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 Initiative : Pour une autre vision de l’économie

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MessageSujet: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeVen 22 Fév 2008 - 17:29

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Mis à Jour le : 22 février 2008 15:06
Initiative : Pour une autre vision de l’économie

22 février 2008


« Sur toutes [les] questions, qui font l’objet de débats intenses, l’argumentation économique s’impose de manière décisive. Les économistes bénéficient d’un statut particulier qui leur confère une influence démesurée dans la conduite des « affaires de la Cité », toutes les dimensions de la vie sociale étant abordées à travers le prisme du raisonnement économique. Une question mérite pourtant d’être posée : l’économie est- elle au service de la société ou la société au service de l’économie ? Si, comme nous le croyons, l’économie n’est qu’un moyen au service du bien-être des populations, poser la question, c’est y répondre. » 123 économistes francophones, canadiens pour la plupart, lancent un appel pour « revivifier le pluralisme dans le discours économique en redonnant droit de cité aux conceptions alternatives au courant dominant. »
Pour une autre vision de l’économie



Par Kamel Béji, Guy Debailleul, Gilles Dostaler, Bernard Élie, Frédéric Hanin, Sylvie Morel, Vincent van Schendel, économistes.

Notre société est plongée en permanence dans un tourbillon d’informations, d’idées et d’opinions portant sur les phénomènes économiques et sur l’évolution qu’il conviendrait de leur imprimer. Certes, l’importance apportée aux questions économiques s’explique par l’urgence des nombreux problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui, lesquels affectent nos vies en profondeur. Sur la place publique, les débats touchant les questions économiques prennent la forme de controverses concernant, par exemple, le choix des politiques en matière de gestion de la dette publique, de financement des systèmes de santé et d’éducation, d’environnement ou encore de salaire minimum et de relations de travail.

Sur toutes ces questions, qui font l’objet de débats intenses, l’argumentation économique s’impose de manière décisive. Les économistes bénéficient d’un statut particulier qui leur confère une influence démesurée dans la conduite des « affaires de la Cité », toutes les dimensions de la vie sociale étant abordées à travers le prisme du raisonnement économique. Une question mérite pourtant d’être posée : l’économie est- elle au service de la société ou la société au service de l’économie ? Si, comme nous le croyons, l’économie n’est qu’un moyen au service du bien-être des populations, poser la question, c’est y répondre.
Un discours dominant



L’économie comme domaine du savoir est un vaste ensemble traversé de courants de pensée divers et contradictoires. Les économistes ont, comme tous les êtres humains, des visions du fonctionnement de la société, des opinions politiques, des croyances diversifiées.

Toutefois, depuis quelques dizaines d’années, un discours économique relativement monolithique s’est imposé, au Québec comme ailleurs dans le monde. Il sert d’appui et de rationalisation à un ensemble de politiques qu’on a qualifiées, faute de mieux, de néolibérales. Il serait sans doute plus approprié de parler d’un ultralibéralisme, fondé sur la croyance dans l’efficacité absolue des marchés.

Cette croyance a des racines très anciennes. Elle s’appuie sur une vision de l’économie perçue comme un mécanisme obéissant à des lois naturelles, que les économistes auraient pour tâche de mettre en lumière, comme les physiciens pour la nature. L’interaction libérée de toute contrainte entre des individus qui poursuivent chacun leurs intérêts égoïstes génèrerait le maximum de bien-être pour l’ensemble de la collectivité, le marché étant le lieu où s’opèrerait ce prodige. Les interventions des pouvoirs publics sont dès lors considérées comme étant néfastes.

Ce libéralisme économique - qu’il ne faut pas confondre avec le libéralisme politique ou moral - a été combattu, dès le dix-neuvième siècle, par plusieurs courants de pensée. On a cependant assisté, depuis les années 1970, à une remontée en force de ces analyses, accompagnant la remise en question radicale de la forme d’interventionnisme qui s’était imposée dans la plupart des économies capitalistes dans les trente années de l’après-guerre.

