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| Le protectionnisme | |
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Auteur | Message |
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Prouesse
Nombre de messages : 2869 Age : 40 Localisation : La Madeleine Date d'inscription : 29/02/2008
| Sujet: Le protectionnisme Mer 21 Mai 2008 - 8:38 | |
| Suite à la lecteur d'un article de bakchich (ici), je me suis rappelé une vidéo que j'avais vu sur ce forum, mais que malheureusement je ne retrouve pas. C'était sur France Inter il me semble, j'ai honte de ne plus me souvenir du nom de l'invité. C'est un historien qui avait prédit la chute de l'URSS.
Bref, cet homme donc, a aussi parlé de protectionnisme, européen.
J'aimerai approfondir l'idée et savoir s'il y a déjà eu une réflexion à ce sujet au Modem. | |
| | | democ-soc
Nombre de messages : 2419 Age : 49 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Mer 21 Mai 2008 - 9:05 | |
| Ca sent l'Emmanuel Todd a plein nez. Ca doit etre lui ton "homme". Sinon, on a déjà eu quelques débats tournant autour de cela dans ce topic "alter-économie", mais rien de trés poussé. https://bayrou-modem.exprimetoi.net/socio-economie-f48/initiative-pour-une-autre-vision-de-leconomie-t2659-150.htmJe remets ici le lien vers le site fédérant les économistes et intellectuels partisans d'un retour au protectionnisme au niveau de l'Europe http://www.protectionnisme.eu/ Malheureusement, on ne peut pas dire qu'ils aient soigné le design... Et je mets aussi une interview-synthèse des idées de ces "protectionnistes: http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/265885.FR.php C'est titré: «Le retour au protectionnisme est inéluctable»
Faut-il augmenter les barrières douanières ? Interview de Jean-Luc Gréau, économiste. Par Grégoire Biseau - QUOTIDIEN : lundi 9 juillet 2007 Etrangement, c’est à la fois la question du débat économique la plus sulfureuse et la moins débattue : faut-il oui ou non recourir à des mesures protectionnistes pour mieux encadrer le commerce mondial ? Tentative d’explication avec l’économiste Jean-Luc Gréau. Vous êtes un des rares économistes à remettre en cause les effets du libre-échange. Pourquoi ce débat semble aujourd’hui tabou ? Deux raisons expliquent qu’aujourd’hui la contestation du libre-échangisme est devenue une question interdite. Il y a d’abord de la part des hommes politiques une vraie peur de se faire taxer d’extrémisme. Car, aujourd’hui, le Front National et une partie de l’extrême gauche sont les seuls partis qui se déclarent ouvertement opposés à ce système. Ensuite, il y a une pression constante du monde des affaires, et plus encore du secteur financier, à présenter ce débat comme éculé, synonyme d’un archaïsme économique. Il est difficile de contester que la croissance mondiale est tirée par des puissances comme la Chine et l’Inde, qui se sont intégrées dans le commerce mondial grâce au libre-échange. Le fait que le déficit commercial de l’Union européenne avec la Chine ait augmenté de 93 % depuis le début de cette année est bien le signe que quelque chose ne va pas. Aujourd’hui, l’Union européenne exporte 100 vers la Chine et importe 300 de produits made in China. Aux Etats-Unis, ce rapport est de 1 à 6. Dans nos relations avec la Chine, nous ne profitons pas des supposés bénéfices du libre-échange. C’est pour cela que le retour d’un nouveau protectionnisme est inéluctable. Le vrai risque c’est d’attendre trop longtemps que les emplois industriels en Europe aient totalement disparu. Mais vous risquez de stopper net le développement de ces nouvelles puissances et donc de faire plonger la croissance mondiale. Non. D’où provient la croissance mondiale aujourd’hui ? Un peu des Etats-Unis, mais surtout de l’Asie et dans une moindre mesure de l’Amérique latine. En Chine et en Inde, elle a été alimentée grâce notamment à l’élargissement du processus capitaliste, qui permet à ces pays d’élever leur niveau de compétence et de savoir-faire. Dans ce contexte, les multinationales, en investissement localement, jouent un rôle déterminant dans ce processus de développement. Il ne s’agit pas