Ministres: le cap du remaniement

Les ministres en quête de recettes pour passer le cap du remaniement
LE MONDE | 16.02.08 | 14h22 •


Cette fois-ci, les ministres ne pourront pas dire qu'ils ont été pris en traître : "Le président et le secrétaire général évoquent le remaniement de l'après-municipales devant nous" confirme Eric Woerth. Le ministre du budget en confie les lignes directrices : "Il y aura un tri fait parmi les 15 ministres, une redéfinition des périmètres de certains ministères, et l'arrivée de nouveaux secrétaires d'Etat."


Etre prévenu ne permet pas forcément d'être "prêt" et certains ministres sont pris d'angoisse à l'évocation de ce couperet. "Si je ne suis pas du prochain gouvernement, ça va être difficile de récupérer mon siège de député" soupire Hervé Novelli, le secrétaire d'Etat aux entreprises et au commerce extérieur. Pas de chance : la modification de la Constitution promise par le chef de l'Etat, qui doit permettre notamment aux ministres de retrouver leur mandat de député sans avoir à provoquer une élection législative partielle n'a pas encore été adoptée. "Je ne sais pas si ça pourrait être rétroactif" s'interroge pour sa part à voix haute Eric Woerth. Le ministre du budget n'est pas le plus menacé. Mais, échaudé par son éviction du gouvernement Raffarin en 2004, il "réfléchit à tous les scénarios", quand certains de ses collègues évoquent la vie "après la politique".

Certains ministres se rassurent en cherchant une rationalité d'ensemble au prochain remaniement. Valérie Pécresse, la ministre de l'université, passerait volontiers le mistigri à ses collègues masculins : "Les femmes ministres se sont plutôt bien débrouillées ! On a une identité forte et on a porté de nombreuses réformes. Les hommes, eux, ont eu peur d'exister, et du coup ils sont un peu transparents..." Un autre, issu de la gauche, fait valoir d'autres critères : " Dans son gouvernement, Sarkozy adore tous ses ministres d'ouverture, et quelques UMP..."


"C'EST DUR !"


Transfuge lui aussi, le secrétaire d'Etat à la prospective, Eric Besson est convaincu de l'arrivée d'une nouvelle vague de l'ouverture. "Je ne sais pas si, après le 17 mars, au total nous serons 5 ou 8, (contre 6 ministres d'ouverture actuellement), mais ce qui est sûr c'est qu'il y aura de nouveaux arrivants", croit-il savoir.

Et puis il y a ceux qui cherchent à prendre des garanties. En difficulté à Périgueux, dont il est maire sortant, le ministère de l'éducation nationale Xavier Darcos a fait venir le président sur ses terres, vendredi 15 février, une manière de l'associer à sa victoire... comme à sa défaite. Jean-Marie Bockel, le moins visible des ministres d'ouverture, s'affichera lui aux côtés du premier ministre en Alsace, mardi 19 février. Prévoyant, Jean-Louis Borloo, le ministre du développement durable, souhaitait renforcer son poids politique en envisageant de fédérer autour de son parti radical, le Nouveau Centre et les ralliés de gauche. "Ne t'avise jamais de me doubler sur ma gauche", l'aurait mis en garde le président.
Il en est aussi de beaucoup plus sereins. Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la politique de la ville, a le sourire depuis que le président a déclaré, lors de la présentation du plan banlieue, qu'il n'allait "pas dire du bien d'elle aujourd'hui, et la mettre dehors en mars". Sa progression dans les sondages - le baromètre Ipsos Le Point du 14 février faisant d'elle la ministre la plus populaire - la conforte. Pleine d'empathie pour ses camarades, elle observe désormais : "Je sens bien la pression sur eux, ils pensent au remaniement, c'est dur !"

Plus téméraires, d'autres "chouchous" avérés du président prennent des options sur leur affectation future. L'actuelle garde des sceaux Rachida Dati a fait savoir qu'elle serait intéressée par le ministère de l'intérieur. Xavier Bertrand rêve d'un grand ministère regroupant l'économie et l'emploi, au point que l'actuelle titulaire de l'économie, Christine Lagarde le soupçonne d'être à l'origine des rumeurs - officiellement démenties - qui évoquaient sa démission il y a dix jours. Le ministre du travail jure pourtant ne rêver que de conserver son poste actuel.

Enfin, le cas de François Fillon est à part. Conforté par les bons sondages, mais conscient du danger que le président n'en prenne ombrage, le premier ministre s'est découvert une nouvelle vocation d'avocat de M. Sarkozy. Après avoir minimisé à plusieurs reprises l'importance des sondages, le premier ministre a dénoncé vendredi une "chasse au président" orchestrée par une gauche "démagogique". Samedi dans le Figaro Magazine, il a pris soin d'assurer le chef de l'Etat "de sa loyauté totale".