Le discours économique dominant trouve une légitimité en s’appuyant sur des théories qui sont élaborées dans l’univers académique. Certes, celles-ci sont diverses : mais elles se confortent très majoritairement à une même vision du monde fondée sur la croyance en l’efficacité des marchés. Sous sa forme caricaturale, ce discours est aussi relayé par un appareil de propagande idéologique dont l’illustration au Québec est l’« Institut économique de Montréal », une appellation qui, sous un vernis scientifique, cache un prêt-à-penser économique simpliste.

Par notre formation et notre pratique de recherche et en tant qu’économistes, nous nous sentons particulièrement interpellés par l’absence de pluralisme qui caractérise le discours économique ambiant. Il est faux de laisser croire que ce dernier résume à lui seul l’ensemble des discours en économie. Même si cela est méconnu, il existe, derrière cette unité de façade, une grande diversité de points de vue parmi les économistes. L’absence de pluralisme, dans l’explication des faits économiques et dans les solutions mises de l’avant, oriente les débats vers ce que les tenants de la pensée dominante identifient comme étant les vrais problèmes économiques : une dette publique excessive, des protections sociales trop généreuses, les entraves de tout type au libre marché, la frilosité des acteurs sociaux, entre autres. D’autres regards mèneraient à d’autres diagnostics.
Une vision réductrice



Le discours économique dominant débouche sur une idéologie de la responsabilisation individuelle, où sont gommées de l’analyse et de l’organisation sociale les obligations collectives qui sont garantes de la capacité, pour les individus, d’exercer dans les faits leur liberté. Il légitime par ailleurs l’ordre établi et les pouvoirs en place. Le désengagement des pouvoirs publics que prône le néolibéralisme est à géométrie variable. Il cible certaines formes d’intervention comme l’offre de services publics ou le versement de transferts sociaux pour réaliser les baisses d’impôt. Mais d’autres interventions sont toujours bien prisées, par exemple les subventions aux entreprises ou les dépenses militaires. En présentant l’économie comme le produit des forces du marché, c’est-à-dire comme un fait de nature contre lequel il n’y aurait rien à faire, la pensée économique dominante impose ses solutions comme autant de diktats, dignes, paradoxalement, de l’autoritarisme politique. Pourtant, l’activité économique n’échappe pas au choix des humains.

Le laisser-faire ne peut être la solution aux problèmes de la société. Il nous conduit à l’impasse, voire à la catastrophe. Dans le contexte actuel, les coûts économiques, sociaux et environnementaux qu’il entraîne rendent nécessaire d’inventer l’avenir autrement. Des milliers d’organisations et d’initiatives à travers le monde rappellent d’ailleurs cette évidence et contribuent, dans la pratique, à réinventer l’avenir.
Le pluralisme : une exigence démocratique



Les conceptions économiques qui peuvent éclairer nos choix collectifs empruntent à des sources théoriques variées. Malgré leur diversité, elles ont pour caractéristique commune d’offrir une lecture des faits économiques qui est ancrée dans la réalité des institutions et de l’histoire. Dans cette optique, l’économie est une construction sociale. Il faut mettre de l’avant des explications de l’économie qui redonnent aux valeurs et aux représentations, à l’histoire, à la culture et aux arrangements sociaux la place qui leur revient. L’orientation de notre société doit relever d’une vision partagée et les décisions doivent venir de larges délibérations.

À l’heure où « l’économiquement correct » répugne à parler du capitalisme, appelé pudiquement économie de marché, il nous faut ouvrir le débat sur le plus grand nombre possible d’options de changement social et sur les moyens que la réalisation de celles-ci nous invite à employer. Il faut revivifier le pluralisme dans le discours économique, en redonnant droit de cité aux conceptions économiques qui offrent une alternative au courant dominant. Il s’agit de rouvrir l’éventail des possibles afin de nourrir véritablement les débats de société. Car seule une large réflexion, pluraliste et contradictoire, peut nous permettre de surmonter l’impasse actuelle, en nous dotant des instruments de pensée permettant de bien saisir les réalités complexes de ce début de vingt-et-unième siècle et d’imaginer des solutions appropriées pour les affronter.