de remettre cela en question. Le problème c’est que ces nouveaux pays ont choisi un mode de développement qui privilégie la croissance de leurs exportations au détriment de l’énorme potentiel de leur demande intérieure et donc d’un certain progrès social. Je considère que la Chine mène une politique économique impérialiste, dont ni l’Europe, ni les Etats-unis, ni même l’Afrique ne bénéficient. Trois décisions majeures des autorités chinoises viennent d’illustrer cette ambition. D’abord, la création d’une société à capitaux publics pour être capable demain de construire un avion de ligne chinois concurrent de Boeing et d’Airbus. Ensuite la volonté d’utiliser une partie des immenses réserves de change de la Chine pour investir sur les marchés financiers occidentaux. Enfin la hausse de 30 % des droits de douane à l’importation de certains biens d’équipement pour protéger son industrie nationale. Et pendant ce temps, l’Europe reste inerte. Concrètement, quelles mesures protectionnistes préconisez-vous ? D’abord, il ne s’agit surtout pas d’envisager un protectionnisme à l’échelle nationale, mais au niveau de l’Union européenne. Or l’UE n’est pas cette union douanière qu’elle devrait être : aujourd’hui le total des droits de douanes ne représente que 2 % de la valeur totale des échanges. C’est trop peu. Il ne s’agit pas non plus de décider d’un tarif commun unique, quels que soient les produits et les pays. Cela n’aurait aucun sens de vouloir par exemple taxer les produits américains. Il faut retrouver les conditions d’une certaine loyauté commerciale. Il s’agit donc de cibler les produits manufacturés en provenance de pays où le différentiel de coûts de production est trop important. Ces barrières douanières seraient par ailleurs une vraie incitation pour améliorer les conditions sociales et salariales des populations ouvrières de ces pays. Mais à moyen terme, les coûts chinois vont augmenter et les conditions d’échange devraient donc se rééquilibrer. Je ne le crois pas. Les écarts salariaux sont trop importants et la Chine comme l’Inde disposent d’une immense armée de réserve de main-d’œuvre qui leur permet de maintenir une pression constante sur les salaires. D’ici à ce que cet écart soit comblé, disons peut-être dans vingt-cinq ans, l’Union Européenne sera devenue un désert industriel. Dans l’histoire, quand des pays ont décidé de mesures protectionnistes, cela s’est presque toujours soldé par des crises, voire des guerres. On a souvent accusé le protectionnisme de la crise des années 30. En réalité, la crise était là avant que les mesures protectionnistes ne soient mises en place. Quant au risque nationaliste, cela n’a pas de sens si ce genre de politique est mené à l’échelle de l’Union européenne, un immense marché de 300 millions d’habitants. En revanche, si on ne fait rien, les tentations nationalistes risquent de nous couper définitivement du reste du monde. | |
| | | Prouesse
Nombre de messages : 2869 Age : 40 Localisation : La Madeleine Date d'inscription : 29/02/2008
| Sujet: Re: Le protectionnisme Mer 21 Mai 2008 - 10:37 | |
| Merci democ-soc.
Je n'avais pas suivi les discussions sur l'autre topic du forum que tu m'as indiqué.
Ce que j'ai pu en lire me conforte dans l'idée qu'un protectionnisme modéré est la voie à prendre en Europe. Mais je m'interroge sur une telle réalisation quand on voit comme l'idée est tabou et la présence des néolibéraux aux commandes de l'UE. | |
| | | Méthos
Nombre de messages : 603 Age : 42 Localisation : Orléans Date d'inscription : 08/03/2008
| Sujet: Re: Le protectionnisme Mer 21 Mai 2008 - 11:27 | |
| Les EU sont bien la première nation a mettre en place du protectionisme dès que l'un de leur secteur est en danger donc bien sur qu'il faut nous protéger. | |
| | | Alain BERTIER
Nombre de messages : 2692 Age : 85 Localisation : DREUX Date d'inscription : 07/12/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Mer 21 Mai 2008 - 12:06 | |
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Le protectionnisme douanier ne sera pas nécessaire ; la solution va être beaucoup moins agréable, et va nous être imposée par la situation.
