Tout sur la croissance en France

juju41 a écrit:

Le budget 2013 va-t-il couler la croissance française?

Il est bien ton article.
Le débat sur le multiplicateur est important. Si on prend un multiplicateur de 1.5 (coupons la poire en deux), et taux de prélèvements obligatoires de 50%. Ça signifie que toute baisse des dépenses publiques de 1 point de PIB engendre une baisse du PIB de de 1.5. Cette perte de PIB a un impact direct sur les recettes fiscales de 0.75 Point de PIB. Le gain sur le déficit budgétaire de 1 point de PIB doit tenir compte du 0.75 de recettes en moins, soit 0.25 point de PIB. Et, ce calcul ignore l'augmentation des dépenses qu'engendre une hausse du chômage. Si on dépense 0.25 pt de dépenses publiques dans le cadre de l'augmentation des dépenses sociales liées à la crise. Le bilan sera négatif. Ce qui conduit à dire que le niveau du déficit budgétaire en période de crise, et donc le niveau de la dette publique est une variable exogène. Dès lors que l'on fasse de l'austérité ou de la relance conduira au même état des finances publiques. Par contre, il conduira à deux niveaux de chômage très différents. C'est pourquoi à l'instar de 1937 aux EU et 1997 au Japon, on ne doit pas appliquer une politique d'austérité avant que l'économie ne soit pleinement rétablie.

En ce qui concerne le choix entre baisse des impôts et baisse des dépenses publiques, je suis surpris de voir que le consensus privilégierait la baisse des dépenses publiques. Chaque étudiant en Economie de première année qui s'est amusé avec les courbes IS-LM opterait pour une augmentation des impôts. intuitivement, il est clair qu'une partie des sommes taxées serait en partie restée sous forme d'épargne (effet d'aubaine) (surtout si les taxes se concentrent sur les hauts revenus) alors que chaque euro de dépense publique se retrouve dans les circuits économiques. Il serait intéressant de savoir les orientations économiques et politiques de ceux qui répandent cet argument. Personnellement, même si ça ne fait pas plaisir c'est le rare bon point que j'accorderais en matière de politique économique aux socialistes. Mais il est vrai aussi que chaque majorité à ses catégories d'électeurs à choyer.

«On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont généré», disait Albert Einstein.

juju41 a écrit:

«On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont généré», disait Albert Einstein.

C'est exactement ça.

Il va falloir trouver encore plus de pognon pour remplir les caisses de l'Etat.

Hollande plus optimiste que le FMI sur la croissance française

DSK fait la leçon à Hollande

Confiante dans l'avenir, la France maintient ses prévisions de croissance

Citation :

Le gouvernement a annoncé jeudi qu'il maintenait son objectifs de croissance de 0,8% et de déficit public pour 2013 malgré des prévisions européennes moins optimistes, convaincu des effets immédiats de son plan compétitivité et d'une prochaine sortie de crise en zone euro.
"L'objectif de ce plan est bien de déclencher des décisions d'investissements, d'embauches, qui contribuent à la croissance dès 2013 dans les entreprises", a-t-on encore rappelé.


"C'est vraiment gonflé", commente pour l'AFP l'économiste Thomas Piketty, directeur d'étude à l'EHESS. "La mesure s'appliquera plutôt en 2014 donc j'ai du mal à croire qu'on fasse 0,4% de croissance grâce à ça", estime-t-il."L'investissement risque de ne pas repartir tout de suite, même si on donne les moyens aux entreprises", renchérit Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. "C'est une très bonne chose de leur donner mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'elles dépensent ces 20 milliards d'euros immédiatement, elles attendront peut-être d'avoir un peu plus de visibilité", assure-t-il à l'AFP.
Natixis prévoit lui une contraction de 0,4% du PIB en 2013. "Pour moi, la commission et le gouvernement sont dans le même lot des prévisions optimistes", ironise-t-il.
Selon M. Caffet en effet, le gouvernement appuie ses calculs de prévisions sur "un jeu d'hypothèses très favorables", et toutes très optimistes quant à la situation internationale et intérieure.

Est-ce la seule raison de ces différences dans les chiffres des uns et des autres ? Selon lui, les prévisionnistes de Bercy appliquent des "modèles anciens, traditionnels", pour calculer ces chiffres. Il a été récemment observé, note-t-il, que "les vieux modèles macroéconomiques qu'on utilisait pour connaître l'impact d'une politique d'austérité sur la croissance marchent moins", qu'ils ne répercutent pas assez la réalité des politiques d'austérité sur la croissance.

Cela a été vérifié en Espagne, en Grèce ou au Portugal, selon lui. Avant "1 point de durcissement budgétaire retirait 0,5 point de croissance, aujourd'hui, le Fonds monétaire international dit que ça retire 1 point, au mieux, plutôt plus".

les lunettes roses..ça n'empêchera pas qu'on percute le mur!

Et si le problème de l’industrie c’était… l’Euro ?
Jacques Sapir

Citation :

L’identification des facteurs aboutit à isoler la mise en place de l’Euro comme le responsable principal de l’affaiblissement de la production industrielle, que ce soit à cause des problèmes de concurrence à l’intérieur de la zone Euro (qui vont apparaître progressivement avec l’écart sur les coûts salariaux entre la France et l’Allemagne) ou à cause des problèmes de concurrence extérieure à la zone Euro (avec la hausse du taux de change par rapport au Dollar à partir de 2002-2003). L’Euro est donc LE problème. Un problème que l’on a tenté de masquer par des mesures fiscales depuis 2002, mais qui finit toujours par revenir en force. De ce point de vue, le Rapport Gallois ne fait que perpétuer cette logique, puisqu’il propose un choc d’ajustement fiscal pour compenser les pertes de compétitivité et la réduction de l’EBE, qui sont consécutives à l’Euro. Remarquons que si les mesures proposées étaient appliquées, elles ne pourraient avoir qu’un effet limité dans le temps. Il faudrait, d’ici 6 à 8 ans, procéder à un nouveau choc fiscal. La seule solution qui soit réellement efficace pour sauver l’industrie française est donc une dissolution de la zone Euro et une dévaluation importante, de manière à garantir que l’inflation ainsi causée n’efface pas les effets positifs de cette dévaluation. En l’état actuel, il faudrait penser à une dévaluation d’au moins 25%, en sachant que plus on retardera la décision plus le montant de la dévaluation devra être important. Gageons ici que M. Louis Gallois le sait pertinemment…

Je constate que le problème de l'Euro est désormais posé de plus en plus ouvertement. Maintenant, ils faudrait que les choses changent, et qu'on arrête les rustines en filant du fric aux entreprises.