Ce texte est la version condensée d’un document plus long, qui a été signé par 123 économistes en provenance de tous les horizons : universités, CEGEPs, administration publique, milieu syndical, entreprises.

Le site Economie Autrement permet de signer en ligne cette déclaration.
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Alain BERTIER




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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeDim 2 Mar 2008 - 8:53

Quelques vraies questions sont posées par ce texte, mais il en oublie d'autres plus importantes encore.
Le marché donne des résultats satisfaisants lorsqu'il concerne des produits ou services dont les quantités disponibles peuvent être adaptées à la demande par des investissements supplémentaires ou des destructions d'iceux.
Il devient inutile quand les quantités disponibles atteignent des limites qu'aucun investissement ne permet de dépasser; on atteint alors la pénurie qui suscite inévitablement l'arrivée du marché noir. C'est pourtant ce qui est en train d'arriver.
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Jean-Luc

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeDim 2 Mar 2008 - 11:31

Et quand l'argent se fait rare - à force de donner aux nantis, NS n'a pas laissé grand-chose pour nous -, peut-on en trouver au marché noir ? Suspect
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeDim 2 Mar 2008 - 21:38

c'est du ATTAC revival ?
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hloben

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeDim 2 Mar 2008 - 21:47

chic du attac revival ! j'adore ça !
je vais le surveiller ce post !!!
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ArnaudH

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 9:12

Je sens qu'il va être drôle ce fil Laughing
(enfin, évitez des Attac revival les uns contre les autres Wink )
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Jean-Luc

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 10:10

C'est quoi, « Attac revival » ? Shocked Embarassed
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signora

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 11:13

Ben oui... c'est quoi ?
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hloben

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 11:37

"L’absence de pluralisme, dans l’explication des faits économiques et dans les solutions mises de l’avant, oriente les débats vers ce que les tenants de la pensée dominante identifient comme étant les vrais problèmes économiques : une dette publique excessive, des protections sociales trop généreuses, les entraves de tout type au libre marché, la frilosité des acteurs sociaux, entre autres. D’autres regards mèneraient à d’autres diagnostics."

c'est un texte qui critique la chape de plomb qui mène à 1 seule pensée économique
mais il ne propose pas d'alternatives.
j'ai essayé de soulever la chape de plomb en parlant de monnaie franche, d'économie distributive etc...
c'est lourd à soulever !!!

« revivifier le pluralisme dans le discours économique en redonnant droit de cité aux conceptions alternatives au courant dominant. »

enfin des économistes osent parler !!!

j'aimerais bien voir la version longue...
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hloben

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 13:42

Dette du Sud, dette états-unienne : quelles réalités ?

par

Olivier Lorillu
La
dette des pays du Sud semble exorbitante. Elle est pourtant cinq fois
moindre que celle des États-unis. Mais elle seule est exigible. La
dette devient alors un outil de domination du fort sur les faibles,
souligne Olivier Lorillu.






Initiative : Pour une autre vision de l’économie Transpix



La dette extérieure publique des pays
en développement (165 États, 86 % de la population mondiale) atteint
des sommets vertigineux : 1 600 milliards de dollars. Nuançons d’emblée
ce chiffre : la dette publique des seuls États-Unis s’élève à 8 000
milliards de dollars (4,5 % de la population mondiale). Mais quelles
réalités se cachent derrière ces montants ?