La liberté du commerce sans aucune limite ne peut fonctionner que si tout de qui est nécessaire au commerce, les hommes, les capitaux et les matières premières, est également disponible sans limite, ce qui était le cas jusqu’à une période récente. Mais on sait maintenant que les limites ont été sinon atteintes du moins perçues comme n’étant plus très loin. Cela modifie les conditions du commerce qui, d’une situation ou l’offre s’adaptait facilement à la demande, au point que le souci était souvent de soutenir la demande, quand il ne s’agissait pas de la créer, va passer à une situation ou une offre limitée va imposer ses conditions à une demande impossible à satisfaire, soit par insuffisance de quantités offertes à la vente, soit en raison des conditions imposées par le vendeur.
Le comportement de la Russie dans la distribution de son gaz illustre le commerce international tel qu’il va falloir le pratiquer bientôt ; il n’y a pas un marché où acheteurs et vendeurs se mettent d’accord sur la chose et sur son prix, selon la formule traditionnelle de l’accord commercial, il y a un vendeur qui fixe ses conditions, pas forcément uniquement monétaires, à prendre ou à laisser. Les pays producteurs de pétrole sont en train d’adopter des politiques qui n’ont plus rien de commun avec un commerce libre ; le Venezuela ne fait plus passer qu’une partie de sa production par le commerce, pour en consacrer une autre à l’action diplomatique ; d’autre part, en remplaçant les concessions aux compagnies internationales par de nouveaux contrats léonins, voir en les annulant, ou en les remettant en cause dans des conditions inacceptables, les compagnies sont conduites à réduire leurs investissement, ou même empêchées de les poursuivre. Les producteurs du proche orient restent de marbre en constatant l’augmentation de la demande, soit pour étaler le revenu de la rente, ce qui reflète une prise de conscience de ce qu’il ne sera pas éternel, soit parce qu’ils ne disposent plus de réserves permettant d’augmenter la production. Tout ceci démontre qu’un commerce de pénurie est en train de se mettre en place ; il apparaît sur les matières premières énergétiques en premier, mais va s’étendre à de nombreux minéraux qui détiennent aussi la particularité d’être non renouvelables. Les restrictions concernant les métaux se répercuteront évidemment sur la production des produits manufacturés, pour lesquels les listes d’attente fleuriront, et un marché noir se mettra rapidement en place, comme on peut s’en douter en observant l’ampleur des vols de métaux depuis un ou deux ans.
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| | | pourleboss
Nombre de messages : 3430 Age : 70 Localisation : 69100 VILLEURBANNE Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Ven 23 Mai 2008 - 19:24 | |
| Un mot grossier - le protectionnisme - auquel tout bon ultralibéral s'empresse de faire appel en lui filant un autre nom dès lors que ses propres intérets sont menacés. Le baril de pétrole va monter à 200 dollars ! Surveillez bien le comportement de tous les pays du monde et celui de nos doux farceurs qui bavassent sur la folie du protectionnisme. | |
| | | democ-soc
Nombre de messages : 2419 Age : 49 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 26 Mai 2008 - 21:58 | |
| Un petit article d'un historien que j'ai eu l'occasion d'écouter a une conférence a la Sorbonne sur l'histoire du dollar US. C'est un "libéral-protectionniste" qui n'aime guère l'OMC et son président M. Lamy...
http://www.marianne2.fr/Pascal-Lamy,-c-est-Monsieur-Prudhomme-en-plus-dangereux_a87658.html?PHPSESSID=e6c56820c55dca415f7164fb9253d2ec Pascal Lamy, c'est Monsieur Prudhomme en plus dangereux. Par Edouard Husson, historien. Le directeur de l'OMC ne se contente pas de nous asséner des stupidités. Il fait également de dangereux amalgames. Retournez à l'école, Monsieur Lamy !
