Après la rencontre Carter-Khaled Mechaâl
Les vérités du Hamas
Le mouvement palestinien Hamas, qui avait promis des clarifications sur sa position dans la crise palestinienne et aussi et peut-être surtout sa position à l’égard d’Israël, vient de le faire.
Et l’explication a été donnée à l’ancien président américain, Jimmy Carter, qui a rencontré à deux reprises un des leaders de ce mouvement contre l’avis d’Israël et de l’administration de son propre pays. Ainsi, apprenait-on hier de la bouche même de M. Carter, que le Hamas est prêt à reconnaître le droit d’Israël à vivre en paix si un accord de paix est conclu et approuvé par un référendum palestinien. « Ils (le Hamas) ont indiqué qu’ils seraient prêts à accepter un Etat palestinien dans les frontières de 1967 si les Palestiniens l’approuvent et qu’ils accepteraient le droit d’Israël à vivre en paix comme proche voisin », a affirmé M. Carter lors d’une conférence de presse. Le Hamas vient donc de dévoiler ce qui tient lieu de stratégie, au demeurant plus ou moins avouée, mais occultée par Israël et ses alliés qui en font un danger pour la sécurité d’Israël qu’il veut détruire selon la propagande de ce dernier. C’est donc la fin d’un mensonge d’Etat colporté par d’autres Etats pour diaboliser les Palestiniens et les priver de leurs droits nationaux. Plus que cela, M. Carter a indiqué que le Hamas serait prêt à reconnaître un accord de paix négocié par le Premier ministre israélien Ehud Olmert et M. Abbas, à condition « qu’il soit soumis à l’approbation des Palestiniens, même si le Hamas devait être en désaccord sur certains des termes de cet accord ».
L’ex-président américain a souligné que le Hamas et la Syrie devraient être impliqués dans toute initiative de paix visant à instaurer une solution pacifique au conflit proche-oriental. « La stratégie actuelle visant à exclure la Syrie et le Hamas ne marche pas. Elle contribue à exacerber le cycle de la violence, les malentendus et l’animosité », a-t-il dit. « Nous pensons que le problème réside dans le fait qu’Israël et les Etats-Unis refusent de rencontrer ces gens, et non dans le fait que j’aie rencontré le Hamas à Damas », a encore dit le Prix Nobel de la paix 2002, qui s’exprimait à la tribune du Conseil israélien pour les relations extérieures, une organisation indépendante agissant sous l’égide du Congrès juif mondial.
Selon M. Carter, les négociations de paix israélo-palestiniennes, relancées dans la foulée de la Conférence internationale d’Annapolis (Etats-Unis) en novembre, n’ont pas enregistré de progrès. Il a ajouté avoir constaté que la poursuite de la colonisation israélienne et le maintien en Cisjordanie de nombreux barrages routiers a provoqué la colère croissante des Palestiniens. M. Carter a, d’autre part, indiqué que le Hamas a donné son accord pour que le soldat israélien Gilad Shalit, enlevé en juin 2006 en Israël, à la lisière de la bande de Ghaza, par trois groupes armés dont l’un relevant du Hamas, puisse faire parvenir une lettre à ses parents. Vendredi, un responsable du Hamas avait affirmé que Gilad Shalit serait « immédiatement » relâché si Israël libérait des prisonniers palestiniens. C’est une pierre lancée par le Hamas dans le camp israélien, et, comme on dit, il n’y a pas pire sourd que celui qui refuse d’entendre. Et justement, Israël en fait une politique, même si son obstination entretient davantage le désespoir. A quand ?
T. Hocine
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