Primo, au Sud,
la dette provoque une hémorragie de capitaux qui manquent cruellement
sur place. Entre 1980 et aujourd’hui, la dette extérieure des pays en
développement a été multipliée par 5 alors que dans le même temps, ils
ont remboursé l’équivalent de 10 fois leur dette de 1980. Les pays du
Nord consacrent chaque année à l’aide publique au développement (au
contenu par ailleurs fort discutable) cinq fois moins que ce que les
pays du Sud remboursent pour leur dette. Contrairement au discours
officiel, les transferts d’argent se font globalement des populations
du Sud vers les riches créanciers. Entre 1999 et 2004, le Sud a
remboursé en moyenne 81 milliards de dollars par an de plus qu’il n’a
reçu en nouveaux prêts. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a
estimé en 2000 au sommet du G7 à Okinawa que les pays d’Afrique
subsaharienne consacraient en moyenne 38 % de leur budget au
remboursement de leur dette. Cette fuite de capitaux est très
concrètement ressentie par les populations du Sud. Le Programme des
Nations unies pour le développement (PNUD) estime qu’« il manque aux pays en développement quelque 80 milliards de dollars par an pour assurer à tous les services de base »
c’est-à-dire l’accès universel à l’eau potable, à une alimentation
décente, à l’éducation primaire, aux soins de base, ainsi qu’à des
soins gynécologiques pour les femmes. La dette s’accroît et la misère
se développe. Comment en est-on arrivé là ?


À la suite de la Seconde Guerre
mondiale, les États-Unis, par le biais du plan Marshall, investissent
massivement dans l’économie européenne pour l’aider à se remettre
d’aplomb. Pour éviter une flambée de l’inflation aux États-Unis, le
gouvernement états-unien encourage les investissements de ses
entreprises à l’étranger. Dans les années 1960, les banques européennes
regorgent alors de dollars pour lesquels elles cherchent des débouchés
rentables. Elles les prêtent à des taux incitatifs aux pays du Sud, en
particulier aux pays d’Asie et d’Afrique nouvellement indépendants et
aux pays d’Amérique latine en phase d’industrialisation rapide,
d’autant plus que les dirigeants locaux y trouvent leur compte. Ces
pays s’endettent ainsi, la précision est capitale, en dollars (ou en
devises fortes), pas dans leur monnaie nationale. A partir du choc
pétrolier de 1973 et de la récession mondiale qui le suit, les États du
Nord décident de prêter aux pays du Sud à condition qu’ils utilisent
l’argent prêté pour acheter les marchandises du pays prêteur. Par
ailleurs, la Banque mondiale s’attache à partir de la fin des années
1960 à contrecarrer l’influence soviétique et les velléités
indépendantistes. Dans ce but, elle va prêter massivement aux alliés
stratégiques des États-Unis (souvent des dictatures comme au Zaïre, en
Indonésie, au Chili, au Brésil, en Argentine...) pour renforcer la zone
d’influence occidentale. Par conséquent, avec la complicité des classes
dirigeantes du Sud, la dette est multipliée par 11 entre 1968 et 1980 ;
c’est le prélude à un tournant tragique : « la crise de la dette ».


En 1979, les États-Unis décident
d’augmenter fortement leurs taux d’intérêt pour attirer les capitaux et
relancer leur économie. Cette décision précipite une crise majeure car
les prêts accordés jusque là l’étaient à taux variables et indexés sur
les taux anglo-saxons : de 4-5 % dans les années 1960, ils passent à
16-18 %. Du jour au lendemain, les pays du Sud doivent rembourser
quatre fois plus d’intérêts. Dans le même temps, endettés en dollars,
ils sont contraints de se tourner vers une économie massivement
exportatrice dans le but de se procurer des devises fortes. Résultat :
ils se font concurrence entre eux, l’offre augmente considérablement
mais la demande au Nord stagne et les cours s’effondrent. Au début des
années 1980, les règles du jeu sont délibérément changées et le piège
se referme.


Un pompier au service des pyromanes
entre alors en scène : le Fonds monétaire international (FMI). Plus
personne ne souhaitant prêter d’argent aux pays du Sud qui ne peuvent
plus rembourser, le FMI se charge de leur « venir en aide » (en fait,
leur prêter afin qu’ils puissent sur le champ... rembourser leurs
créanciers) mais en contrepartie, les prêts qu’il accorde sont
conditionnés à une politique établie à Washington et d’inspiration très
largement néolibérale : fin des subventions aux produits de première
nécessité, privatisations massives, libéralisation de l’économie,
fiscalité aggravant les inégalités, baisse drastique des budgets
sociaux – éducation, santé, logement. Ce sont les fameux programmes
d’ajustement structurel. Les pays du Sud perdent là leur souveraineté
politique et économique, supportant dès lors un nouvel esclavage. La
potion est amère pour les populations du Sud qui s’enfoncent dans la
misère : 2,8 milliards de personnes dans le monde survivent aujourd’hui
avec moins de 2 dollars par jour, 852 millions de personnes sont
sous-alimentées et l’espérance de vie dans certaines régions est en
chute libre (pour 20 pays d’Afrique, elle est passée sous la barre des
45 ans).