Lorsqu'on s'interroge sur l'actuelle crise du système politique et institutionnel, on se dit souvent qu'il nous manque de grands satiristes, qui sachent faire rire, pour remettre à leur place les dirigeants. Il nous manque un Molière ou un Flaubert pour dénoncer le galimatias des Diafoirus qui peuplent les hautes fonctions et la bêtise de tant de déclarations d'experts. J'ai d'abord été pris d'un irrésistible fou rire à la lecture de l'interview donnée par Pascal Lamy au journal "Libération" le vendredi 23 mai 2008. Monsieur Homais, le sentencieux pharmacien du roman de Flaubert, incorrigible optimiste, était là, devant nous, avec toute la modestie qui le caractérise : « Je suis, selon les moments, sage-femme, chien de berger, monsieur météo ou chef d'orchestre». Le XIXè siècle avait inventé le personnage de Joseph Prudhomme, dont l'une des caractéristiques était de combiner les images les plus incompatibles (« le char de l'Etat nage sur un volcan »). Qu'on en juge, dans la version 2008 : « Je suis passé par l'univers solide (l'administration française), l'univers liquide (la communauté européenne) pour rejoindre un univers gazeux (l'institution internationale). ». Que Monsieur Lamy soit encore en forme après de telles expériences relève du prodige et il tient à nous le faire savoir : « Produit de Paris et de son système napoléonien centralisé ; passé par Bruxelles, vaisseau spatial institutionnel bourré d'énergie, j'ai atterri dans un monde où il est plus difficile d'agréger des molécules. » Comme chez Homais ou Joseph Prudhomme, la culture est quelquefois approximative : « C'est un travail de Pénélope», nous explique-t-il, sans doute parce que trois images ou expressions se bousculent en son esprit fertile : la toile de Pénélope (qui impliquerait que Monsieur Lamy déferait la nuit ce qu'il tisse le jour) ; le travail de titan (mais il ne va quand même pas se présenter aux lecteurs de Libé comme le géant qu'il est, à eux de le deviner) ; et le rocher de Sisyphe (mais cela impliquerait qu'il fait un métier absurde). J'entends d'ici le lecteur indigné de ma chronique, qui m'accusera de n'avoir pas compris l'humour de Monsieur Lamy. Qu'on en juge : « Et quand je parle avec le président du Brésil, ce qui l'intéresse, ce n'est pas de savoir si les produits spéciaux dans l'agriculture sont basés sur la racine carrée des produits sensibles, c'est de savoir si Bush va bouger, si l'Inde avance ». J'y vois pour ma part du comique involontaire, car Monsieur Lamy nous trahit la vérité sur son travail : il met en place des règles qui sont aussi adaptées à l'économie mondiale que si l'on se préoccupait de la « racine carrée des produits sensibles ». Comique involontaire, toujours, lorsque notre homme explique :" La notoriété de l'OMC est encore meilleure que son image ». Avec une communication comme la sienne, ce n'est pas étonnant. Pascal Lamy serait à mourir de rire, s'il n'abordait pas des sujets graves On pourrait en rester au rire mais les sujets touchés sont si graves que la consternation et même la colère ne sont jamais très loin pour le lecteur. Il est sidérant et révélateur à la fois que le « patron de l'OMC » (écoutez ce mot, «patron », utilisé par Libé dans son chapeau, plutôt que directeur) révèle comme il le fait l'inconscience des élites mondialistes : « La crise alimentaire touche les Philippines ou le Kenya mais pas les pays développés ». Nous nous réjouirons de manger à notre faim, à la différence des pays pauvres . Mais, tenons-le nous pour dit, tout cela n'est que provisoire : « Ce ne sont pas la France et la Suisse qui vont nourrir le monde, c'est l'inverse ». Comme on ne voit pas comment les pays pauvres nous nourriront dans le système actuel, c'est donc que Monsieur Lamy nous imagine, nous Européens, un jour dépourvus des ressources alimentaires nécessaires. La logique inconsciente de ses déclarations est toute soviétique (mieux vaut la pénurie organisée pour tous que l'accès progressif