mardi 5 février 2008
Où l'on apprend que, en Grande Bretagne, l'endettement des ménages est plus grave que celui de l'Etat
Mardi 05 Février 2008 - France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain.
Les Français, ne cesse-t-on de dire, sont trop endettés : mais il s’agit d’une dette publique qui représente (quand même) 64% du PIB. Au Royaume Uni, en revanche, comme aux Etats-Unis, comme en Espagne, ce sont les ménages qui sont endettés : la dette moyenne des ménages représentait en 2007, tout compris, y compris le crédit hypothécaire, 108% du revenu de ces mêmes ménages, contre 85% il y a cinq ans. La Grande Bretagne vit à crédit. L'endettement personnel des ménages britanniques représente les deux-tiers de la dette des ménages de l'Union Européenne.
On peut parler de «drogués du crédit » dans la mesure où la carte de crédit est reine, où tous les commerçants vous poussent à acheter à crédit, où même les banques, jusqu'à récemment, poussaient à s'endetter. Mais depuis la crise des « subprimes » américains, et la quasi faillite de la banque «Nothernrock» - dont la dette représentait tout de même quatre fois la dette du Crédit Lyonnais - sauvée par les pouvoirs publics, les banques britanniques commencent à serrer la vis aux clients les plus risqués, c'est à dire les plus pauvres.
On leur retire leur carte de crédit. La banque britannique en ligne Egg a décidé d'annuler dans les semaines qui viennent 160 000 cartes de crédit, soit de couper le crédit à 7% de ses clients. Ces 7% sont évidemment les moins aisés. Ainsi la crise est arrivée par les pauvres (les pauvres gens à qui on a fait miroiter des appartements qu'ils pouvaient acheter sans rien parce que la valeur de ces appartements allait augmenter) mais elle leur retombe dessus.
La différence entre dette privée et dette publique est énorme. L'Etat (la dette publique) n'a pas le même horizon de vie qu'un ménage ou qu'un individu. Les gouvernements passent, les ménages passent, mais l'administration reste, et avec elle, le fisc, qui rembourse la dette. C'est pourquoi la dette publique apparaît, à montant égal, moins dangereuse que la dette privée.