Secundo, aux Etats-Unis,
les règles promues avec fermeté à propos des pays du Sud ne sont
absolument pas respectées. Le déficit budgétaire est colossal, des
politiques protectionnistes sont appliquées, les activités stratégiques
(agriculture, aéronautique, acier, etc.) sont fortement subventionnées,
mais les institutions financières internationales (IFI) ne haussent pas
le ton, et pour cause. Par leur puissance économique, financière,
politique et militaire, les États-Unis sont maîtres du jeu : ils ont pu
s’assurer une position très favorable au sein des IFI (plus de 15 % des
droits de vote au FMI et à la Banque mondiale, ce qui leur procure un
droit de veto de fait). Ils ne se sentent donc pas obligés de respecter
les règles qu’ils imposent ailleurs… D’autre part, la dette des
États-Unis, contrairement à celle des pays en développement, est
essentiellement intérieure. De surcroît, le dollar, monnaie de
référence, est la monnaie des États-Unis, ce qui accroît
considérablement ses marges de manœuvres, une modification des taux
directeurs ou de la fiscalité lui permettant de récupérer des devises.
Enfin, la confiance qu’inspire l’économie états-unienne incite de
nombreux acteurs financiers (essentiellement privés mais aussi d’autres
pays comme la Chine et le Japon) à y acheter des bons du Trésor, mais
jusqu’à quand ?


Néanmoins, il existe un certain nombre
de similitudes entre les dettes des pays du Sud et du Nord. En effet,
dans les deux cas, elle permet un transfert important de richesses des
populations pauvres vers les classes dominantes. A cette fin, les
décisions sont savamment orchestrées : augmentation des impôts injustes
de type TVA (qui frappent proportionnellement beaucoup plus les
pauvres), diminution des impôts progressifs, avantages fiscaux pour les
détenteurs de capitaux. Austérité et rigueur au Nord, ajustement
structurel au Sud… Le Traité constitutionnel européen, refusé en France
en mai 2005, constituait une tentative supplémentaire en ce sens. Cette
donnée établit parfaitement un point fondamental : le clivage important
n’est pas Nord/Sud mais entre ceux qui profitent de la dette et ceux
qui la supportent, qu’ils soient au Nord ou au Sud.


Les initiatives médiatiques actuelles
de la part des institutions internationales ne règlent en rien le
problème de la dette car elles se contentent d’écrémer la partie
supérieure sans toucher au mécanisme lui-même. Au contraire, il est
urgent de changer de cap. Le Comité pour l’annulation de la dette du
tiers-monde (CADTM) revendique l’annulation totale et inconditionnelle
de la dette extérieure publique du tiers-monde et l’abandon des
politiques d’ajustement structurel imposées aux pays du Sud. Cette
annulation est facilement réalisable puisque la dette des pays du
tiers-monde représente moins de 3 % du montant total des dettes
mondiales, il ne manque que la volonté politique. Cette annulation
devra se prolonger par l’élaboration d’alternatives adaptées à chaque
région : constitution de fonds de développement nationaux
démocratiquement contrôlés par les populations locales et alimentés par
différentes mesures (expropriation des biens mal acquis par les élites
des pays en développement et rétrocession aux peuples, taxe de type
Tobin sur les transactions financières, impôt mondial exceptionnel sur
les grosses fortunes...). Parallèlement, une nouvelle architecture
financière internationale est indispensable. Le CADTM réclame
l’abolition du FMI, de la Banque mondiale et du Club de Paris, et la
fondation de nouvelles institutions dont les missions seraient centrées
sur la garantie des droits humains fondamentaux.
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hloben

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 13:42

des commentaires ?
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ArnaudH

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 13:48

Oui. L'analyse (celle présentée ci-dessus, pas forcément l'analyse complète qui la sous-tend) est simpliste. Cette dette est tangible chez les Etats et institutions financières auxquelles elle est due. Nous ne pouvons l'annuler sans augmenter de manière significative les impôts des pays industrialisés et recapitaliser de manière significative ces institutions financières.