des uns et des autres à la prospérité) mais cela ne nous étonnera pas d'un homme qui explique que si le libre-échange ne marche pas encore, c'est parce que l'on ne l'a pas encore assez appliqué. On disait la même chose du communisme dans les années 1960. Au fur et à mesure de l'interview, Monsieur Homais devient grandiloquent : «Il n'y a pas de déterminisme de la crise. Les hommes ont les clés en main», ajoutant : « D'un ccôté, le Programme alimentaire mondial appelle à mobiliser 750 milliards de dollars pour éviter les émeutes de la faim ; de l'autre les banques centrales injectent des milliards de dollars pour stabiliser des banques qui ont joué avec le feu… ». Rien ne choque Monsieur Lamy dans tout cela mais le journaliste se sent obligé d'intervenir, car la disproportion est un peu grosse. Réponse de l'intéressé : « On peut toujours comparer »… Le scandaleux amalgame entre protectionnisme et xénophobie Mais pourquoi diable Libération entre-t-il pourtant dans le jeu de son interlocuteur ? Au point de faire de l'assimilation entre protectionnisme et xénophobie - pratiquée par Monsieur Lamy (« Je ne connais aucun protectionnisme qui ne porte une dose de xénophobie et de nationalisme ») dans un amalgame non seulement scandaleux mais faux historiquement - le titre de l'article ! « Dans les années 1930 », nous explique cet homme qui visiblement n'a jamais suivi un cours d'histoire économique, « l'effet domino de pratiques protectionnistes consécutif à la crise financière,et mêlé à la xénophobie, a, parmi d'autres causes, conduit à la guerre mondiale ». C'est absurde et c'est faux :
1. la crise américaine de 1929 est née d'une création inconsidérée de liquidités papier par les Etats-Unis, qui avaient cassé le système monétaire international en thésaurisant une partie de l'or qu'ils détenaient pour multiplier les billets verts en circulation - analogie frappante avec ce que nous vivons, le triplement de la masse monétaire américaine sous George W.; 2. la crise européenne de 1931 est née de l'incapacité des Européens, après la Première Guerre mondiale, à rétablir le libéralisme équilibré qui avait prévalu avant 1914, fondé sur la stabilité monétaire et un protectionnisme modéré. 3. C'est par le retour à un taux de change réaliste de sa monnaie et à un protectionnisme modéré que la Grande-Bretagne a pu, dans les années 1930, refaire ses forces et être en mesure d'affronter le nazisme. On ne comprend pas la résistance churchilienne sans un pays qui a refait ses forces dans les années 1930. 4. Comme beaucoup de chantres du libre-échange, Monsieur Lamy pratique un amalgame absurde entre l'autarcie nazie et le protectionnisme. Le nazisme est né du nationalisme, du racisme, de l'antisémitisme et il a eu l'ambition de tuer toute économie libérale, même réaliste, en coupant complètement son pays des échanges internationaux et en étatisant l'agriculture et l'industrie. Rien à voir avec le protectionnisme des Etats-Unis après la Guerre de Sécession ou de l'Allemagne à partir de Bismarck, sur lequel ces deux pays ont fondé leur puissance industrielle ultérieure. Qui reprochera à Roosevelt d'avoir d'abord songé, entre 1933 et 1941, à refaire les forces de son pays ? Ou bien Monsieur Lamy veut-il confondre Roosevelt et Mussolini, Churchill et Hitler ? 5. « C'est sur le « plus jamais ça » d'après-guerre que s'est bâti le système actuel » nous explique encore Monsieur Lamy qui semble ne rien comprendre au monde dans lequel il vit. Les échanges commerciaux des Trente Glorieuses étaient fondés sur la stabilité monétaire (et donc sur une répartition équilibrée des investissements et du crédit) ; les Etats-Unis et l'Europe pouvaient pratiquer le libre-échange qui est une très bonne chose lorsqu'il existe entre pays de développement équivalent. Que Monsieur Lamy relise Adam Smith et il y lira que le libre-échange est inconcevable hors de la stabilité monétaire (elle n'existe plus depuis 1971) et entre des pays dont où