- hloben a écrit:
- sandy, cette histoire de tirage au sort, ça n'est pas pour une histoire de "lutte contre la corruption" ?
ça a un drôle de parfum d'anti-parlementarisme pour moi...
Je connais l'argument de l'anti-parlementarisme c'est celui qu'on nous oppose systématiquement
C'est souvent par manque de connaissances historiques et ca vient aussi souvent de ceux qui confondent aristocratie et démocratie
La démocratie c'est le pouvoir au peuple et pour le peuple.
La démocratie est fondée sur cette défiance du peuple vis à vis des pouvoirs durant l'histoire, les pouvoirs n'ont eu de cesse de changer de mains, et peu importe les mains entre lesquelles ils se trouvaient, on a toujours pu en constater les abus et les méfaits.
Si nous passons par des représentants, c'est parce que les gens ont déjà des vies bien remplies, ils travaillent, ont des loisirs, et malheureusement s'occuper des affaires politiques quand nous sommes des millions à essayer de vivre ensemble, et bien cela demande un travail à temps plein ( enfin avec la décentralisation pas forcément à temps plein, mais en tout cas au niveau national ( député / sénateur / ministre / président )
C'est en cela que la démocratie directe est utopique.
Il est préférable pour des raisons évidentes de s'exprimer directement sur des idées précises plutôt que par l'intermédiaire de représentants. En effet chaque représentant a ses propres idées avec lesquelles nous ne sommes pas forcément d'accords. Ils peuvent avoir d'un côté des idées que nous soutenons et de l'autre de très mauvaises idées à nos yeux que nous rejetons. Mais nous ne pouvons pas non plus avoir un représentant par idée ... Il y a donc en quelque sorte à chaque degré de représentation toujours un degré suplémentaire de déformation de la volonté des gens. Au point que seule la représentation indirecte d'un seul degré reste tolérable et encore ... Il vaut mieux l'éviter et se contenter d'une représentation directe. En tout cas, tout degré supplémentaire de représentation n'est plus très démocratique.
Mais, cela ne veut pas dire que nous, citoyens et citoyennes, ne pouvont pas nous occuper à temps partiel de certaines tâches ou ne pas participer à certaines décisions, bien au contraire.
Si on se limite à cet aspect des choses, on peut donc imaginer la démocratie idéale comme étant une démocratie à la fois représentative et directe, et où l'utilisation de la représentation est limitée au stricte nécessaire.
Le gros clivage fondamental ( qui est à l'origine du clivage droite / gauche ) est justement sur l'idée pour certains qu'il vaut mieux qu'un petit groupe de personnes plus avisées prennent les décisions pour tous les autres.
C'est en tout cas sur cette question que se sont divisées les gens la première fois dans l'assemblée à propos du roi, et selon les critères de l'époque, on pourrait dire que moi je suis de gauche, et libre par exemple est de droite.
Les partisans de l'aristocratie / oligarchie ( qu'ils confondent avec la démocratie représentative ) racontent souvent que le meilleur argument contre la démocratie c'est d'interroger un citoyen dans la rue.
Et évidemment une démocratie ne peut pas permettre au peuple de prendre automatiquement les meilleures décisions.
Mais il lui permet de décider collectivement de son propre avenir, il fait de nous des citoyens relativement libres de notre propre destin ( je dis relativement car la liberté s'arrête ou commence celle des autres ).
Alors toute la question est :
- Faut-il partir de l'idée que dans notre infinie sagesse, nous le
peuple, n'allons confier les différents pouvoirs qu'à des gens vertueux
et sages ?
- Ou au contraire vaut-il mieux être pour le coup vraiment sages et se dire qu'il existe des risques d'élire des personnes qui seront tentées d'abuser de leur pouvoir, et qu'il vaut mieux dans ce cas en définir directement nous mêmes les limites de ces pouvoirs ?
L'expérience nous a démontré que même quand le pouvoir est issu de la
volonté générale, on a pu le constater, cela ne change rien à la menace
qu'il représente pour nos libertés.
Il faut donc les limiter, pour les institutions en écrivant une
constitution qui sépare limite et contrôle les pouvoirs. Pour tout le
reste par la loi qui fixe les limites de la liberté et de la propriété.
La démocratie idéale serait donc une démocratie où chaque pouvoir est défini limité et contrôlé de manière à ce qu'il soit toujours issu de la volonté général et de manière à ce que personne ( à part en se mettant hors la loi ) ne puisse en abuser.
C'est simple derrière toutes les décisions injustes dans le monde on retrouvera systématiquement des abus de pouvoir.
On prend par exemple le traité de Lisbonne voté par le parlement sur la décision de Nicolas Sarkozy.
A la base, notre constitution permet ce choix de passer par la voie parlementaire ou par la voie référendaire. Notre constitution ne précise pas dans quelles circonstances on doit faire tel ou tel choix, c'est le président qui doit ici jouer le rôle d'arbitre. Et évidemment au départ, cette possibilité a été laissée dans l'idée qu'il y aurait surement des situations où il faudrait modifier la constitution mais où il ne serait pas strictement nécessaire de déranger le peuple et d'organiser un référendum ( ce qui est couteux ), par exemple pour des modifications mineures.
Et donc quand c'est Mitterand ou Chirac qui arbitrent une telle décision, pour une décision aussi importante que la ratification d'un traité européen qui va organiser des transferts de notre souveraineté, mettre en place des règles contraignantes qui font force de loi etc ... etc ... ils choisissent naturellement le référendum.
Quand c'est quelqu'un sans scrupules comme Sarkozy, il abuse de ce droit pour faire passer en force par le parlement un texte que les Français ont pourtant déjà rejeté 2 ans plus tôt et qui n'a subit aucune modification sur le fond, en tout cas sur les points qui ont constitué le rejet.
On peut se dire qu'il existe là une faille qu'il faudrait corriger car pouvent être exploitée et donner lieu à de véritables abus si le pouvoir venait à être mis entre de mauvaises mains ?
Car en effet, grâce à cette faille, et si le parlement et le gouvernement + président venaient à former une cohalition ( c'est le cas par exemple quand un seul parti politique domine les 3 institutions ), ils pourraient ainsi pendant toute la durée de leur mandat modifier de fond en comple toute notre constitution sans que nous ne puissions intervenir, et légalement en plus, laissant ainsi présager toutes les pires dérives.
C'est bien pour éviter un tel scénario qu'a été mis en place cette règle des 2/3 des voies nécessaires quand le parlement se réunnit en congrès.
Mais ce n'est évidemment pas suffisant, la preuve.
Par cette faille, par le parlement on peut désavouer toute décision prise par référendum par le peuple censé pourtant être souverain. Et quand le peuple vote et qu'un parlement le désavoue ensuite parce que le résultat du vote ne leur plait pas, nous ne sommes plus dutout en démocratie, nous avons basculé dans ce qu'on appelle une oligarchie.
Alors imaginer ces pires scénarios est-ce de l'anti-parlementarisme ou est-ce faire preuve de sagesse ?
Quand on prend des décisions aussi importantes, aussi critiques, aussi vitales que celles décidant de l'organisation et des règles définissant nos institutions et les pouvoirs qu'elles instituent, c'est justement faire preuve de sagesse que d'imaginer tous les scénarios possibles, même les pires, et de prendre les décisions en conséquence.
En ne prennant en compte que les scénarios idéaux pour prendre des décisions, c'est le moyen le plus direct pour se faire avoir, c'est totalement inconscient et irresponsable.