Christophe Jakubyszyn
Article paru dans l'édition du 17.02.08.

Si c'était "Au théatre ce soir" ça pourrait être drôle. Mais c'est la France ....

EBesson est sûrement dans le secret des dieux, moi je pensais plutôt qu'il allait balancer les ministres d'ouverture.

Car il y a vraiment de l'agitation dans les rangs côté UMP.

Devedjian est il prêt à voir encore le poste de la justice lui échapper ?

ce qui est stupide c'est virer des ministres au bout de 8 mois sous prétexte qu'il ne sont pas parfaits. le perfection existe-t-elle? à peine formé, ils commencent à trouver leur marques et il va falloir tout chambouler, il y a qu'en france que c'est comme cela......

le remaniement dépendra aussi de l'ampleur de la défaite électorale et du projet de sarkozy pour rebondir. deux possibilités existent.

la première, sarko s'assagit, accepte de prendre du recul, laisse faire le sale boulot à fillon, en particulier celui de la réforme de l'état et de la réduction des déficits. j'y souscrits....

la seconde, sarko l'impétueux, lâche fillon, met en selle gueant ou bertrant a matigon pour une nouvelle tentative de relance de la consommation au mépris des déficits et des accords européens. ce serait la fuite en avant!!!!!

de plus, vu la défaite prévisible, vu la situation économique sarko ne pourra débaucher que des seconds couteaux.... qui irait se griller au gouvernement dans de telles conditions?

Je pensais qu'il risquait de virer les ministres d'ouverture pour démontrer que le système préconisé par FBayrou ne marche pas. Surtout si celui-ci continue à lui taper dessus tel qu'il le fait actuellement avec virulence.

Et également il ne va pas pouvoir continuer à se mettre à dos tout l'UMP ?

Est il capable de changer ?

il ne peut pas faire un gouvernement qu'avec des ump, car il se couperait de 60 à 70 % de l'électorat. il le fera un an avant la nouvelle élection présidentielle. le président serre les rangs en fin de mandats.

de toutes façons ce n'est pas une ouverture au sens que celle que bayrou voulait faire.

Citation :

Est il capable de changer ?

je n'en suis pas sûr malheureusement. il a un tel égo, une telle assurance, il est persuadé qu'il a raison..... un tel personnage est-il capable de changer?

"de toutes façons ce n'est pas une ouverture au sens que celle que bayrou voulait faire."

Enfin quelqu'un qui le remarque, je me croyais bien seul...

modorange a écrit:

Enfin quelqu'un qui le remarque, je me croyais bien seul...

C'est juste que nous le savons tous (ou presque) depuis le début, on ne pense donc pas toujours à le répéter.

C'est certain ce n'est pas l'ouverture telle que l'avait souhaitait FBayrou.
Mais pour beaucoup ça y ressemble furieusement...
Va le faire comprendre à ceux qui ont voté sarko.
Beaucoup de gens autour de moi me font cette réflexion :
- Vous devriez être contents c'est bien ce que vous vouliez ?

En fait voilà peu de personnes le savent/l'admettent, donc justement il faut en parler, avec cette pseudo ouverture qui n'en est pas une, loin de là ^^

C'est tout l'intérêt que nous soyons là. Décrypter. Nous mettre d'accord.
Et faire connaitre nos idées.

Pareil pour le déficit. Quand je vois Bertrand parler du déficit comme il l'a fait mais j'ai envie de lui cracher dessus si j'étais en face de lui, pareil pour les socialistes. C'est du foutage de gueule en toute beauté.

Cracher desuus....

En bon démocrate, je pense.....

Je suis désolé, mais quand pendant la campagne présidientielle tu répètes chaque semaine que le programme de Bayrou est à chier car l'Etat ne doit pas économiser mais investir (donc dépenser à tout va) et que quelques mois après l'élection, quand on parle de pouvoir d'achat, tu sors "on a plus de thunes" après avoir pondu un paquet fiscal merdique de 15 Milliards d'Euros, et qu'après, du fait d'une baisse des sondages, tu recreuse le déficit avoir une miraculeuse au retraites (oui Sarko dans les sondages il baisse surtout chez les retraités), je suis désolé, mais c'est du foutage de gueule. Ce genre de choses m'énerve vraiment, car c'est symbolique du comportement de nos politiciens.

Combien de françaises et de français vont subir de plein fouet ce déficit, tôt ou tard, pendant que monsieur Bertrand profitera de sa belle retraite à vie ?