Pour les politiques d'ajustement structurel je suis d'accord, cela a été, le plus souvent, une catastrophe économique et sociale.
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Alain BERTIER




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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 14:06

hloben a écrit:
des commentaires ?

Ben non. La dernière fois que j'ai voulu répondre à tes questions sur la finance (je crois que c'était sur la monnaie franche), tu as failli me rendre fou avec les intérêts sur lesquels tu avais des idées disons ... bizarres. Parlons plutôt d'autre chose : tu veux un sonnet?

Je commence à troller pas mal, je trouve ...
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hloben

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 14:17

d'ailleurs, quand j'ai écrit "chape de plomb" Alain, je pensais à tes commentaires... c'est plus ou moins le même sujet qui redémarre : la fichue dette qui explose...

On n'a pas encore réussi à m'expliquer en quoi le système actuel était logique, d'ailleurs... juste qu'il était "compliqué".
et ça m'a clairement laissé sur ma faim.

Je reste avec mes idées bizarres sur les intérêts...
et l'exemple de la dette des pays du sud en est une bonne image...

Je suis toujours d'avis qu'on "noie le poisson" dans ce domaine...
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ArnaudH

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 14:23

Question simple Hloben: qui devrait selon toi payer la dette des Etats du Sud? (et je ne parle pas ici de rembourser la dette des Etats les plus pauvres uniquement mais, comme l'indique l'article que tu as posté, la dette de tous les Etats du Sud, voire la dette publique de tous les Etats)
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 14:25

une autre question simple arnaud, si les pays ont déjà payé 5 fois le capital... qui se retrouve sur la paille si on annule leur dette ?

"Entre 1980 et aujourd’hui, la dette extérieure des pays en
développement a été multipliée par 5 alors que dans le même temps, ils
ont remboursé l’équivalent de 10 fois leur dette de 1980. "
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ArnaudH

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 14:53

Alors qui paie les intérêts capitalisés figurant aux bilans des banques et dans les actifs des comptes des Etats?
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Alain BERTIER




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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 15:22

Monsieur Lorillu est un plaisantin.

Il nous dit « la dette provoque une hémorragie de capitaux qui manquent cruellement
sur place. Entre 1980 et aujourd’hui, la dette extérieure des pays en
développement a été multipliée par 5 alors que dans le même temps, ils
ont remboursé l’équivalent de 10 fois leur dette de 1980. »


Cela a l’air vraiment scandaleux.

Mais si on regarde ce qui s’est passé :

1980 Solde de la dette = 1

de 1980 à 2007 Nouveaux emprunts = 14

de 1980 à 2007 Remboursements = -10

2007 Nouveau solde de la dette = 5 =1+14-10

Cela semble beaucoup moins scandaleux.



La dette provoque deux mouvements de capitaux, une entrée et une sortie. Ce que Monsieur Lorillu appelle une hémorragie de capitaux, c’est la sortie.
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 17:22

ce que je comprends du texte :

- Après la 2nd guerre mondiale et le Plan Marshall, le Nord a beaucoup prêté au Sud en dollars, en particulier aux pays en voie de développement en phase d'industrialisation rapide

- choc pétrolier, le Nord continue à prêter pour que le pays en voie développement achètent ses produits - également pour des raisons politiques, pour assurer une influence occidentale dans ces pays

- en 1976, les USA remontent leurs taux d'intérêt. Les prêts ont été pour la plupart aux taux variables et indexés sur les tx anglo saxons. Les intérêts explosent, et entraînent une explosition de la dette - les pays du Sud sont étranglés

- Pour rembourser leurs dettes, ils cherchent à exporter, se concurrencent fortement... font exploser l'offre, alors que la demande au nord stagne ... les cours s'effondrent

- le FMI accorde au Pays du Sud de nouveaux prêts à condition que les pays en vois de suivre une politique néolibérale très dure (coupe franches dans les dépenses sociales etc) ... Ces pays se voient alors incapables de répondre aux services de base de leur population.
Ne pouvant assurer les dépenses d'éducation et de santé, ils s'enfoncent dans la misère.

