monsieur, d’ici un quart d’heure
notre service comptable vous appelle et prendra note de toutes vos coordonnées,
de votre commande et procédera à la transaction. Vous pourrez même payer les
cartouches en deux ou trois fois. Il suffira de le lui dire au moment où vous
lui donnerez votre numéro de carte bleue. Vous recevrez votre imprimante, vos
cartouches et votre facture sous 48 heures. Formidable. Formidable, il ya
vraiment de braves gens en ce pays. Crevards oui. Ces gens là vous appellent
sous des numéros masqués et essayent de vous soutirer votre numéro de carte
bancaire. Crevards, charognards.
Une autre cible de ces crevards ce sont les PME. Ces
crevards listent sur les pages jaunes les numéros de téléphone des PME et les
harcèlent afin de leur faire miroiter un apport important de clients en ces
temps difficiles de crise. Alléchant. Je reçois bien deux appels par jour. Et
il y a pléthore, ces derniers temps, de ce type de boites sur le net. Leur
démarche est la même que pour les particuliers. Cela ne vous coûtera rien, ils
ne prennent aucune commission sur l’apport de nouvelles affaires, rien, juré.
Alors, il est où le piège ? Simple, il vous suffit de vous inscrire sur
leur site et d’acheter les coordonnées de ces fameux clients qui ne savent pas
prendre les pages jaunes. Le prix d’achat
des coordonnées d’un client est très variable, de 10 à 5O€. Le souci est que 95% de ces offres ne sont pas sérieuses, ou ne
portent que sur des menus travaux comme poser 5 M2 de carrelage. Entre l’achat
des coordonnées, le déplacement chez le client et, le chiffrage et vous avez
déjà explosé le montant raisonnable des
travaux. De plus dans la liste des possibles clients il y a souvent des
erreurs, des oublis, des manques, donc des fiches inexploitables mais que vous
avez payé. Pour avoir la chance de
tomber sur une affaire sérieuse et y répondre il faut acheter 10, 20 fiches,
donc dépenser entre 500 et 1000€ pour pouvoir se mettre en concurrence avec on
ne sait combien d ‘autres entreprises. Le jackpot pour ces crevards. Pour être
honnêtes, je dois dire qu’il y a sur le net deux ou trois entreprises qui
pratiquent ce commerce d’une façon très correcte, professionnelle, avec des tarifs
raisonnables ( 8€ HT la fiche) et seules
5 entreprises pouvant acheter la fiche. Mais ces deux ou trois enseignes sont
en place depuis un certain temps, bien avant la crise. Ce ne sont donc pas des
crevards, mais les autres : CREVARDS
Quand les temps sont durs, que la bise vous saisit alors les
loups sortent du bois, prêts à vous dépecer, charognards.
St Aubin, le 31/10/08