Alors un crachat...

PlayStation 1 :
http://storage.canalblog.com/77/03/405522/22150773.jpg

PlayStation 2 :
"Bonsoir,


Vous savez tous que j'occupe depuis cette rentrée la fonction de
Principal d'un Collège dit "difficile", classé "Ambition Réussite". 82%
des élèves sont issus de catégories socio-professionnelles très
défavorisées. Un Collège ghetto, avec ses problèmes quotidiens, et les
problèmes de violence dans le quartier.

Je suis très fier d'avoir travaillé pendant plusieurs années à
Meaux (Beauval et Pierre-Collinet), puis à Vaulx-en-Velin pendant 4
ans, et aujourd'hui à la Duchère. Fier d'être fonctionnaire de la
République, d'assumer cette mission de service public tant décriée.

Ce soir, ma fierté m'a abandonné. J'ai honte. J'ai surtout honte
de devoir affronter le regard des professeurs, des surveillants, des
partenaires extérieurs, des parents d'élèves et des élèves.

Vous vous souvenez tous de la promesse de notre président de la
République pour ne pas laisser les "orphelins de 16 heures" à la rue ?

Vous vous souvenez des annonces de M. Darcos, Ministre de
l'Education nationale, à propos de la mise en place de l'accompagnement
éducatif, ce dispositif devant accueillir tous les collègiens de 16
heures à 18 heures ?

La circulaire a paru au journal officiel le 13 juillet 2007. Je
l'ai découverte en détails au moment même où je prenais mes fonctions
au Collège Schoelcher fin août, comme tous mes autres collègues
Principaux de Collèges en Education prioritaire (près de 1500 Collèges
dans toute la France).

Je me suis mis en quatre pour mettre en place ce dispositif, car
je suis un fonctionnaire responsable. J'ai mis mes opinions de citoyen
dans ma poche, et j'ai tout fait pour que ce dispositif soit un succès.


Je rappelle à tous que cet accompagnement éducatif devait
concerner les élèves volontaires, encadrés par des enseignants
volontaires.


Sur 365 élèves, j'ai réussi à en convaincre 225: 61,5 % de l'effectif total. La moyenne dans le Rhône tourne autour de 28 %.


Sur 47 enseignants, j'en ai convaincu 29. Je suis allé solliciter
la MJC du quartier pour mettre en place un atelier de danse urbaine.
J'ai sollicité le Centre social pour mettre conjointement en place
l'aide aux devoirs, 3 fois par semaine. 100 % des élèves de 6ème
étaient inscrits à cette dernière action. J'ai sollicité une compagnie
artistique pour mettre en place un atelier d'écriture. Les professeurs
ont ensuite proposé un atelier de sciences physiques, un club journal
des collégiens, une activité escalade, trois groupes de soutien en
mathématiques, deux groupes de soutien en français. J'étais en
pourparlers avec un club d'échecs et un autre de rugby pour enrichir
l'offre.

J'ai même réussi à débaucher un danseur de la maison de la danse, qui vient de partir pour le cirque du soleil à Las Vegas....


Tout cela a bien sûr un coût. Vous vous en doutez.


L'Inspection académique et le Rectorat nous ont transmis courant
octobre 2007 une enveloppe d'heures pour les professeurs et les
intervenants extérieurs (pour ces derniers, ces heures devaient être
transformées en vacations, payées 15 € de l'heure).

Je disposais de 1476 heures. C'est à partir de cette enveloppe que
je n'avais pas demandé que j'ai construit mon offre. J'ai informé les
parents d'élèves, et le 12 novembre, les actions se sont mises en
place. L'aide aux devoirs avait commencé dès le 20 septembre. Les
élèves étaient pour la plus part d'entre eux très heureux.

Début décembre, j'ai mis en paiement auprès du Rectorat les heures effectuées en septembre, octobre et novembre: 398 heures.


Cet après-midi, mardi 29 janvier 2008, réunion officielle à
l'Inspection académique. L'inspecteur d'Académie préside la réunion,
flanqué de ses deux adjoints et de deux chefs de service. Configuration
inhabituelle. Curiosité puis inquiétude.


L'Inspecteur d'Académie ne le dit pas explicitement, car nous
sommes tous soumis au même devoir de réserve. "Le dispositif n'est pas
supprimé, mais on a réduit la voilure". On a seulement supprimé les
heures pour le faire fonctionner. Au lieu des 1476 heures, je n'en ai
plus que 397 pour terminer l'année scolaire. Cela vient directement du
Ministère. C'est identique dans toutes les Académies, l'Inspecteur
d'Académie nous l'a confirmé, comme s'il voulait nous consoler. Tous
mes collègues sont dans la même stupeur (40 Principaux de Collège
abasourdis).