les salaires connaissent des différentiels trop importants (ce qui est le cas dans l'actuelle mondialisation). On a toutes les raisons de rire de la pédanterie et de l'inculture de Monsieur Lamy. Mais l'envers de son inconscience face aux vrais problèmes du monde, ce sont des centaines de millions de destins brisés partout dans le monde par une politique économique qui apparaîtra un jour aussi inadaptée que celle de feu l'Union Soviétique. Et l'on frémit quand on se souvient que Pascal Lamy était l'un des premier-ministrables de Ségolène Royal. La gauche est décidément aussi mal en point, idéologiquement, que la droite. | |
| | | yann 35
Nombre de messages : 8789 Age : 47 Localisation : France Date d'inscription : 18/05/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 26 Mai 2008 - 22:29 | |
| Je suis pour une relocalisation des échanges qui est une sorte de protectionnisme en faveur de l'économie locale mais surtout en faveur de l'environnement... mondial. | |
| | | johanono
Nombre de messages : 3617 Age : 42 Localisation : Mayenne Date d'inscription : 24/08/2008
| Sujet: Re: Le protectionnisme Dim 24 Aoû 2008 - 18:53 | |
| Il faut être lucide : il y contradiction entre la défense d'un modèle social et la défense de la mondialisation.
La mondialisation est traditionnellement présentée par ses zélateurs comme la conséquence directe du progrès technique. Ainsi, puisque l’on n’arrête pas le progrès, on ne pourrait pas empêcher la mondialisation. À défaut d’enrayer ce processus, il faudrait donc s’y adapter. En réalité, invoquer la fatalité masque une résignation face aux dérives actuelles (« que voulez-vous, on ne peut rien y faire, c’est la mondialisation »...) et évite de se poser les bonnes questions. Car la mondialisation ne résulte en rien du progrès technique. Même si les transports sont devenus plus aisés, même si Internet et les satellites ont révolutionné les communications, une marchandise produite à l’autre bout du monde doit quand même pénétrer physiquement en France pour y être vendue. Quand un avion atterrit à Roissy, quand un camion franchit la frontière, quand un navire accoste au Havre, on peut facilement savoir d’où il vient et ce qu’il transporte. Ce n’est pas le progrès technique qui empêche nos douanes de contrôler les marchandises importées en France, voire de les saisir, mais un manque de volonté politique.
La mondialisation n’est pas une fatalité, mais un choix politique : le choix du libre-échangisme, décidé dans les cadre des accords successifs du GATT et de l'OMC, et consistant en une suppression progressive des barrières douanières et du contrôle des changes. Ainsi, toutes les entreprises de tous les pays du monde peuvent désormais écouler leur production partout dans le monde, du fait même de la suppression des barrières douanières. C’est cela, la mondialisation : rétablissons les barrières douanières, et la mondialisation ne sera plus.
De fait, toutes les entreprises du monde se retrouvent en concurrence entre elles. Dans ce contexte, afin de demeurer compétitives, elles sont conduites à s’installer dans les pays qui leur offrent les coûts de production les plus faibles, c’est-à-dire ceux qui proposent la main-d’œuvre la moins chère et la législation sociale la moins contraignante. La suppression des barrières douanières leur laisse une entière liberté de choix, puisque quel que soit leur implantation, elles pourront écouler leur production partout dans le monde. Tous les pays du monde se retrouvent alors en concurrence pour attirer les investisseurs. C'est ainsi qu'il existe entre tous ces pays une course à l'assouplissement de toutes les législations sociales et une course à la baisse des impôts. Non seulement la concurrence internationale conduit à renoncer à des acquis sociaux supplémentaires, mais elle conduit même à l’abandon progressif des acquis sociaux existants, à travers le démantèlement progressif de nos services publics et de notre protection sociale.