*************

Ce qui a été la cause des malheurs des PVD semblent être la remontée des taux d'intérêt. Quelle est la raison de cette remontée brutale des taux ?
Apparemment, il s'agissait pour les USA d'attirer des capitaux pour relancer leur économie

ma question est
"A t on demandé aux Pays du Sud de mettre la main à la poche pour relancer l'économie américaine ?"

accessoirement, d'un point de vue moral, a t on le droit de faire exploser les taux d'intérêt de cette façon ?
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ArnaudH

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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 17:58

La remontée des taux connue est celle de 1979 pour lutter contre l'inflation américaine; mais un premier choc inflationniste avait eu lieu dès 1974 (la monnaie américaine a commencé à "flotter" en 1973).

L'impact sur les prêts des pays des sud est un impact collatéral (ces prêts ayant été négociés en taux variables) et non une décision macro-économique concertée. Donc réponse à ta première question: Non

A la deuxième: l'économie est quelque chose de systémique, la morale n'a rien a voir là dedans. Le but, dans ce cas précis est d'éviter, en urgence, une crise systémique (la référence en la matière est 1929), toutes les conséquences ne sont pas prévues d'avance (surtout quand c'est une première).
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 18:09

ArnaudH a écrit:

L'impact sur les prêts des pays des sud est un impact collatéral (ces prêts ayant été négociés en taux variables) et non une décision macro-économique concertée. Donc réponse à ta première question: Non

donc la réponse, c'est "on n'a n'a pas fait exprès, mais c'est bien ce qui s'est passé. On a mis les pays du sud dans la mouise totale pour se tirer d'affaire." non ? Ca ne gène personne ?

c'est nous qui décidons comme ça nous arrange... on impose ses propres règles au dépens du Sud...

L'économie ce n'est pas "moral". C'est bien cela que je lui reproche et ce que dénonçait le premier texte
"l’économie est- elle au service de la société ou
la société au service de l’économie ? Si, comme nous le croyons,
l’économie n’est qu’un moyen au service du bien-être des populations,
poser la question, c’est y répondre."


La dette américaine était encore plus importante que celle de tous les pays en voie de développement réunis... 5 fois plus .. (est ce vrai ?)
pourquoi le FMI n'exige pas des américains ce qu'il exige des pays en voie de développement ?


Dernière édition par hloben le Lun 3 Mar 2008 - 18:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 18:14

Euh... ce qui est bien c'est qu'on te donne une réponse mais elle ne sert à rien, vu que tu as décidé de rester sur ta lancée, justifiée par les fait ou non, peu t'importe apparemment. Ce n'est pas une discussion, c'est une forme biaisée de justifier tes propos, quels qu'ils soient.

Pour le FMI, il faudrait encore que tu en lises un rapport avant de donner un avis sur ce qu'il y a dedans.
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 18:14

Oui c'est vrai.
Parce que ce n'est pas le FMI qui leur a prêté.
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 18:17

Cette fois la chape de plomb, c'est ArnaudH, en toute objectivité. Initiative : Pour une autre vision de l’économie 949190
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitimeLun 3 Mar 2008 - 18:35

arnaud,
dans la première partie de ton post, je n'ai fait que reprendre tes propos :

Pour lutter contre l'inflation , on a augmenté les tx directeurs, et cela a explosé la dette des PVD... mais l'économie est "systémique" pas "morale", aors tant pis pour eux.

alain,
ce n'est pas le fmi qui a accordé des prêts ? qui est ce ?
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MessageSujet: Re: Initiative : Pour une autre vision de l’économie   Initiative : Pour une autre vision de l’économie Icon_minitime

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