J'ai dépensé 1 heure de plus que ce à quoi j'ai droit. Et les
heures effectuées en décembre et en janvier ne sont pour l'instant pas
honorées (j'ai compté 221 heures pour ces 2 mois). Je n'en ai plus les
moyens. C'est noble le bénévolat, mais, là, on atteint des limites...

Concrètement, dès lundi prochain, 4 février 2008, toutes les
actions décrites ci-dessus s'arrêteront, faute de moyens. Je ne vous
fais pas de dessin.

Oui, j'ai honte ce soir. Honte pour les élèves. Honte pour les
parents d'élèves. Honte pour les profs. Honte pour les partenaires
exterieurs. Je ne sais toujours pas comment je vais leur annoncer la
chose.

Merci M. Sarkozy pour vos promesses péremptoires. Merci M. Darcos
pour avoir démontré la crédibilité du système éducatif français.

Bonsoir les amis, vive la République.



ELLEOUET jean-Pierre"

Modorange

Merci à toi d'avoir ressorti cette lettre ...
Elle mériterait un fil à elle seule !
En effet elle montre a quel point les annonces ne sont suivis d'aucun budget.

Lamentable Monsieur Darcos.

Lamentable....

voilà encore un qualificatif mesuré.

Allez soyons fous : dégueulasse

Bonne nuit

Bonne nuit, signora.

Toutefois, j'ai du mal à te comprendre. Monsieur Darcos est loin d'être le pire de tous.

C'est toi qui trouvait que le mot lamentable utilisé dans mon post précédent n'était pas assez fort !
C'était suite à la lettre de modorange....
Il faut savoir hein ?

Ah, non, nous ne nous sommes pas compris.

Je trouvais lamentable déjà trop fort.

Pourquoi pas assez fort ?
Je trouve ça profondément scandaleux pour ma part.

Ce qui est arrivé à ce fonctionnaire est sévère et , je le reconnais, très frustrant.

Mais ce genre de frustrations arrive tous les jours aux cadres dans les Entreprises.

Il faut apprendre à mieux gérer les contradictions, si on veut être à la hauteur de sa tâche.

Oui mais quand on voit le discours du gouvernement, ses promesses, et la réalité sur le terrain, c'est extrêmement frustrant.

De qui plus est, ce qui est scandaleux, c'est que se sont les deniers du contribuable qui sont en jeu, le citoyen paie ses impots pour financer des projets afin d'améliorer la France.
L'Etat sucre des postes dans l'Education, ferme des classes, enclave des patelins entiers en campagne, favorise le désoeuvrement des jeunes en banlieue, ne leur offre aucun avenir, favorise de facto la délinquance, de facto, la haine, le racisme, de facto la division des Français, c'est de la haute trahison de la part du gouvernement. Il n'y a pas d'autre mots.

Dakota a écrit:

Ce qui est arrivé à ce fonctionnaire est sévère et , je le reconnais, très frustrant.

Mais ce genre de frustrations arrive tous les jours aux cadres dans les Entreprises.

Il faut apprendre à mieux gérer les contradictions, si on veut être à la hauteur de sa tâche.

Il ne s'agit pas de gérer des contradictions, il s'agit de faire face aux incohérences du commandement. On ne voit pas quelle tâche un cadre peut accomplir si les ordres sont donnés avec légèreté, susceptibles d'étre annulés ou modifiés dès que donnés.
Ceci est vrai pour toutes les organisations humaines : les entreprises, les armées, les administrations. La perte de confiance des français envers les politiques est probablement due à ce qu'il est impossible de faire confiance à leur discours. L'imbécile qui a ruiné les promesses électorales a aussi ruiné la confiance des électeurs.
Un article essentiel du code de FB concerne le rôle de la vérité.

A savoir que Madame Pécresse dans un entretien sur RMC avec JJBourdin, a déclaré : Nous mettons des projets en place et ensuite nous voyons comment les financer.

Voilà ce le résultat de ce type d'inconséquences. Les professionnels mettent toute leur énergie à mettre en place un programme auquel ils croient. Pour se retrouver sans budget de fonctionnement.

C'est intolérable.

L'histoire est pleine de projets que l'on a dû reformater à la baisse

Vraiment je ne vous comprends pas d'utiliser des mots durs (intolérable) ou des comparaisons martiales pour une affaire de cette importance (qui n'est peut être pas finie, d'ailleurs, on va peut être trouver un peu d'argent pour relancer ce projet)