Malheureusement, ou heureusement, la France ne sera jamais aussi compétitive que la Chine en terme de coûts de production. Cette politique de casse sociale n'empêche donc nullement les délocalisations. Les différents ministres confrontés à des fermetures d’usines ont beau jeu de fustiger ces délocalisations, de dénoncer les patrons voyous, et de promettre une reconversion du site, mais leurs promesses démagogiques et leurs propos indignés, la main sur le cœur, n’y changeront rien tant que le mondialisme actuel ne sera pas remis en cause.
La mondialisation est fondamentalement inconciliable avec la défense des acquis sociaux et d'un Etat providence. Il serait bon de le comprendre... | |
| | | pourleboss
Nombre de messages : 3430 Age : 70 Localisation : 69100 VILLEURBANNE Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Dim 24 Aoû 2008 - 19:22 | |
| alain bertier : 21 mai 12h06... Bin, j'suis assez d'accord avec les propos d'alain. Du coup, je suis plutôt pour un protectionnisme raisonné: temporisé à la fin d'une crise par exemple. | |
| | | Alain BERTIER
Nombre de messages : 2692 Age : 85 Localisation : DREUX Date d'inscription : 07/12/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Dim 24 Aoû 2008 - 23:37 | |
| La mondialisation sans aucune limitation est déjà terminée; nous en sommes déjà à une mondialisation des pénuries de toutes sortes causées par le rève universel de croissance du PIB. | |
| | | pourleboss
Nombre de messages : 3430 Age : 70 Localisation : 69100 VILLEURBANNE Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 25 Aoû 2008 - 5:20 | |
| OK... mais la croissance du PIB ne cesse pas... Suffit de baisser la barre actuelle. Pourquoi galoper après les autres plutôt qu'aller à un rythme raisonnable ?... | |
| | | johanono
Nombre de messages : 3617 Age : 42 Localisation : Mayenne Date d'inscription : 24/08/2008
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 25 Aoû 2008 - 8:03 | |
| Il ne s'agit pas de galoper après les autres. Quand on compare la croissance européenne à celle des pays asiatiques ou sud-américains, on en déduit que les pays européens sont déjà à un rythme plus que raisonnable. Personne en France ne songe à rattraper la croissance chinoise. La question qui se pose, en France et en Europe, c'est simplement : comment avoir suffisamment de croissance pour créer des emplois, donner ainsi du travail aux chômeurs et compenser les destructions d'emplois occasionnées par la mondialisation. | |
| | | Alain BERTIER
Nombre de messages : 2692 Age : 85 Localisation : DREUX Date d'inscription : 07/12/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 25 Aoû 2008 - 9:08 | |
| - johanono a écrit:
... La question qui se pose, en France et en Europe, c'est simplement : comment avoir suffisamment de croissance pour créer des emplois, donner ainsi du travail aux chômeurs et compenser les destructions d'emplois occasionnées par la mondialisation. C'est en abordant le problème par cette question, approche traditionnelle des politiciens, que l'on échoue pendant 25 ans quelques soient les gouvernements. La croissance n'est pas un gros nuage planant sur le monde et qui déclenche au hasard les pluies bénéfiques sur les nations, mais le résultats de politiques qui en ont précédemment créé les conditions. Pour une économie équilibrée, la croissance résulte d'investissements productifs pour les activités existantes et de création de nouvelles activités. Une nation qui est enchaînée par ses déficits ne peut entreprendre ancune action sérieuse sur la croissance, ni même espérer la contrôler. Nous sommes au degré zéro de la gestion, celle où les déficits décident pour vous. | |
| | | yann 35
Nombre de messages : 8789 Age : 47 Localisation : France Date d'inscription : 18/05/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Dim 26 Avr 2009 - 18:13 | |
| Voilà qui devrait beaucoup plaire à johanono mais beaucoup moins aux libre-échangistes du MoDem : https://www.dailymotion.com/video/x93hks_francois-bayrou-convention-thematiq_news Quand FB parle de "convergences" et de développement des pays africains grâce à une réappropriation de leurs ressources, qu'on ne s'y trompe pas, FB parle bien de transition et de décroissance pour les pays les plus riches dont la France. | |
| | | Prouesse
Nombre de messages : 2869 Age : 40 Localisation : La Madeleine Date d'inscription : 29/02/2008
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 27 Avr 2009 - 20:30 | |
| Zut, je m'attendais à une vidéo X de Bayrou échangiste Le lien ne marche pas. | |
| | | yann 35
Nombre de messages : 8789 Age : 47 Localisation : France Date d'inscription : 18/05/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Mar 28 Avr 2009 - 8:48 | |
| C'est le récent discours de clôture à Hérouville Saint-Clair, visible sur le site officiel du MoDem. | |
| | | democ-soc
Nombre de messages : 2419 Age : 49 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 2 Mai 2011 - 16:17 | |
| j'exhume ce topic... Un entretien avec Jacques Sapir, l'un des economistes partisan du protectionnisme: Protectionnisme communautaire ou national ? Et la version longue ici: Jacques Sapir : "Je suis démocrate donc souverainiste" | |
| | | signora
Nombre de messages : 17200 Localisation : lyon Date d'inscription : 15/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 2 Mai 2011 - 16:45 | |
| Si j'étais courageuse je lirai ... mais je crois que je suis irrécupérable ... depuis le temps que vous m'expliquez ... | |
| | | democ-soc
Nombre de messages : 2419 Age : 49 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 2 Mai 2011 - 16:47 | |
| - signora a écrit:
- Si j'étais courageuse je lirai ... mais je crois que je suis irrécupérable ... depuis le temps que vous m'expliquez ...
Bah, le 1er lien n'est pas tres long. Le 2e, c'est 6 pages de A4. Mais ca se lit bien. | |
| | | signora
Nombre de messages : 17200 Localisation : lyon Date d'inscription : 15/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 2 Mai 2011 - 16:49 | |
| Je vais boire mon thé, c'est presque 5 heures, et je m'y colle ... à la première partie ! | |
| | | pourleboss
Nombre de messages : 3430 Age : 70 Localisation : 69100 VILLEURBANNE Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Lun 2 Mai 2011 - 17:11 | |
| Je ne suis pas pour un protectionnisme qui couvrirait autre chose que la France. Le point qui pousse à ce protectionnisme (un emmitouflage) est lié aux folies de l'Euro, à l'impossibilité de faire autre chose que d'emprunter à des banques privées qui spéculent sur le taux d'intérêt de l'emprunt et étranglent les états comme elles étranglent tout le monde.
Donc un protectionnisme français avec un grand coup de bâton sur la tête de mule des banquiers. | |
| | | democ-soc
Nombre de messages : 2419 Age : 49 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Mer 4 Mai 2011 - 8:38 | |
| Quand Le Monde parle protectionnisme... Comme quoi tout arrive. "En campagne, Montebourg prône la "démondialisation" La tonalité des commentaires change aussi: il y a quelques années, je suis certain que le meme article aurait déclenché des railleries chez l'abonné-commentateur moyen du Monde. | |
| | | signora
Nombre de messages : 17200 Localisation : lyon Date d'inscription : 15/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Mer 4 Mai 2011 - 9:24 | |
| Ce matin Montebourg a tenu des propos identiques invité sur RMC par JJBourdin. Interessant. A noter qu'il ira bien aux primaires socialistes confronter ses idées avec celles de DSK. Selon lui, les candidats actuels se proposent de gérer la mondialisation alors que ses propositions consistent à se préserver de la mondialisation. Un auditeur fait remarquer que NDA tient quasiment les m^mes propos ... | |
| | | democ-soc
Nombre de messages : 2419 Age : 49 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Le protectionnisme Mer 4 Mai 2011 - 9:41 | |
| A ceci pret que Montebourg reste un socialiste: le protectionnisme européen est celui de taille optimale, mais que fait-on en cas probable de veto allemand? Dupond Aignan est pret a aller jusqu'au bout, Montebourg, c'est moins clair. | |
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| Sujet: Re: Le protectionnisme | |
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